A trois mois de ses quatre-vingts ans, l’acteur
bellevillois Dominique Zardi est décédé en début de semaine des suites d’un cancer, a-t-on
appris mardi dans son entourage. Ses obsèques sont prévues demain vendredi
« dans la stricte intimité familiale », à 11h15, au crématorium du
Père-Lachaise, dans le 20e arrondissement. Passionné de boxe, ce second rôle à la filmographie
impressionnante était l’oncle de Agnès Jaoui.
Plus de 500 films revendiqués par cette « gueule » du
cinéma français depuis l’Occupation. Acteur fétiche de Granier-Defferre (Pierre, notamment La Horse, avec Jean Gabin), Chabrol ou Mocky, Dominique Zardi était né à Belleville le 2 mars 1930. « Acteur de
complément », comme on dit, second rôle perpétuel, il avait entre autres
publié en 2007 Le Comédien fétiche du cinéma, chez Dualpha, réédité en avril 2009 au Serpent à plumes. « Zardi c'est le cinéma
français de A à Z », disait de lui Chabrol.
On connaissait tous son crâne rasé, ses rôles de truand,
son nom… même si l’association du nom et du visage n’était pas immédiate pour
chacun, tant le bonhomme était devenu familier. Si Delicatessen, Ville à vendre
ou A Mort l’arbitre (avec un autre Bellevillois du nom de Eddy Mitchell) faisaient
partie des films les plus connus parmi ceux des 25 dernières années, la
réplique la plus célèbre restera peut-être dans Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages (Michel
Audiard, 1968), avec Bernard Blier :
Blier : « J’ai bon caractère mais j’ai le glaive
vengeur et le bras séculier. L’aigle va fondre sur la vieille buse ».
Un figurant confie à son collègue joué par
Zardi : « C’est chouette ça, comme métaphore ».
Zardi répond : « C’est pas une métaphore,
c’est une périphrase ».
Son collègue : « Oh, fait pas
chier ! ».
« Ça, c’est une métaphore », réplique Zardi.
Outre Blier, Dominique
Zardi avait tourné avec les plus grands, comme Louis de Funès (Fantomas), Alain
Delon, Jean-Paul Belmondo ou Jean Marais. Dans Max et les ferrailleurs (de Claude Sautet, 1971), il était aux côtés de Boby Lapointe, décédé un an plus tard, Philippe Léotard, Romy Schneider (dans un rôle à contre-emploi), François Périer, Bernard Fresson, Michel Piccoli, ou Georges Wilson…
Passionné de boxe, il
avait écrit durant 28 ans dans la revue Euro Boxe Show (lire ici l’hommage de Netboxe.com). Il avait — parmi ses multiples publications — consacré
un livre à la boxe : Les Immortels de la boxe, préfacé par Jean-Claude Bouttier (2003, Dualpha,
Patrimoine du spectacle). Dans Le Monde des truands (2008, Tatamis), il racontait entre autres le Belleville
du père de Régine, le Gang des postiches ou Mesrine…
Dans Le Génie du judaïsme, il écrivait : « Je pense que je suis devenu
totalement juif à trente ans passés, non pas parce que je l'aurais toujours été
ou par la grâce d'une révélation divine, mais à cause de l'Église catholique
apostolique et romaine dans la machination germaine. »
Le décès de Dominique Zardi intervient quatre jours après
la nouvelle sortie du Pacha (1968, Lautner, avec Jean Gabin, André Pousse et
Serge Gainsbourg), dans une version restaurée numérique haute définition. Dans ce film, il participait à l’attaque du fourgon, à la sortie de
la gare de Troyes, qui allait déclencher la « Saint-Bathélemy »
orchestrée par le commissaire Joss, interprété par Gabin, pour venger son
collègue, avant son départ à la retraite. Le collègue a été retrouvé mort, seul
chez lui, près de son arme. « C'est visiblement un accident, un
regrettable accident », dit le médecin-légiste.
Joss : « La mort
de Louis XVI aussi » (lire ici quelques citations). La bande-annonce de la version restaurée (sortie en salles le 10 décembre 2009) est à voir ici.
F. A.
è La notice biographique de Dominique Zardi
Les commentaires récents