Rue Buzenval, le mauvais payeur était très bien vu
Deux personnes ont été tuées hier dans un restaurant de la rue Buzenval (20e) annonce « Le Parisien » dans son édition dominicale. Selon une source policière, le locataire devenu meurtrier était un habituel « mauvais payeur ». Lors de l’arrivée de la police, le propriétaire du restaurant était déjà mort ; son serveur est décédé peu après la fusillade. Le ministre de l'Intérieur, par habitude si prompt à réagir lorsqu'il se passe de tels drames, a passé sa soirée tranquillement à regarder le match France-Galles au Stade de France, où il a été sifflé par les spectateurs. Comme à l'accoutumée, son Site officiel donnait un agenda indisponible. Il en sera vraisemblablement ainsi jusqu'à ce qu'il quitte la Place Beauvau, probablement le 23 mars. On verra à quoi ressemblera ce type de communiqués dans un mois, d'autant qu'il faudra aussi tenir compte de la fusillade de Grenoble…
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A 80 ans, il abat deux personnes pour un loyer impayé
Deux meurtres pour un loyer non payé. Hier, peu avant midi, des coups de feu ont retenti dans le quartier de la Réunion (20e), entre Nation et porte de Montreuil. Ils provenaient d'un restaurant de cuisine berbère, situé sur une charmante placette.
Alertés, les policiers et pompiers arrivent sur les lieux, mais il est trop tard : deux hommes sont à terre. L'un est déjà mort, l'autre succombera quelques minutes plus tard. Le premier, c'est Ramdan, le propriétaire du restaurant, âgé de 59 ans. Le second est l'un de ses serveurs, âgé d'une soixantaine d'années. A leurs côtés se tient l'auteur de ce double homicide qui n'a même pas tenté de fuir : Bellaïd, 80 ans. Mis en garde à vue par les policiers de la deuxième division de la police judiciaire (DPJ), il a reconnu les faits. Peu avant la fusillade, le gérant du restaurant, accompagné de son barman, était venu réclamer le paiement du loyer à son locataire. Bellaïd lui louait depuis quelque temps une petite chambre au rez-de-chaussée. Le ton monte rapidement, le gérant le menace d'expulsion et le locataire saisit alors une carabine de chasse à gros calibre. Muni de cette arme, il abat le patron puis le barman. Juste en face du restaurant, au bar du Trianon, les habitants du quartier sont abasourdis et les langues vont bon train. « Le meurtrier... c'était une figure du quartier, il était très gentil et distribuait même des bonbons aux enfants. Je ne comprends pas ce qui lui a pris. C'est un coup de folie », commente un habitant.
« Il l'avait prévenu qu'il lui ferait la peau »
Mohamed Zouaoui était un proche du restaurateur depuis plus de quarante ans. « Nous nous étions rencontrés au Collectif contre la répression en Algérie. C'était mon ami, un homme adorable », murmure-t-il. Le restaurant marchait bien. « C'était un boui-boui qui ne payait pas de mine, se souvient une riveraine. Puis ils ont repeint, il y a deux ans, et la clientèle s'est embourgeoisée. C'était devenu assez prisé. » Le soir, les chauffeurs de taxi de l'arrondissement s'y réunissaient souvent pour le dîner. Frédérique, une riveraine, passe devant le restaurant, ceint d'un ruban de police pour les raisons de l'enquête. « L'ambiance était charmante ici. Les couscous étaient très bons », assure-t-elle. Personne n'arrive à comprendre comment le meurtrier a pu en arriver là. « C'était un restaurant et un bar d'habitués. Tout le monde se connaissait. Et je n'avais pas senti de tensions », raconte Ahmed, qui tenait autrefois une laverie dans le quartier et nettoyait les nappes du restaurant. Toutefois, l'origine du drame semble remonter à quelque temps. « Le restaurateur voulait virer son locataire, raconte le serveur d'un restaurant branché à deux pas. Ce dernier l'avait prévenu qu'il lui ferait la peau s'il le mettait à la porte. »
Géraldine Doutriaux et Julien Heyligen
Le Parisien, dimanche 25 février 2007
Notre société devient-elle folle ?
Rédigé par : Francois Legendre | 25/02/2007 à 16h46