Dénoncée (au moins) depuis juin 2007 par ce billet sur le blogue de buzz Samèrelipopette, une arme non létale « grand public » commercialisée par Taser France a fait ce matin l’objet d’un sujet sur Europe 1, qui a fait passer « le dossier » comme une exclusivité. Voici tout juste un an, le 23 janvier 2008, LCI avait traité exactement le même sujet, indiquant en sus « Faisant fi des polémiques, plus de 2 000 personnes auraient déjà commandé des Stoper, dont les premiers exemplaires seront distribués à partir du mois prochain. Parmi elles figurent évidement quelques stars françaises à qui le pistolet électrique a été présenté en avant-première lors d'une soirée VIP le 29 mars dernier ». Depuis, une liste de vingt-six personnalités avait « fuité » dans la presse.
Même si cela n'est pas une « arme » au sens où on l'entend généralement, le Stoper C2 (inférieur en puissance aux armes de la police mais largement supérieur en durée), est en vente libre, et Europe 1 a annoncé ce matin en avoir acheté. Il est néanmoins interdit de se promener avec, sans avoir obtenu au préalable une autorisation préfectorale… car il s'agit d'une arme de 6e catégorie.
Le ministère de l’Intérieur, qui donne ce jour sa conférence de presse sur la délinquance, ne l’a pas considérée comme une arme de 4e catégorie, bien que l’onde qu’elle délivre pendant trente seconde (5 secondes chez les policiers) coupe le système nerveux, empêche les muscles de réagir et neutralise l’individu… comme son grand frère qui dote les forces de l’ordre et qui est une arme de 4e catégorie ! En juin 2008, Le Canard enchaîné avait expliqué qu’il s’agissait d’une arme de 6e catégorie, et par conséquent que son port est interdit, comme le rappelle ici le site de la firme dans sa revue de presse, sous le titre « Un taser pour les particuliers ».
Lors du tir, la cartouche de l’engin disperse des petits confettis porteurs d’un numéro, afin d’identifier le Taser Stoper utilisé, ce qui permettrait que des malfrats n’en profitent pour commettre un braquage en quasi-légalité. Présenté comme destiné aux femmes (il est écrit que une femme meurt tous les DEUX jours de violences conjugales — les chiffres officiels sont de trois jours —), le Stoper C2 est aussi acheté par des médecins ou des commerciaux, affirme Europe 1. Le patron de Taser France, Antoine di Zazzo indique à la radio en avoir déjà vendu « plusieurs centaines », ce qui est mince par rapport aux deux mille commandes d'il y a un an… Prix du modèle : 499 € ainsi qu’une « formation » obligatoire délivrée par Taser France moyennant cent euros supplémentaires.
Nouveau coup de pub pour Taser France ou nouvelle occasion de remettre sur le tapis le débat de ces armes contre lesquelles des personnalités aussi diverses que Martine Aubry (qui voit débarquer les huissiers) ou Olivier Besancenot (qui gagne en justice contre la société qui commercialise le Taser) se battent ? Dans les deux cas, il s’agit de médias proches du pouvoir (LCI, du groupe Bouygues, Europe 1, du groupe Lagardère) ; dans les deux cas, ça se passe au moment de la conférence de presse du ministère de l’Intérieur sur les statistiques de l’année écoulée…
Pour écouter le reportage de Guillaume Biet pour Europe 1 au journal de 7h de ce matin, cliquer ici.
Un taser ?...je croyais que c'était un épilateur...ça fait les deux ?
Rédigé par : Pupuce | 19/01/2009 à 16h14
ça fait SURTOUT que Europe1, ce midi, a fait beaucoup jaser, faisant de nouveau croire à une exclusivité… et personne pour les contredire. chacun dans sa bulle !
ils vont remettre ça ce soir à 18h, avec comme invités le patron de TaserFrance et un responsable syndical policier, insistant encore sur le caractère de l'« enquête exclusive ».
heureusement qu'il y a plus de cinq millions d'auditeurs sur cette radio du "frère" du président, par ailleurs marchand d'armes.
Rédigé par : Fabien | 19/01/2009 à 17h02
j'ai écouté cette émission à 18H… apparemment, pas mal d'« armes » défensives se baladent en France.
j'ai appris qu'il existait des armes à poivre (qui rendent aveugles), des taser "light", etc…
les policiers sont perplexes…
Rédigé par : Pupuce | 19/01/2009 à 21h20
Je ne pouvais pour ma part pas l'écouter.
Je suis conscient qu'il n'y a pas que le marque Taser (SMP Technologies) sur le marché en France, et qu'il n'y a pas que l'électricité, mais aussi, par exemple, le gaz et le poivre.
Néanmoins, ce que je ne comprends pas (et surtout n'admets pas), c'est que, pour nous faire passer de mauvais chiffres sur la délinquance, on fasse de la pub sur une marque tant décriée de par le monde, sous couvert d'« exclusivité », en ressortant un sujet déjà traité par LCI, Le Canard, etc…
Et la ministre de l'Intérieur qui crée une commission de réflexion pour voir à classer ces armes… alors qu'elles le sont déjà.
J'ai écouté du matin 7h jusque vers 17h, c'était déjà beaucoup. Trop.
Rédigé par : Fabien | 20/01/2009 à 08h25