Prévue depuis le mois de mars (et sa « Journée de la Femme »), une mobilisation nationale pour l’avortement et le maintien de l’hôpital public a lieu ce samedi 6 novembre à Paris. Elle est maintenue, et rejoindra le cortège de la manifestation contre la réforme des retraites.
Après les luttes menées durant quarante années depuis la création du MLF, peu à peu des droits on permis aux femmes de décider plus librement d'avoir (ou pas) des enfants. La loi Veil (autorisant l'avortement) promulguée en 1975 quatre ans après le Manifeste des 343, le remboursement de l'avortement (obtenu en 1982), l'extension du délai légal, faisant passer l'intervention volontaire de grossesse de 10 à 12 semaines (obtenue en 2001 avec la suppression de l'obligation de l'autorisation parentale pour les mineures) sont des avancées. En théorie.
Mais des progrès restent à faire : les femmes doivent trop souvent affronter les dirigeants des établissements de santé. Certains d’entre eux n'accueillent pas les femmes jusqu'à douze semaines de grossesse, d'autres multiplient les obstacles à la prise en charge des mineures.
Par ailleurs, les économies gouvernementales menacent encore le droit à l'avortement. Les inégalités régionales dans la prise en charge de l'IVG d'une région à l’autre ont été décelées par le ministère de la Santé lui-même, tout comme le manque d'information sur la sexualité et la contraception. Le tout faute de moyens. Et la promesse faite le 8 mars de revaloriser le forfait IVG d'ici juillet n'est toujours pas entrée en vigueur. Cette fois, elle est repoussée à la fin de l'année. Une mesure dont le coût, de 27M€, devrait également se ressentir auprès des femmes, surtout celles qui n'ont pas de mutuelle.
Quant au nombre de médecins et de personnel qualifié, il est de plus en plus insuffisant, RGPP oblige, menant les directions d'hôpitaux à restreindre (voire suspendre) la pratique de l'avortement, comme cela a —par exemple— été le cas à l’hôpital Tenon, dans le 20e arrondissement de Paris durant l’été 2009. Les établissements de santé sont amenés à être regroupés, avec pour corollaire la fermeture d'hôpitaux de proximité, de maternités et celle de centres d'interruption volontaire de grossesse.
C'est la raison pour laquelle de nombreuses associations et coordinations appellent à une manifestation nationale, samedi 6 novembre, à Paris, à la fois pour la défense du droit à l'avortement et contre le démantèlement de l'hôpital public.
Trois associations et regroupements, l'Ancic (Association nationale des centres d'interruption de grossesse et de contraception), la Cadac (Coordination nationale pour le droit à l'avortement et à la contraception) et le Planning Familial, organisent cette manifestation nationale qui partira de la place d'Italie à 14 heures pour rejoindre, place de la Bastille, le cortège contre la réforme des retraites.
F. A.
Pourquoi le service public médical de proximité est essentiel au droit à l’Avortement ? (L’Humanité, 29 oct. 2010)
Sur la situation à Tenon, dont les urgences étaient encore perturbées hier soir, lire l’appel des médecins (13 octobre 2010, sur Collectif Droits des femmes) et Tenon en colère (15 octobre 2010, sur Ménilmontant, mais oui madame…, par Stéphanie Chaptal)
Avortement : un droit fragilisé, défendons-le ! (Les Verts, Europe Ecologie, 4 nov. 2010)
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