À l'occasion du onzième anniversaire de la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer (GAK) en Côte d'Ivoire, son frère cadet publie à La Découverte "Le Frère perdu", en collaboration avec Benoit Collombat, journaliste à France Inter.
Les habitués de ce blogue savent mon attachement à comprendre ce qui a pu se passer le 16 avril 2004 sur un parking de supermarché d'Abidjan, la capitale économique de Côte d'Ivoire, alors que GAK y avait un rendez-vous dont il n'est jamais revenu. Au point que j'y ai consacré une rubrique spécifique.
Juge d'instruction à Paris en charge du dossier depuis le début, Patrick Ramaël, déchargé à l'été 2013 de ses fonctions, a publié chez Calmann-Levy "Hors procédure" livre sur la justice dans lequel il évoque entre autres les embûches rencontrées lors de son enquête sur la disparition de GAK.
Bernard Kieffer, le frère cadet du journaliste disparu, s'apprête pour sa part à publier à La Découverte "Le Frère perdu", dont la parution est annoncée pour le 16 avril prochain, date anniversaire de la disparition de Guy-André Kieffer sur le parking d'un supermarché d'Abidjan.
Lorsqu'il a appris en avril 2004 la disparition de son frère, Bernard Kieffer sur le moment n'y a pas cru. Puis ce fut l'angoisse, la colère, la recherche de la vérité. Un long travail de recherche et de recoupements, à trier le bon grain de l'ivraie, pour tenter de comprendre dans quelles circonstances précises (par qui, et à la demande de qui) GAK avait été enlevé et fort probablement tué. Ces heures passées par Bernard Kieffer sur la disparition de son frère ont été détaillées dans un portrait publié l'an passé par Libération.
Le Frère perdu. L'affaire Guy-André Kieffer, enquête sur un crime d'État au cœur de la Françafrique
Bernard Kieffer, avec la collaboration de Benoit Collombat
Éditions La Découverte
220 pages, 18€ - sortie prévue le 16 avril 2015
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Dans "Le Frère perdu" (sous-titré "L'affaire Guy-André Kieffer, enquête sur un crime d'État au cœur de la Françafrique"), Bernard Kieffer revient sur ces longues années jalonnées de rebondissements. On y apprend par exemple qu'il n'a su que tardivement que les autorités françaises avaient rapidement exploité la piste d'un enlèvement par les membres d'un "escadron de la mort" lié à l'épouse du président Gbagbo, Simone Ehivet Gbagbo, présentement jugée en Côte d'Ivoire pour son rôle dans les massacres qui ont précédé la perte du pouvoir par son mari. Dix ans de prison ont été requis contre l'ex-"Dame de fer". Mais cela ne concerne pas l'affaire Kieffer, et reste du domaine de la Côte d'Ivoire.
Le journaliste se savait menacé, il l'avait confié à certains de ses proches, mais on ne sait pas par qui, ni sur quel(s) dossier(s), tant cet homme, qui avait quitté Libération pour La Tribune aimait à travailler sur les matières premières, l'argent du cacao, le trafic d'armes, comme il avait pu travailler dans les années 80 sur des affaires politico-financières entre la France et certains paradis fiscaux antillais. La même passion, la même fougue, la même envie de sortir des affaires au grand jour, qui l'habitaient depuis tant d'années.
Que savait le Quai d'Orsay en 2004? Que savait l'Élysée? Pourquoi des émissaires français se trouvaient-ils dès le 15 avril 2004 en Côte d'Ivoire, reçus par le président Gbagbo? Ces questions, Bernard Kieffer -juriste donc méticuleux- se les est posées, sans obtenir de réponse certaine. Peu à peu, il a découvert la puissance des vieux réseaux de la "Françafrique", et compris que de nombreux responsables politiques et économiques on tout intérêt à ce que la vérité ne soit jamais faite.
Guy-André Kieffer, dont le fils d'une première union, de citoyenneté canadienne, réside à Montréal, vivait depuis le début des années 80 dans le 20e arrondissement de Paris, en compagnie de son épouse la réalisatrice guadeloupéenne Osange Silou, et de leur fille, qui aura presque vingt-neuf ans lorsque paraîtra le livre. "Le Frère perdu" est annoncé par les éditions La Découverte pour le 16 avril 2015. Une distribution est également prévue en Côte d'Ivoire, et probablement au Canada.
Fabien Abitbol
Le 9 février dernier, sur RTL, Jacques Pradel recevait dans son émission "L'Heure du crime" à la fois Bernard Kieffer, Patrick Ramaël et Benoit Collombat. L'émission est à réécouter ici.
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