Au lendemain du suicide de Laurent Pinquier, distributeur de presse à Ménilmontant, le conseil de gérance de Presstalis (anciennement NMPP) a décidé de l’octroi d’une «aide financière exceptionnelle d’un montant de 500 000 euros pour les marchands parisiens». Bertrand Delanoë avait pour sa part, à l’occasion de ses vœux à la presse de janvier, annoncé deux types d’aides, mais pour les kiosquiers.
Le communiqué du 3 février de Presstalis évoque «les tensions sociales au sein de la filiale SPPS» qui «ont affecté pendant trois semaines la livraison des points de vente de Paris et de sa proche couronne» mais aussi «les sévères intempéries qui ont perturbé les plans de secours mis en œuvre à cette occasion».
Aussi, les gérants de Presstalis «ont décidé d’une aide financière exceptionnelle d’un montant de 500 000 euros pour les marchands parisiens» et «réaffirmé l’absolue nécessité d’avancer sur les chantiers des réformes métier, et plus particulièrement sur l’assortiment».
Fin janvier, à l’occasion des vœux à la presse, Bertrand Delanoë avait annoncé deux mesures: une aide financière exceptionnelle de 200000€ au Centre d'Entraide Parisien de la Presse et de l'Edition, à charge pour lui de la répartir «de manière équitable» entre «tous les kiosquiers parisiens», et la possibilité de «pratiquer des activités de vente hors presse», comme des titres de transports RATP, des produits dérivés Paris-Plages, des cartes de stationnement ou des guides touristiques (communiqué Ville de Paris à lire ici).
Les mesures annoncées par le maire de Paris, si “équitables” qu’elles soient, étaient doublement restrictives. D’une part elles s’adressent aux kiosquiers, et pas aux autres marchands de presse, comme l’était Laurent Pinquier, qui ne sont pas du tout régis par la Ville mais sont des commerçants à part entière (indépendants), avec davantage de charges; d’autre part elles ne sont tournées que vers les kiosquiers de Paris, alors que les trois semaines de grève ont aussi perturbé onze communes limitrophes. Bertrand Delanoë est le maire de Paris et fait un geste vis-à-vis de “ses“ 341 points de vente, comme il avait fait en 2009 en décidant un moratoire sur la redevance, sans s'occuper de ce qui se passe de l'autre côté du périphérique. C'est aux autres maires ou présidents de conseils généraux de le suivre, ou pas, sur ce point.
La mesure annoncée par Presstalis arrive tard. Trop tard pour Laurent. Et dans une période de crise profonde pour tous les distributeurs de Paris.
Par exemple, sur la capture d’écran ci-dessus réalisée sur le site de l’Argus des commerces (rubrique vente librairie papeterie presse), un magasin de 45m2 à deux pas de la Place Daumesnil, dans le 12e arrondissement de Paris, ne fait qu’un chiffre d’affaires de 25000€ annuels (pour un loyer hors charges de 503€/mois). Dans le même temps, le même commerce dans les landes, d’une superficie de cent mètres carrés, coûte 550€HT de loyer par mois pour un chiffre d’affaires annuel de… 86000€ (annonce à consulter ici tant que le commerce n’est pas cédé).
Reprendre le commerce de Paris revient donc à gagner moins que le SMIC, en travaillant a minima six jours par semaine, une fois les diverses charges payées.
Or les points de presse avec des murs autour sont aussi des lieux de convivialité, au même titre que les salons de coiffure (où l'on se rend moins souvent) et que les cafés, que les durcissements des lois antitabac ont fait fléchir, surtout l'hiver.
Fabien Abitbol, ill. capture d’écran de l’Argus des commerces (cliquer pour agrandir)
A consulter:
Les pages locales du Parisien du 09 février, jour des obsèques de Laurent Pinquier. Le sujet concernant Laurent (étrangement appelé “buraliste”) se trouve en page III.
Laurent parti, les hommages continuent (sur Ménilmontant Solidarités, photo prise le 10 février)
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