Ménilmontant, mais oui madame...

Harlem Désir dénonce le « mépris » du pouvoir pour l'Europe

Le député européen Harlem Désir (PS), tête de liste aux européennes pour l’eurorégion Ile-de-France, a qualifié de signe de mépris le maintien au gouvernement de Michel Barnier annoncé ce matin sur Radio J par Claude Guéant (secrétaire général de l’Elysée), jusqu’à l’issue de la campagne électorale. Il était l’invité de Internationales, l’émission animée par Xavier Lambrechts (TV5MONDE), Bruno Daroux (RFI) et Annick Cojean (Le Monde) en fin d’après-midi (18h10, heure de Paris).

« Ce matin Claude Guéant nous annonce que Michel Barnier restera ministre jusqu'à la fin la période de la campagne électorale donc le quartier général de la campagne est à l'Elysée, les ministres-candidats vont continuer à faire campagne depuis leur ministère », a déclaré Harlem Désir, au sujet notamment de Michel Barnier et de Rachida Dati, respectivement tête de liste et deuxième sur la liste de l’Ile-de-France. « Résultat, ils ne s'occupent pas bien de leurs dossiers ministériels » et « en même temps ils ne font pas la campagne », a déploré l'eurodéputé.

Après une audience infructueuse au ministère de la Justice jeudi, le personnel de l’administration pénitentiaire appelle au blocage des prisons à partir de lundi. Même la nouvelle prison de la banlieue Est de Lyon devrait être surpeuplée début 2010, avec 900 occupants pour 690 places… toutes en chambres d’une personne. La ministre de la Justice était occupée ce week-end au mariage religieux du duc de Vendôme, comme le rappelle dans sa chronique mondaine de La Tribune de Genève le Français Stéphane Bern, spécialiste en matière de têtes couronnées. Place Vendôme, duc de Vendôme, meetings électoraux, difficile de s'occuper de tout.

Mardi, une fois que le nouveau chef de la diplomatie israélienne aura été reçu à l’Elysée, Nicolas Sarkozy se préparera à livrer sa vision de l’Europe, à Nîmes, officiellement sans prendre parti pour l’UMP. Mais les tracts aux couleurs de l’UMP montrent son visage. Pour les deux ans de son élection, il fallait bien ça…

F. A., photo : parlement européen

è Les archives de l’émission (sélectionner la date du 3 mai 2009-Harlem Désir)

Delanoë se refuse à Besson

Contrairement à ce que Libération a affirmé ici, Bertrand Delanoë a indiqué qu’il n’avait aucune intention de se rendre lundi soir au ministère de l’Immigration, à l’invitation d’Eric Besson, qui y organise une soirée à laquelle il convie des natifs de Tunisie, a indiqué l’entourage du maire de Paris.

« Bertrand Delanoë n'a pas l'intention d'aller au ministère. Il a été convié à un hommage aux immigrés tunisiens. Dans un premier temps, il était prêt à y passer. Quand il a constaté que cela se déroulait au ministère - l'exploitation politicienne du rendez-vous se trouvant avérée - il a décidé de ne pas y aller du tout », a-t-on auprès de Bertrand Delanoë. Né en 1950 à Tunis, le maire de Paris n’a d’ailleurs rien d’un « immigré » : ses arrières-grans-parents paternels sont bretons (de Saint-Malo) puis sont partis pour Saint-Pierre et Miquelon (lire ici) avant de s’installer en Tunisie. Comme rappelé là, le petit Bertrand avait une grand-mère italienne, une autre anglaise et deux grands-pères français…

Cette dépêche de l’AFP, dans laquelle Eric Besson  confirme certains faits sans tout commenter, parle d’une « interview à paraître dans le Journal du dimanche ». En réalité, il s’agit de cette interview publiée samedi dans la première édition du JDD, et qui précise que le ministre réunira une « quarantaine de personnes venues de Tunisie », sans bien dire s’il s’agit d’« immigrés », pour leur exprimer « que la France sait ce qu'elles lui ont apporté ».

