Le Canard enchaîné, dans
son édition du 7 octobre, révèle que les services de l’Elysée, qui s’étaient vu
offrir une cinqantaine de DVD d’un « documentaire » diffusé sur
France5 le 13 juillet, en ont fait 400 copies pirates, estampillées « Service
audiovisuel de la présidence de la République –Unité photos- Tous droits
réservés (photos et vidéos) ». Rien que ça.
Il s’agit du portrait A visage découvert, tout à la gloire de notre président, qui avait été diffusé
le 13 juillet au soir sur France5 numérique, Nicolas Sarkozy ayant décidé de ne
pas intervenir au 13h du 14 juillet (pour la Garden party), mais de se livrer
la veille sur France5, le soir chez Michel Drucker dans une émission consacrée
à l’armée sur France2 et aussi d’envoyer son épouse Carla sur TF1 en direct peu avant
13h sur TF1, ou, plus exactement, le contraire (voir ici après la réclame, où l’on apprend que Nicolas Sarkozy n’est « pas
pressé », mais « habité »). Les commentaires qui agrémentaient la présentation par le site spécialisé Ozap
n’étaient pas élogieux, loin s'en faut, mais simplement réalistes.
Revenons à nos moutons… à nos quatre-cents moutons
clonés. Incompréhensibles au demaurant. Autant incompréhensibles que les acheter à pas cher ou les avoir gratuitement aurait été facile. Car il s’agit du documentaire que
j’avais expliqué ici, exceptionnellement après sa diffusion sur France5 (contrairement à
d’autres, comme celui des mêmes producteurs sur Jacques Chirac un mois plus
tôt). On y apprenait que le Liban n’avait pas besoin de démocratie (une notion
occidentale) ou que l’Amérique était la première puissance démographique au
monde. Ce de la bouche du président. Qui n’était pas contredit. Et un ami
d’enfance de Nicolas Sarkozy, Serge Danlos, expliquait la fascination
présidentielle pour les USA, qui remontait à Rintintin et aux origines de notre président…
Tout cela, sans doute, valait bien une entorse à la
loi. Car les dirigeants de la boîte de production (Galaxie presse) indiquent à
l’hebdomadaire satirique ne pas avoir été avertis de l'existence de ces copies.
« C'est un peu cavalier. D'autant que l'Elysée nous avait demandé 50 de
nos DV et qu'on leur avait envoyés, gratis ». On admire le « un peu ». Le Canard enchaîné indique
que les 400 exemplaires pirates (avec la mention mensongère « service
audiovisuel de l’Elysée… » ont été distribués lors de la 17e Conférence des ambassadeurs, qui s’est tenue le 27 août à Paris. A cette
occasion, le JDD avait titré « Sarkozy à contre-temps ». Autre sujet d'étonnement : il existait deux versions de ce documentaire, celle diffusée par France5 et une destinée à être diffusée à l'étranger, contenant des passages coupés au montage en France.
Quatre-cents copies, cela ne
relève pas vraiment de la « copie privée ». « L’Elysée fait des
copies "pirates" de DVD », titre Le Figaro en ligne, qui nuance toutefois :
« Du côté de la production, on ne saurait lui en tenir rigueur. “Ça ne
nous gêne pas que l’Elysée ait dupliqué notre DVD. C’est juste la présentation
de la jaquette qui nous étonne un peu”, a encore indiqué Galaxie Presse ».
Car, dans le cadre de la « copie privée », l’article L122-5 du code de la propriété intellectuelle prévoit (alinéa 3) que
doivent être « indiqués clairement » le nom de l’auteur et la source.
Déjà, en février dernier, l’UMP a été accusée de contrefaçon pour avoir diffusé de la musique sans demander
l’autorisation expresse au préalable. La même musique qui avait plu à TF1.
Fabien Abitbol
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