Jean-Marie Le Pen, devenu ce dimanche président d’honneur du Front national (FN, parti qu’il a fondé en 1972), a eu son premier ancrage local dans le 20e arrondissement de Paris, lors des municipales de 1983. Retour sur une carrière un peu mouvementée dans un arrondissement de 105000 électeurs et près de deux cent mille habitants où, aujourd'hui, tous les élus se revendiquent de gauche.
Dans cette vidéo de l’INA (Soir3 du 12 mars 1988) comme dans celle-ci (Antenne2, 20H du 12 mars 1988), le président du FN, en campagne sur le marché Belgrand, dans le 20e arrondissement, est «pris à partie» par des militants socialistes et des militants antiracistes. Les deux reportages durent environ une minute et demie chacun.
A l’époque, Jean-Marie Le Pen se préparait à une nouvelle candidature à l’élection présidentielle, celle de 1988; il allait obtenir 14,38% des voix, et le second tour allait sans ambages voir la réélection de François Mitterrand contre Jacques Chirac. Le président du FN était, outre conseiller d’arrondissement du 20e, président du groupe des Droites européennes au Parlement européen. Auparavant, par le jeu de la proportionnelle instaurée par François Mitterrand, il était de nouveau entré à l’Assemblée nationale. Il n’avait donc «que» soixante ans (en 1988), près de trente ans après sa première entrée à l’Assemblée nationale. Les facéties de la proportionnelle intégrale de François Mitterrand ont laissé comme traces sur le site Internet de l'Assemblée deux élus du même arrondissement pour la période 1986/1988: Michel Charzat (cliquer ici) et Jean-Marie Le Pen (cliquer là).
Sur les vidéos, l'on voit aux côtés du président du FN sa benjamine, Marine, alors pas tout à fait âgée de vingt ans. Etudiante en droit, elle n’était “que” adhérente au FNJ (Front national de la jeunesse) et servait occasionnellement la “bonne parole” de son père, comme elle avait eu l’occasion de le faire, en 1988, à la Guadeloupe, après que son père a été empêché par des manifestants de se poser en Martinique et a refusé de sortir de la zone sous douane à l’aéroport de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), où son vol avait été détourné, faute de kérosène.
Le 20e arrondissement de Paris fut donc le premier ancrage local du président du Front national, bien avant qu'il se fasse élire dans le Sud-Est de la France, encore plus loin de son domicile de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine).
Aux municipales de 1989, il laissa sa place à Martine Lehideux, qui allait rester conseillère d’arrondissement du 20e jusqu’en 2001, tout en étant, dans un premier temps parlementaire européenne, par la suite conseillère régionale. Ce n’est qu’en mars 2001 que le FN disparaîtra totalement de la scène locale, seules les listes Charzat (union de la gauche), Bariani (centre droit) et Arajol (droite) subsistant au second tour.
On notera, à la tête des manifestants socialistes, Michel Charzat. Agé à l’époque de 45 ans (photo ci-contre), ce conseiller municipal socialiste était également député. Un siège qu’il occupera de 1981 à 1993 et de 1995 à 2007 (voir ici sa fiche à l’Assemblée nationale pour les années autres que 1986/1988). Michel Charzat ravira la mairie du 20e arrondissement à la droite en 1995.
En 2008, exclu du parti socialiste, il sera élu conseiller d’opposition… de gauche, face à une majorité de gauche (lire ici).
Il vient de rejoindre le Groupe Eelva (Europe écologie Les Verts et apparentés) début décembre.
Ce dimanche, Marine Le Pen a remplacé son père à la tête du FN. Pour sa part, Jean-Marie Le Pen, réagissant à l’information sur le journaliste de France 24 expulsé la veille du Congrès du FN, il a déclaré que s’il était juif, «ça ne se voyait ni sur sa carte de presse, ni sur son nez».
Fabien Abitbol, photos : Jean-Marie Le Pen et Michel Charzat captures d’écran Antenne2 mars 1988
• Aux municipales de 2008, le FN faisait 3,61% dans l’arrondissement
Reprises: dans la revue de web de Mediapart et par la vigie de Rue89
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