Le ministre de l’Immigration cite néanmoins cinq noms : l'économiste Jean-Paul Fitoussi, les acteurs Claudia Cardinale et Michel Boujenah, le producteur Tarek Ben Amar et le footballeur Hatem Ben Arfa. Si Tarek Ben Amar a la nationalité tunisienne, le footballeur de l’Olympique de Marseille, lui, possède la double nationalité (il avait été approché par Roger Lemerre en 2006 pour jouer avec l’équipe de Tunisie, mais a préféré se réserver pour la France, pour qui il a participé à la sélection de l’Euro 2008, sans faire partie des 23 sélectionnés). Quant à Claudia Cardinale, jusqu’à plus ample informé, elle est restée italienne… MM. Boujenah et Fitoussi ne sont « que » français. Nobody's perfect.

Fabien Abitbol

Jacques Brel, un an après…

L’ancienne chaîne de la Mairie de Paris et de la Lyonnaise des eaux, devenue une filiale à  100 % du goupe M6 (à vocation culturelle), Paris Première, rediffuse ce soir une partie du programme du 9 octobre 2008 en hommage à Jacques Brel, né voici 90 ans. La chaîne repasse un documentaire réalisé un an après son décès en banlieue parisienne suivi d’une émission présentée par Guy Lux. En octobre dernier, à l’occasion des trente ans de sa disparition, divers événements avaient eu lieu.

« Nous les artistes », de Catherine Dupuis, relate en 75 minutes la vie de Brel au travers de témoignages et d'images archives de quelques-unes de ses plus mémorables prestations scéniques. Jacques Brel a eu plusieurs vies. Marié, père de famille dans sa Belgique natale, il plaque tout pour devenir chanteur à Paris. Malgré le succès (ou à cause…), il finit aussi par quitter la scène pour faire carrière au cinéma, avant de s'établir dans le Pacifique (voir ici le chapitre qui lui est consacré sur le blogue Les Marquises, et notamment l’inauguration de l’aéro-club, sa bénédiction traditionnelle, ou la commémoration du trentième anniversaire ici et là).

Un an après la mort de Brel, la réalisatrice Catherine Dupuis réunissait ses proches pour composer un portrait de cet artiste tourmenté, qui cherchait à atteindre… l’inaccessible étoile.

• Nous les artistes, Jacques Brel, de Catherine Dupuis

Paris Première (TNT, câble, satellite)

Samedi 2 mai, 22h15 (1979, son mono, 78 minutes)

Rediffusions annoncées dimanche 10 mai à 18h45 et mercredi 13 mai à 13h40

Le « Palmarès des chansons » diffusé dans la foulée est la dernière émission télévisée dans laquelle l’artiste se laisse interviewer au moment de son dernier tout de chant (qui eut lieu à l’Olympia du 6 octobre au 1^er novembre), puis son départ pour Les Marquises. C’est l’émission dans laquelle il apparaît en peignoir sur scène (et des chaussettes), balbutiant timidement « Je vous remercie … parce que cela justifie quinze ans d'amour ».

Dans cette réalisation de Roger Pradines, Brel interprète quelques-unes de ses plus célèbres chansons, dont Ne me quitte pas, Amsterdam, Mathile, Ces Gens-là, Jef, Les Bonbons ou La Chanson de Jacky, disponible partiellement dans la rubrique chansons du site de l'INA.

Juliette Gréco et jean Poiret faisaient partie des invités de l’émission.

• Le Palmarès des chansons, Jacques Brel, 10 novembre 1966

Paris Première (TNT, câble, satellite)

Réalisation de Roger Pradines, présentation de Guy Lux

Samedi 2 mai, 23h30 (1966, noir et blanc, mono, 52 minutes)

è La biographie de Brel sur la version beta de Larousse encyclopédie

è La biographie résumée sur le site des éditions Jacques Brel. Pour accéder à la biographie complète, passer la souris en haut à gauche sur « biographie », puis sélectionner les dates désirées (exemple : 1966-1968).

