Elle avait aussi posté des lettres depuis Bercy !
Après deux ans de cavale, une ancienne psychiatre parisienne, qui avait harcelé des habitants des Côtes-d’Armor, a été interpellée mercredi. Et internée.
Les psychiatres aussi pètent les plombs. Après deux ans de cavale, Marie-Annick Bourges, une ex-praticienne parisienne de 51 ans domiciliée sur l’avenue des Champs-Elysées, vient d’être internée. Recherchée pour « violences volontaires et outrage à magistrat », elle a été interpellée mercredi, rue Villedo (1er), par la brigade de recherches de la gendarmerie de Paris après avoir été reconnue sur des images de vidéosurveillance d’un centre d’appels téléphoniques.
C'est dans cette rue du centre de Paris que la psychiatre a été repérée. Sur les milliers de lettres qu'elle avait postées, pour la plupart timbrées, certaines venaient de l'Est parisien. Il y en avait pour tous, du simple citoyen breton au président de la République en passant par les députés.
Photo : Le Parisien
Une prouesse des enquêteurs car, depuis deux ans, la dame était devenue un as de la cavale. Elle n’utilisait ni carte bleue ni téléphone portable. Elle dormait dans des halls ou des placards d’immeuble, portait souvent une perruque, changeait plusieurs fois de vêtements par jour…
Elle disait détenir un secret d’Etat
Depuis 2003, Marie-Annick Bourges avait inondé des habitants de Guingamp ville des Côtes-d’Armor où elle possède une maison de milliers de courriers considérés comme « diffamants, outrageants et même pornographiques » par la justice. Elle aurait même écrit à 3 000 avocats, 3 000 médecins, 577 députés ainsi qu’au… président de la République. Le 26 mai 2005, elle confiait d’ailleurs à Jacques Chirac détenir « un secret d’Etat ». Secret qu’un agent secret lui aurait révélé… « Elle assurait être en danger de mort, explique un enquêteur de la brigade de recherche de gendarmerie de Paris. Mais aucun élément factuel n’a jamais confirmé ce délire paranoïaque. »
En attendant, ce corbeau en blouse blanche traitait bel et bien une restauratrice de Guingamp de « criminelle de type diabolique » et de « vampire », prétendait que des notables se livraient à du tourisme sexuel, que des femmes étaient des prostituées… Autant de diffamations qui entraîneront de nombreuses plaintes. En 2006, Marie-Annick Bourges sera internée en Bretagne. Elle s’évadera par la fenêtre quelques semaines plus tard. Traquée, elle parviendra à échapper aux forces de l’ordre pendant deux ans, parfois grâce à la complicité de « patients sous son emprise » dixit un enquêteur, qui l’hébergeront ou la financeront.
« Nous avons mis de gros moyens en œuvre pour retrouver cette femme très intelligente en raison de l’ampleur du préjudice moral subi par les victimes », explique un gendarme. Un des collègues parisiens de Marie-Annick Bourges se rappelle d’une psychiatre « petite, brune, aux cheveux bouclés et assez sympa ».
« Elle travaillait bien et n’a jamais causé aucun problème, se souvient cet infirmier qui a exercé à l’hôpital Sainte-Anne avec elle de 1993 à 1998. D’après mes souvenirs, aucun patient ne s’est jamais plaint. » « Travailler avec des gens très perturbés peut s’avérer fragilisant… », souffle-t-on à l’Association des psychiatres de France.
Raphaël Domenach, pour Le Parisien du 29 juillet
⇒ Le sujet a été repris hier midi par Le Figaro en ligne, qui faisait référence à ce sujet publié en avril 2006, dans lequel on pouvait voir que la psychiatre avait entre autres sévi depuis Paris-Bercy (12e).
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