Bertrand Delanoë, en ce deuxième jour du Conseil de Paris d'avant les vacances, doit aborder le sujet des "immeubles de grande hauteur". Un dossier bloqué sous la précédente mandature, du fait des Verts, moins nombreux depuis mars 2008. Le "plafond" actuellement autorisé sur Paris est de 37 mètres, sauf dérogation (comme la Tour Montparnasse -210 mètres en 1972-, la dénomination de tour étant valable à partir de cent mètres), mais l'équipe Delanoë -sous la dénomination d'"évolution du paysage urbain sur sa couronne"-, envisage, sur au moins six sites (la plupart sur des arrondissements de gauche, sauf les Batignolles, dans le 17e et la Porte de Versailles dans le 15e) des immeubles de logement de 50 mètres, voire des bureaux de 200 mètres de hauteur, allant au-dela du plan lucal d'urbanisme (PLU) adopté à la séance du 12 juin 2006. Les autres points visés par le plan Delanoë sont dans le Nord et l'Est parisien, à savoir : Porte de la Chapelle, Porte de Montreuil, Bercy Charenton, et Masséna Bruneseau.
Construire jusqu'à 50 m permettrait, explique-t-on à l'Hôtel de Ville, d'augmenter de 20 à 30% la "constructibilité en logements et logements sociaux". Ainsi, dans le logement social comme dans le privé, des immeubles pourraient sans souci faire 50 mètres (quinze étages), ceux inférieurs à moins de 50 mètres n'étant pas soumis aux contraintes des immeubles de grande hauteur (IGH), notamment en matière de sécurité incendie.
Certains "équipements économiques ou publics", comme le futur Tribunal de grande instance de Paris, pourraient aller au-delà (on parle de 200 mètres, soit beaucoup moins que les 300 m de la future tour Signal de Jean Nouvel à La Défense).
Une architecture "bling bling"
Lors de la première mandature Delanoë, Les Verts et l'UMP avaient bloqué les élans du PS. Confortablement réélue, la "nouvelle" équipe a "perdu" des conseillers de Paris Verts (et des UMP). Désormais Bertrand Delanoë et son entourage (PS et Radicaux, PCF, MRG) sont plus à l'aise. Les Verts, eux, campent sur leur position et dénoncent une architecture "bling bling" dont 63% des Parisiens ne veulent pas, selon un sondage dont ils se prévalent : "Les Parisiens ne veulent pas de tours", disent-ils... sauf que le terme de tour s'applique à un bâtiment de cent mètres, pas de cinquante.
Denis Baupin, élu (Les Verts) du 20e arrondissement et adjoint au maire de Paris chargé de l'Environnement, estime qu'il "n'y a pas de tours compatibles avec le plan climat". Pour le "Kmehr Vert", la question des tours est un "débat d'images" entre le chef de l'Etat (qui veut des tours à La Défense), et le maire de Paris, qui veut laisser sa trace dans la ville.
L'UMP est divisée. Etonnant, non ? Jean-François Lamour, président du groupe, est contre "des tours de logement de 50 mètres" (encore le terme inapproprié de "tours"...) alors qu'un groupe de jeunes conseillers emmené par Pierre-Yves Bournazel (lui aussi ancien porte-parole de Mme Panafieu), va jusqu'à demander des gratte-ciel. On se souvient que, à la mi-juin, Lynda Asmani, conseillère UMP de Paris (10e arrondissement) avait dénoncé les "méthodes staliniennes" de l'ancien ministre des Sports, comme l'avait indiqué Le Figaro, ce qui n'a pas empêché ce dernier d'être "beau joueur", comme rappelé ici.
La première adjointe au maire, Anne Hidalgo souhaite, comme aurait dit en son temps Raymond Barre, mettre un frein à l'immobilisme de Jean-François Lamour et rejette par avance la demande de référendum des Verts: "il ne s'agit pas de se prononcer pour ou contre des tours, c'est caricatural", estime-t-elle. "Il y a un désaccord de fond avec les Verts. Il est assumé". Elle suggère une "conférence citoyenne" auprès d'un panel d'habitants de "la métropole" pour accompagner la réflexion sur "les hauteurs." Comprend qui peut, ou comprend qui veut...
Si cette réflexion aboutit, le plan local d'urbanisme pourra enfin être modifié, ne srait-ce qu'au coup par coup.
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F. A.
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