Partie de Belleville, la CNT rejoint les manifestants traditionnels

Tamouls et Kurdes en nombre

Renounant avec les origines de la Journée internationale des travailleurs, des militants de la Conférération nationale du travail (CNT) avaient appelé à manifester au départ de la place des Fêtes, sur les Hauts de Belleville, ce vendredi, pour un 1er Mai de lutte des classes, à partir de 11 heures. Les Kurdes demandaient la dissolution de l'Otan et les Tamouls l'apaisement au Sri Lanka. Petit tour de la manifestation parisienne.

Sur les 5 000 militants revendiqués par la CNT, ils étaient un millier selon la police, le double selon les organisateurs, à descendre la rue de Belleville, séparant le 19^e du 20^e arrondissement, et scandant « Ni Dieu, ni maître, ni patron, ni Etat ». Munis de drapeaux noirs, certains avaient des cagoules, d’autres des masques, et ils brandissaient des pancartes en papier-carton siglées «terroriste», par allusion au projet de loi prohibant le port de couvre-chef dans les manifestations.

Ils étaient accompagnés du groupe de rap lillois Ministère des affaires populaires (MAP), qui a sorti voici deux semaines Les bronzés font du ch’ti (la bande annonce de ce deuxième album est ici, durée 9 min.) et ont distribué aux passants des tracts intitulés « Après l'économie réelle, la grève réelle ? », d’après un texte qui avait circulé lors de la grève du 19 mars dernier.

« Nous pensons que ce n'est pas dans les manifestations que l'on gagnera mais plutôt sur nos lieux de travail, si tous les gens qui sont en manifestation aujourd'hui sont demain en grève générale reconductible », a expliqué à un journaliste de l’AFP Serge Panel, comédien professionnel et syndicaliste CNT.

Les militants de la CNT ont ensuite rejoint le cortège unitaire parisien à hauteur de la place de la République. Ce cortège a compté entre 65 000 manifestants (police) et 160 000 (organisateurs). Une quinzaine d’interpellations ont eu lieu peu après 20 heures. A l’arrivée à la Bastille des derniers participants, vers 20h00, en queue de cortège, on pouvait noter la présence de quelques milliers de Tamouls (5 500 selon la police), qui dénoncent depuis début avril une situation de « génocide » de la part de l'armée sri-lankaise contre les rebelles tamouls et les Tigres de l’EElam tamoul (200 interpellations avaient eu lieu voici dix jours), ainsi que des Kurdes du Maoist Leninist Komünist Partisi-MLKP (Parti communiste marxite-léniniste du Kurdistan nord, au nombre de 2000, selon la police). En prévision des Tamouls, des Kurdes et de la CNT (…mais aussi du Front national, plus habituel), le préfecture de police de Paris avait augmenté ses effectifs déployés pour la circonstance.

Dans la soirée, l’Hôtel de Ville a été brièvement occupé par des étudiants et des enseignants.

Pour sa part, Olivier Besancenot avait choisi la Guadeloupe, ne respectant pas à la lettre cet appel commun du NPA au PS ; l’anciene candidate socialiste à la présidentielle de 2007, présidente de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, avait défilé le matin auprès des salariés de l’entreprise Heuliez, à Niort (Deux-Sèvres) et n’était donc pas aux rendez-vous parisiens (ni le défilé unitaire du Premier Mai, ni l’hommage socialiste à Pierre Bérégovoy).

Minimisant les défilés, le ministre du Travail Brice Hortefeux a néanmoins estimé qu’ils dénotaient une « inquiétude compréhensible ». Pour lui, les manifestations en France ont donné lieu « à une mobilisation comparable à celle des autres pays européens ».

