Les disparités sont de plus en plus fortes
La lettre « Insee Première » n°1123 de février 2007, parue hier, note des disparités de plus en plus importantes concernant l’obésité (et le surpoids) en fonction des régions, du niveau d’études, du sexe… et des revenus. En gros, si l’on peut dire, mieux vaut être un homme pauvre en Ile-de-France qu’une femme pauvre dans le Nord… l’idéal étant toujours d’être riche et intellectuel sur la Côte d’Azur ! Etrangement, c'est ce vendredi 23 que le ministre de la Santé (par ailleurs porte-parole du candidat Sarkozy), annonce une conférence de presse pour lundi prochain…
Les Français ont pris du poids (beaucoup) en dix ans et l'augmentation du nombre de personnes obèses est plus forte dans les milieux populaires. On le savait déjà, mais ça s’empire. De même, elle varie selon les régions, plus marquée dans le Nord et l'Est qu'en Ile-de-France, selon une étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) publiée hier.
De 1992 et 2003, dates de référence de l'étude, le taux d'obèses est ainsi passé de 5 à 10% chez les hommes et de 6 à 10% chez les femmes. En un peu plus de vingt ans, les hommes et les femmes ont grandi d'un centimètre, et leur poids moyen a augmenté : en 2003, un homme déclarait peser 5 kg de plus qu’en 1981 et une femme 4 kg de plus. Selon l'Insee, la France comptait ainsi 3,6 millions d'obèses adultes en 2003. Quant au surpoids, il touchait beaucoup plus les hommes (35%) que les femmes (21%).
Si les différences de corpulence sont pour une part liées à des facteurs génétiques, cette brusque augmentation tient plus à des facteurs sociaux, économiques, géographiques et culturels. La prévalence de l'obésité est plus élevée dans l'Est et dans le Nord. En 2003, l'Est compte 13% d'obèses et le Nord 14%, contre 8% en Ile-de-France. La prévalence la plus faible de l'obésité se trouve dans la zone méditerranéenne avec moins de 8%. Les disparités se creusent également entre catégories socioprofessionnelles, nous apprend l’enquête. Les écarts entre les agriculteurs, catégorie la plus touchée par l'obésité, et les cadres et professions intellectuelles supérieures ont augmenté. La prévalence de l'obésité a augmenté de plus de 7 points chez les agriculteurs entre 1992 et 2003, alors qu'elle n'a crû que de 2 points chez les cadres. Derrière les agriculteurs, viennent les ouvriers, artisans, commerçants, chefs d'entreprise et employés.
En 2003, 15% des personnes sans diplôme ou ayant un brevet des collèges sont obèses, alors que seulement 5% des diplômés du supérieur le sont. L'écart est de 10 points. Moins un individu est diplômé, plus il a de risques d'être obèse avec un écart plus important dans la population féminine. La prévalence de l'obésité chez les ménages les plus modestes est de 10% pour les hommes et de 13% pour les femmes (elle est respectivement de 9% et 6% chez les plus aisés). Ainsi, une femme mesurant 1m63, pèsera en moyenne 3,9 kg de plus que la moyenne si elle n'a que le brevet ou pas de diplôme et 1,2 kg de moins si elle est diplômée du supérieur.
En tenant compte de l'âge, du niveau de diplôme et de la taille de la commune de résidence, plus le niveau de vie est faible, plus les femmes sont corpulentes. A contrario, les hommes ayant le niveau de vie le plus faible sont en moyenne un peu moins corpulents que leurs homologues au niveau de vie élevé.
En matière de régimes amaigrissants, les agriculteurs-trices et les ouvrier(e)s restent moins nombreux à suivre un régime (respectivement 3,4% et 3,5% en 2003) alors qu'ils sont les plus corpulents, contre 7,5% des employés et 5,9% des cadres. En 2003, 8% des femmes déclaraient suivre un régime, contre 3% seulement des hommes.
Une personne est considérée obèse lorsque son indice de masse corporelle, calculé en divisant son poids (en kg) par le carré de sa taille (en mètre), est supérieur à 30. Elle est en surpoids si son IMC est compris entre 25 et 30.
L’intégralité de l’enquête de Thibaut de Saint Pol (de la division Conditions de vie des ménages à l’Insee se trouve ici (graphiques et cartes compris).
Les archives de « Insee Première » (tous domaines confondus) sont consultables là.
Pour en savoir plus :
• La fiche de M. Thibaut de Saint Pol sur le portail des Sciences sociales.
• En 2006, ce chercheur avait déjà publié une enquête sur la corpulence en Europe…
• L’Institut de recherche et documentation en économie de la santé
(IRDES, ex-CREDES Centre de recherche d'étude et de documentation en économie de la santé) a réalisé en 1995 une enquête sur l’état de santé général de la population française. Pour les résultats parisiens, cliquer ici. Ses publications sur les personnes les plus défavorisées sont là.
• Le service de presse du ministère de la santé a diffusé ce matin aux médias un communiqué dont voici le principal extrait :
Xavier Bertrand, Ministre de la Santé et des Solidarités présentera les nouveaux engagements nutritionnels proposés aux maires et aux acteurs économiques.
Lundi 26 février 2007 à 11h30, Ministère de la Santé et des Solidarités (…) A cette occasion, Xavier Bertrand signera les nouvelles « chartes de villes actives du Programme National Nutrition santé » avec plusieurs grandes et moyennes villes.
Le Ministre signera également des propositions d'engagement de progrès nutritionnels avec des industriels de la grande distribution : Casino, Monoprix, Auchan, Carrefour, de l'agroalimentaire : Coca-Cola, Ferrero, Taillefine, Unilever et de la restauration: Mac Donald's.
C'est pourtant lors d'un conseil des ministres de… septembre 2006 que des annonces avaient été faites…
Etrange hasard… Pourquoi attend-on si longtemps si la situation est grave ? Y aurait-il un rapport avec une proche échéance électorale ?
Fabien Abitbol
Les commentaires récents