Dans ce communiqué mis en ligne ce mercredi 8 sur son site Internet, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) indique qu’il se penchera après les élections européennes sur le temps de parole attribué au président de la République dans les médias. Pour François Hollande, une décision doit être prise « dès le mois prochain ».
Car,
en matière de temps de parole, la règle, par usage, est « simple » : un
tiers pour le gouvernement, un tiers pour la majorité parlementaire, un tiers pour
l’opposition. Ce en temps normal, soit hors campagne électorale et hors squatt affiché clairement…
Car
du squatt, nous en avons. Par période, mais aussi au quotidien, insidieusement. Au point (pour beaucoup
d’entre-nous) de ne pas connaître les noms de la moitié de nos ministres (et
secrétaires d’Etat) tant le président de la République intervient sur tous les
dossiers.
Le
22 mai 2008, Didier Mathus demandait l’égalité audiovisuelle, non sans arguments. La nouvelle décision du Conseil d’Etat, rendue le 8 avril de cette année, au bénéfice de « M.
H et M. M. » (MM. Hollande et Mathus), grandement basée sur les conclusions de Mme le rapporteur public (anciennement Commissaire du
gouvernement) précise qu’il n’est pas possible d’exclure par principe toute forme de prise en compte des interventions du Président de la République
et de ses collaborateurs dans les médias audiovisuels.
Ce
n’est peut-être, de la part des « sages » du CSA, « que »
une erreur de droit, mais la ficelle a été repérée… Le 3 octobre 2007,
en effet, le CSA avait exclu « par principe » toute forme de prise en
compte des interventions du Président de la République et de ses
collaborateurs, et c’était le motif de base de la saisine des deux députés,
début 2008, l’un d’eux étant encore à l’époque Premier secrétaire du Parti
socialiste. Même s’ils auraient bien aimé que le Conseil d'Etat puisse se prononcer
au fond.
Ce n’est peut-être qu’une
question de principe, mais ce n’est pas ce qui avait été dit à l’époque.
Notamment dans cette tribune publiée par Rue 89 et rédigée par le député de Seine-et-Marne Franck Riester (le rapporteur de la loi Hadopi récemment votée). Dans cette
tribune, lue à près de 14 000 reprises, il écrivait avec aplomb que le Conseil d’Etat était
« en désaccord avec les socialistes ». C’était il y a un siècle…
voici à peine plus de dix mois. Bien entendu, chacun a oublié, comme la plupart
des prises de position de ce genre. Pourtant, un titre comme « Décompter
le temps de parole du Président : une erreur du PS », ça ne devrait pas
s’oublier…
Estimant
pour sa part que l’arrêt du Conseil d’Etat est « un camouflet pour le
CSA », François Hollande a demandé mercredi qu’une décision soit prise « dès le mois prochain ». Sans attendre
les élections européennes, donc. « Le peu qui reste de crédibilité
au CSA se joue maintenant », a affirmé le député de Corrèze, qui, dans une lettre, a demandé rendez-vous à son président,
Michel Boyon, « pour examiner les conséquences de cet arrêt ».
F. A., photo INA
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