F. A.

è La fédération des anti-sarkozysmes (20Minutes)

è L’OTAN doit être dissout (MLKP, mars 2009)

Un homme d'honneur, fiction pudique

Soirée spéciale Pierre Bérégovoy sur France 2

Voici seize ans, le 1^er mai 1993, décédait l’ancien Premier ministre Pierre Bérégovoy. On l’avait dans un premier temps annoncé mort à Nevers (Nièvre), puis il fut transporté en direction de l’hôpital du Val-de-Grâce, et son décès fut annoncé peu avant les journaux télévisés de 20 heures, officiellement d’un suicide. Ce soir, France 2 diffuse une fiction de Laurent Heynemann, Un Homme d'honneur, qui relate les derniers mois de ce Premier ministre socialiste. L’un de ses enfants, Catherine, est, depuis mars 2008, conseillère municipale à Clichy-la-Garenne. Ce matin, à Paris comme à Nevers, des hommages étaient prévus.

Le téléfilm de ce soir n’explore pas l’éventualité d’un assassinat, échafaudée par beaucoup, et comme Yves Boisset l’avait proposé à la chaîne publique. Il s’appuie sur la thèse officielle et sur des faits historiques. Pierre Bérégovoy n'apparaît ni comme une icône ni comme un personnage corrompu.

Laurent Heynemann et ses deux co-scénaristes (l’écrivain Dan Franck et le prolifique scéraniste télé Gilles Gerardin) ont voulu faire correspondre la durée (une heure et demie) de cette fiction inédite à celle du trajet qu'accomplit en voiture Gilberte Bérégovoy de Nevers à Paris, tandis que son mari, mourant, est héliporté vers le Val-de-Grâce. Les derniers mois de son époux et du couple sont racontés par flash-back, entre Gilberte Bérégovoy et le chauffeur.

Le film évoque des cadeaux acceptés par le couple de la part de ceertains amis sulfureux du président Mitterrand. Ce film a reçu le FIPA d'argent pour la fiction à la dernière édition du Festival, à Biarritz fin janvier (voir ici la fiche de la fiction et là le palmarès).

A la suite du téléfilm de Laurent Heynemann, France 2 poursuit sa soirée spéciale avec la rediffusion de « Un Jour, un destin », où il est question d’une balle dans la tête (durée 85 minutes). Cette émission, diffusée le 9 avril 2008, s’employait à démonter la thèse de l’assassinat, donc à conforter celle du suicide. Un autre documentaire, non diffusé ce soir mais réalisé par une autre chaîne publique (France 3), faisait état de deux balles après les deux coups de feu entendus. Et accréditait la thèse de l'assassinat. A l'issue de la diffusion de ce documentaire (celui de France 3), Gérard Carreyrou, ami d'enfance de Pierre Bérégovoy, s'était étonné que l'expertise balistique et l'autopsie n'aient pas été rendues publiques.

Le tournage a démarré en août 2008 en région parisienne pour s’achever en septembre dans le Nivernais. Le groupe de presse Centre-France a mis en ligne deux vidéos, l’une généraliste (avec trois interview, durée 3 min. 40), l’autre sur les conditions du suicide, selon la première journaliste arrivée sur les lieux (Sylvie Anibal, Le Journal du Centre), de 7 min. 30.

è Béré mon ami, par Gérard Carreyrou (France-Soir du 30 avril). Ami d’enfance de l’homme politique, le journaliste a conseillé le réalisateur.

è Présentation du film de ce soir et du livre « Un Crime d’Etat » (France-Soir du 30 avril)

Un Homme d’honneur

Téléfilm de Laurent Heynemann (Fr, 2009). Scénario : Gilles Gérardin, Laurent Heynemann, Dan Franck. 90 mn. Inédit. Avec Daniel Russo (interview ici) : Pierre Bérégovoy. Dominique Blanc : Gilberte Bérégovoy. Laurent Stocker : le juge. Marc Citti : Julien.

France 2, vendredi 1^er mai 20h35

Diffusions mercredi 6 mai à 20h00 sur TÉLÉ GUYANE et à 20h35 sur TÉLÉ MARTINIQUE 20h34, 20h40 RFO TÉLÉ Wallis & Futuna