Déprogrammation jeudi 19 janvier en première partie de soirée sur France2, qui a décidé de programmer, en direct, un Envoyé Spécial intégralement consacré à Gilles Jacquier, premier journaliste occidental tué en Syrie. 90 minutes qui, selon une source interne à la rédaction, comprendront notamment une rétrospective sur le journaliste reporter d'images et une contre-enquête sur les circonstances de sa mort. Une émission exceptionnellement diffusée en streaming et non bloquée, précise le compte twitter de Envoyé Spécial. Retour sur un drame et ses zones d'ombres…
“J'ai horreur de la guerre mais sur ces terrains, je peux faire de vraies rencontres.”- Gilles Jacquier, Kosovo, 1999, dans un entretien sur le site de France2, où il parlait de son métier. Ill.: page Facebook Stamps of The Syrian Revolution (12 janvier 2012)
Depuis ce week-end, la déprogrammation de Envoyé Spécial du 19 janvier était annoncée sur le site dédié, et l’on pouvait lire comme URL: lemission-sera-dediee-a-gilles-jacquier-19-janvier-2012. Ce n’est que ce mardi matin qu’un communiqué de presse a été diffusé et en milieu d’après-midi qu’a été publié sur le site le texte suivant:
Gilles Jacquier, Grand Reporter à Envoyé Spécial, a été tué le 11 janvier dans la ville de Homs en Syrie.
Il était en reportage pour le magazine.
C’est le premier journaliste occidental à perdre la vie dans ce pays depuis le début de la révolte il y a 10 mois.
Dans quelles conditions Gilles Jacquier est-il mort ?
Toute l’équipe d’Envoyé Spécial s’est mobilisée pour enquêter, répondre à ces questions et rendre hommage à notre confrère et ami.
Texte laconique qui résume à lui seul les questions qui se posent autour de la mort de Gilles Jacquier, journaliste reporter d’images, tué à Homs (Syrie) le 11 janvier dernier, à l’âge de 43 ans.
Cameraman aguerri ayant statut de grand reporter, Gilles Jacquier était lauréat du prix Bayeux-Calvados 2002, prix Albert-Londres 2003, lauréat du prix international de l’enquête 2007, Grand Prix Jean-Louis Calderon 2009, et Nymphe d’Or 2011 du Festival de télévision de Monte-Carlo.
Dès l’annonce de la mort de Gilles Jacquier, le président Sarkozy a demandé avec fermeté que les autorités syriennes «fassent toute la lumière» sur cette tragédie qui a fait au total huit morts et vingt-cinq blessés. Le rôle du régime de Bachar el-Assad a alimenté le soupçon.
«Les responsables syriens étaient seuls à savoir qu'un groupe de journalistes occidentaux visitait Homs ce jour-là, et dans quel quartier il se trouvait», a-t-on indiqué à l'Élysée, renforçant les propos de Mohammed Ballout, correspondant de la BBC, qui expliquait au Figaro que «deux délégations de journalistes étrangers» étaient à Homs ce jour-là. L’une était composée de journalistes représentant des médias audiovisuels anglais et américains ainsi que la troisième agence de presse mondiale et était escortée par le ministère syrien de l’information, l’autre «était escortée par une religieuse libanaise et comptait dans ses rangs Gilles Jacquier et un autre journaliste de France 2, cinq Belges, deux Suisses, deux Libanais et un journaliste syrien».
Jacques Duplessy, un journaliste indépendant, collaborateur de Ouest-France, estime que «plusieurs faits, en relisant le déroulé de l'attaque, pourraient laisser supposer que les douze journalistes et leurs interprètes ont été pris dans un guet-apens», et s’en explique ici.
Pour le journaliste helvète Sid Ahmed Hammouche, sur place pour le quotidien romanche La Liberté, plus que d’un traquenard, «il s’agit d’un crime d’Etat».
Interviewé par Le Monde, le directeur de l'information de France2, Thierry Thuillier, s'est pour sa part demandé comment un convoi de journalistes escorté a pu être ainsi attaqué. Il a également révélé que Gilles Jacquier et son caméraman avaient dans un premier temps refusé de se rendre à Homs. A ce moment, explique-t-il, on leur a dit: «Si vous refusez encore, vous repartez dans l'instant».
Vendredi 13 janvier, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour homicide volontaire. Vendredi avait lieu l’autopsie de Gilles Jacquier… et rien n’en a filtré dans les médias, pas même au sein de la Société des journalistes de France Télévisions.
La direction de France Télévisions a saisi la justice, et a évoqué des éléments «troublants» quant aux circonstances entourant la mort de son journaliste.
Dans un communiqué daté du 11 janvier, le SNJ de France Télévisions annonce vouloir «interroger toutes les autorités concernées pour connaître les circonstances exactes de sa mort».
Fabien Abitbol
Envoyé Spécial, Hommage à Gilles Jacquier
Jeudi 19 janvier 2012, 20h35, durée 90 min., en direct
L’émission sera diffusée ici en streaming et non bloquée
Vendredi 20 janvier à 14h30, avant l’inhumation de Gilles Jacquier, une cérémonie religieuse aura lieu en l'église de Bernex (Haute-Savoie).
Le lundi 23 janvier, indique le compte twitter de Envoyé Spécial, une manifestation aura lieu à Paris, à 15h30, à la mémoire de Gilles Jacquier (lieu à préciser).
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