Petit Frère, le premier premier roman du journaliste politique Eric Zemmour, inspiré d'un fait divers, avait fait l'objet d'un référé visant son interdiction mardi. Les plaignants ont été déboutés deux jours plus tard. Le faits divers (un meurtre dans le 10e arrondissement) était transposé dans le 19e, également entre un israérile et un musulman. "Une victoire pour la littérature", selon Zemmour. Interview.
Le dernier livre d'Eric Zemmour est au coeur de la polémique. Son histoire est tirée d’un fait divers dans lequel un jeune juif, Sébastien Selam, s’était fait sauvagement mutiler par son voisin Adel, musulman. La famille de la victime a porté plainte, jugeant que le roman les insultait et les traînait dans la boue. Le livre a fait l’objet d'un référé visant son interdiction. Les plaignants ont été déboutés jeudi. Le roman restera donc dans les rayons. La réaction de son auteur.
Cette plainte vous a-t-elle étonné?
Oui, j’ai été très surpris. Les gens ne savent pas ce qu’est un roman, ce qu’est la littérature. Mon but, c’est de m’arracher de cette histoire pour raconter une époque. J’ai l’impression, sans vouloir me comparer à ces génies, qu’aujourd’hui, Mme Bovary attaquerait Flaubert. C’était également tiré d’un fait divers! On passe son temps à dire que la littérature ne prend pas en compte la réalité sociale mais quand on le fait, on se fait attaquer. Pour prendre en compte cette réalité, on doit s’accrocher à des histoires vraies, à du vécu. C’est le serpent qui se mord la queue. Petit Frère n'est qu'une adaptation de la vérité. Je suis aussi dans tous les personnages.
Aviez-vous rencontré la famille du jeune Sébastien Selam?
Oui, je les avais rencontrés. Je n’ai jamais caché m'être inspiré de ce drame. A l’époque, ils n’avaient qu’une seule obsession, c’était faire connaître leur histoire. Ils doivent être aveuglés par la douleur…
C’est inévitable d’être attaqué quand on adapte un fait divers?
C'est un mal de l'époque: oui, c'est inévitable. Les gens regardent trop les séries américaines. Il y a 20 ans, personne n’aurait pensé à faire ça! Aujourd’hui, ils croient ce qu’ils voient: tout le monde poursuit en justice pour n’importe quoi. Je fais tout ce que je peux pour trouver une explication. Je crois que c’est la seule.
Avez-vous pensé que votre roman allait être interdit?
Je l’ai craint, évidemment. Mon avocat m’assurait que c’était impossible. Je le croyais. Cependant, ils peuvent toujours recommencer…
Propos recueillis par Louise Pothier, pour L'expres en ligne du 18 janvier
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