Pour Le Parisien, le généalogiste Jean-Louis Beaucarnot, dont le site est ici, a étudié les « arbres » de Bertrand Delanoë et de Françoise de Panafieu.
Chaque samedi, non sans humour mais avec sérieux, Jean-Louis Beaucarnot officie de 16 à 17h sur Europe 1, rebondissant souvent sur l'actualité. Là, c’est par écrit qu’il se penche sur les origines respectives des représentants du PS et de l’UMP à Paris.
Bertrand Delanoë, descendant de rescapés
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Le jeune Bertrand Delanoë, à l'âge de huit ans.
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Né à Tunis, fils « d’un géomètre athée et d’une infirmière catholique », Bertrand Delanoë ne compte pas un seul ancêtre parisien. Fruit d’un brassage de sangs pluriels, le maire de Paris avait une grand-mère italienne, une autre anglaise et deux grands-pères français, du Périgord et de Bretagne.
Le nom de Delanoë vient d’ailleurs des Côtes-d’Armor, dans une terre marécageuse : une « noue » ou « noé » désignait autrefois un pré humide. Ses plus lointains ancêtres connus sont de simples paysans, qui vivaient dans les villages de Saint-Elen et de Plerguer, à quelques kilomètres au sud de Saint-Malo.
Mais ces paysans avaient le goût du voyage. Ainsi l’arrière-grand-père paternel, Augustin Delanoë, quitta sa Bretagne natale pour répondre à l’appel de la mer. A 19 ans, il s’embarque sur un bateau de pêche à destination de Saint-Pierre-et-Miquelon, où il débarque sur l’île aux Chiens, la future île aux Marins.
Il s’attachera à cette terre rude battue par les vents et les flots. Il décide de s’y fixer, y loue une maison avant de retourner au pays chercher une femme. C’est le 7 mars 1874 qu’il reprendra la mer avec Françoise et leur fillette de 4 mois, à bord d’un bâtiment qui transporte du sel et des ustensiles de pêche. Le voyage devait durer un mois et demi… mais le bateau fera naufrage après avoir heurté un bloc de glace. Heureusement que passagers et équipage, embarqués dans des chaloupes, seront recueillis une demi-journée plus tard par un bateau malouin croisant dans les parages… Et voilà nos Delanoë pour un bon quart de siècle sous le climat boréal. Les archives locales montrent l’arrière-grand-père de l’actuel maire de Paris travaillant durement dans la maison « avec saline et échouerie » qu’il louait en bord de mer. Le bail lui a été consenti « pour treize quintaux de morues sèches par an, payable à la Saint-Michel ». Le couple y donnera le jour à quatre enfants avant de s’en retourner dans la baie de Saint-Malo. C’est l’un de ces enfants, Auguste, piqué lui aussi par le virus du voyage, qui partira s’installer en Tunisie, où il deviendra capitaine du port de La Goulette. Il y épousera Anita, originaire de Livourne, en Italie, dont il aura un fils, notre « géomètre athée », père de Bertrand…
Françoise de Panafieu : argent ou aluminium ?
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Françoise Missoffe, future Françoise de Panafieu, à l'âge de seize ans.
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Panafieu est le nom du mari de la candidate UMP. Le nom d’une famille bourgeoise, originaire des confins des Cévennes et de l’Aveyron, ayant donné plusieurs maires de Saint-Chély-d’Apcher (Lozère).
La chef de file de l’UMP parisienne, elle, est née Missoffe, en 1948, fille de deux anciens ministres de la Ve République, François Missoffe, et son épouse, Hélène de Mitry.
Derrière les Mitry, famille de très ancienne noblesse lorraine, on trouve les Wendel, la grand-mère de Françoise de Panafieu étant la propre fille du maître de forges d’Hayange. Et là, c’est sûr, on est dans « la haute ». Voilà Françoise de Panafieu proche parente de l’ancien patron du Medef, Ernest-Antoine Seillière, cousin germain de sa mère, de la grand-mère des Debré, de l’épouse du maréchal Leclerc, ou encore de l’ancien ministre Yves Guéna. Et, de façon un peu plus éloignée, des Polignac, des Broglie. Elle descend même, par les femmes, du roi Jean le Bon et d’une certaine Dorothée de Bruni… sans rapport aucun avec Carla. Ou encore, plus inattendu, Françoise de Panafieu est cousine par alliance du socialiste Georges Kiejman.
Voilà pour le côté « aristo », qui fait souvent dire de Françoise de Panafieu qu’elle est née avec une petite cuillère en argent dans la bouche. Mais, dans les autres branches, la petite cuillère était plutôt en aluminium.
Dans la lignée Missoffe, on remonte successivement à un ministre, un amiral, un professeur d’université et… à un bien modeste instituteur charentais.
Un homme prénommé Lubin né le jour de la Saint-Lubin et dénommé Missoffe. On ignore pourquoi car Lubin était un de ces enfants trouvés, auxquels on attribuait des noms fantaisistes. Son acte de naissance, retrouvé aux archives de La Rochelle, en 1827, le dit « enveloppé d’un drapeau (NDLR : petit drap) gris, avec un mouchoir à carreaux rouges et une faveur (NDLR : un ruban) rose ». Bref, un marmot arrivé dans le monde avec un sacré handicap social, que lui-même et ses descendants sauront magistralement remonter.
On notera enfin, toujours côté Missoffe, une grand-mère parisienne, fille d’un modeste représentant de commerce.
Source : Le Parisien, photos D.R.
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