Mme Blumenthal répond à Mme Panafieu sur son logement
Les coups-bas en politique ne sont pas une nouveauté. Qu'ils commencent à l'est de Paris non plus. Par exemple, lors des législatives de l'an dernier, à l'endroit de Jean-Luc Romero. Cette fois, pour les municipales, c'est reparti pour un tour. Et dans le 12e. Pour commencer ? La rumeur courait de longue date, peu avant ce que l'on peut appeler sans ambages l'Affaire Bolufer, du nom du très chrétien président de l'association Dialogue et Humanisme, directeur de cabinet (en position de démissionnaire) de Mme Boutin. Mme Michèle Blumenthal, maire du 12e, habiterait («occupe de façon anormale», disaient péremptoirement ses opposants politiques) un logement social de la Ville de Paris. «Comme de nombreux élus et proches de Bertrand Delanoë», disait-on même.
Là, il ne s'agit plus de rumeurs, mais d'affirmations de la part de Mme Panafieu, tête des listes UMP aux municipales parisiennes, députée de Paris et maire du 17e, qui a enfin, comme elle le souhaitait, déjeuné avec le président de la République. Depuis le temps qu'elle attendait une telle bénédiction! La belle affaire.
Michèle Blumenthal, maire PS sortante du 12e arrondissement, candidate en 2008, s'est sentie hier «blessée» d'avoir été citée par Françoise de Panafieu comme une élue socialiste occupant un appartement de la Ville, et a reçu la presse à son domicile pour s'expliquer. On a pu en voir de nombreuses images. En boucle, cette nuit, sur i>Télé (la chaîne tout info du Groupe Canal plus), elle s'expliquait. Bertrand Delanoë aussi. Sur Mme Blumenthal, sur les élus et sur ses divers collaborateurs.
Depuis 1974 (avant même le premier maire élu de Paris), Michèle Blumenthal, enseignante, loue un appartement de 70 m2 à l'OPAC (le principal office HLM de la Ville de Paris). Son prix? 900 euros par mois. «Je veux agir dans la transparence. Je montre où je vis», a déclaré Mme Blumenthal à la presse, ajoutant «C'est l'appartement dans lequel je suis enracinée, avec mes deux enfants. Nous n'avions pas de chambre, on dormait dans la partie séjour. On n'a pas de bureau, on a élevé nos enfants. Progressivement, je me suis impliquée dans la vie politique», a expliqué en toute simplicité l'élue du 12e. Mme Blumenthal a ajouté que, si elle n'était plus élue, elle percevrait sa pension de retraite de 1700 euros, et sa complémentaire de 440.
La politique n'est pas stricto-sensu un métier, encore moins une vie, quoique...
Jacques Chirac a fait de la politique sa Vie, sa carrière, sa réputation (que chacun apprécie à sa façon). Nicolas Sarkozy semble être parti pour un long chemin, un sacerdoce dit même parfois le chanoine honoraire de l'archibasilique de Saint-Jean de Latran (il était maire de Neuilly-sur-Seine à vingt-huit ans... plus jeune que son actuel protégé). Michèle Blumenthal a commencé sur le tard, même s'il n'est pas de bon ton de dire l'âge d'une femme, disons que Mme le maire du 12e avait 57 ans en 2001. La cousine du baron Ernest-Antoine de Seillère (Mme Panafieu) était conseillère de Paris dès l'âge de 31 ans. Elle est davantage rompue à la vie politique et a été, si l'on ose dire, à bonne école. Près de trente ans de mandat. Plus que l'actuel président de la République, certes. Mais en bonne route pour durer autant que le premier maire élu de Paris, l'ancien président de la République.
En guise de petite pique mais sous le coup de l'émotion tout de même, Mme Blumenthal a ajouté hier: «Je n'ai pas pris un studio dans le 12e pour avoir une adresse de complaisance pour la durée des municipales, je n'ai pas d'appartement à Neuilly, je n'ai pas d'appartement de fonction. J'ai été élue ici, quand je ne serai plus élue, je serai ici». Allusion aux domiciles respectifs de M. Cavada (Neuilly-sur-Seine) et Mme Lagarde (le ministère des Finances, à Bercy), sans doute. Mais aussi à Mme Lepage, la candidate du Modem, qui pourtant ne se présente pas à Paris ou en Ile-de-France pour la première fois.
«Je voulais que plus personne ne puisse fantasmer sur cet appartement», a-t-elle dit, en montrant une cuisine sobrement aménagée. «Un élu est issu de l'arrondissement dans lequel il vit. Vous ne pouvez pas dire que pour être candidat à une élection, il faut être propriétaire ou en logement privé (...) Si on me vise, c'est à cause du 12e», a ajouté Mme Blumenthal.
F. A., avec AFP, photo mairie du 12e.
A lire:
. Le logement s'invite dans le duel Panafieu-Delanoë, dans Le Journal chrétien
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