Au cours d’une
manifestation qui a suivi l’expulsion organisée mercredi à Montreuil
(Seine-Saint-Denis) de la « Clinique en exil », un squatteur réalisateur a perdu un œil. « Nous ne voulons pas nous faire tirer dessus en silence », proteste
la coordination des intermittents et précaires d’Ile-de-France (CIP-IDF), qui se
joint à l’appel à la manifestation de dimanche après-midi.
Avant-hier
mercredi, dès six heures du matin, la police locale et des forces spécialisées
procédé à l’expulsion de la Clinique, au 42, boulevard de Chanzy, à Montreuil. L’immeuble vide, situé à proximité
de la place du marché, avait été investi en janvier par des squatteurs, à la
fois des habitants et des activités collectives ouvertes à la population (ciné
club, radio de rue, cantine, permanence pour rompre l’isolement,…).
Selon squat.net, il y avait près de 300 policiers et vingt membres du RAID pour procéder à l’expulsion. Un autre communiqué (récapitulatif) de la même source évoque « 200 flics, le
RAID et les vigiles ».
Le soir, une manifestation
de protestation avait lieu aux abords de la clinique désafectée. Des squatteurs
auraient de nouveau tenté de réinvestir les lieux, gardés par trois vigiles,
après avoir organisé une « cantine de rue ». Des échanges musclés ont eu lieu entre manifestants et forces de l’ordre. Un
participant à la manifestation de soutien d’une vingtaine d’années, Joachim Gatti, membre de la CIP-IDF, a
été semble-t-il victime d’un tir de flashball, et a perdu l’usage d’un œil. Il
a été transféré dans un hôpital parisien. Au moins trois personnes ont été
placées en garde à vue (trois selon la préfecture, cinq selon les organisateurs).
« Nous avons bien eu
connaissance qu'un jeune homme a perdu son œil mais pour le moment il n'y a pas
de lien établi de manière certaine entre la perte de l'œil et le tir de
flashball », a déclaré la préfecture.
« Le pronostic médical est des plus
réservés : il n’aurait que très peu de chances de ne pas perdre cet
œil », indique la CIP-IDF. Une source médicale ayant
requis l’anonymat a déclaré à l’AFP : « Il a perdu son œil droit ».
Le commissaire de police de Montreuil a fait savoir
qu'il allait saisir l'Inspection générale des services (IGS) afin que la
« lumière soit faite sur les circonstances » de l'affrontement entre
la police et les squatters, a indiqué la mairie. En Seine-Saint-Denis, comme
pour les autres départements de la petite couronne, le contrôle de la police
est effectué par l’IGS, qui est l’un des services actifs de la préfecture de police de Paris (PP), contrairement au
reste de la France, pour qui les « bœuf-carottes » dépendent de l’IGPN.
Hier, confirmant les affrontements et les
interpellations de mercredi soir, la préfecture de Seine-Saint-Denis n’avait pas
fait état de blessés.
Deux rendez-vous sont
annoncés sur le site de la CIP-IDF. Le premier dimanche 12 juillet à 15h pour
la réunion de la Clinique, au marché Croix-de-Chavaux, le second lundi 13
juillet à 18h (le blogue de la Clinique annonce 19h) pour une manifestation, à
partir de l’entrée de la rue du capitaine Dreyfus (métro Croix-de-Chavaux), d’où la manifestation de mercredi soir était partie.
Fabien Abitbol (titre retouché samedi 11 à 18h30, lire également ici)
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Le site de la
CIP-IDF
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Le blogue de la Clinique occupée
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La dépêche AFP sur le site de Libération, où le blessé
« fait partie du mouvement autonome — un réseau militant
d’extrême-gauche — qui dénonce notamment la cherté des loyers à Paris et dans
certaines banlieues parisiennes ». L'AFP ne donne la parole qu'à la préfecture, à la mairie et au corps médical.
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