L'Assemblée nationale du Québec a été dissoute ce mercredi matin, après que la Première ministre Pauline Marois a rencontré le Lieutenant-gouverneur du Québec. La campagne électorale, qui doit durer 33 à 39 jours, pourrait donner une majorité au Parti québécois (PQ, minoritaire au pouvoir depuis septembre 2012 avec 54 sièges sur 125 parlementaires).
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Sur la TV publique en continu Ici-RDI (de Radio Canada), une émission spéciale a commencé ce mercredi dès 8h45 (14h45, heure de Paris).
Photo F.A.
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"Si nous voulons que le Québec prenne son envol, il faudra lui donner un nouvel élan", a dit en substance Pauline Marois lors d'une déclaration ce mercredi 5 mars vers 10h15 (16h15, heure de Paris), appelant les électeurs à faire "le seul choix" pour lui "donner les moyens d'agir", avant se se rendre au bureau du Lieutenant-gouverneur. Lorsque, le 21 avril 1997, le président français Jacques Chirac avait dissout l'Assemblée nationale et demandé aux Français de lui donner "un nouvel élan" et proposé "un autre chemin", c'est Lionel Jospin qui était arrivé à Matignon à l'issue des législatives anticipées.
En juin 2013, une nouvelle loi, approuvée à 98 voix (0 contre, 0 abstention) avait prévu des éléctions "à date fixe" tous les quatre ans, et le prochain renouvellement général de l'Assemblée du Québec devait donc avoir lieu en octobre 2016. Mais les rumeurs de départ en élections bruissaient de longue date. Déjà, lorsque fut déposé officiellement le projet de loi 60 (sur les "valeurs québécoises", lire ici), on en parlait: c'était il y a quatre mois, en novembre 2013...
Plus discrètement, les fiches de tous les députés des différents partis politiques avaient été mises à jour durant la première quinzaine de février: la rentrée parlementaire avait eu lieu le 11 février, mais la seule entrée à l'Assemblée était celle de Philippe Couillard, le chef du Parti libéral (PLQ). Mais à regarder de près la liste des députés par groupes, en cliquant ici puis en recherchant par "allégeance politique" sur la colonne de gauche, un oeil avisé remarquait la date de mise à jour.
La nuit dernière, alors que rien n'était officiel, des pancartes de divers candidats fleurissaient un peu partout.
C'est sans conteste sur des enjeux de société que le PQ compte faire campagne: le projet de loi sur l'interdiction du voile, de la kippa, et des autres signes "ostentatoires", bien entendu, pour lequel il se targue d'avoir l'oreille des Québécois francophones. Mais aussi, par exemple, pour le droit à mourir dans la dignité, un projet qui traîne depuis 2009, et qui a été remis à jour par l'actuel gouvernement. Bien que minoritaire, le parti de Pauline Marois aurait sans doute pu faire passer ce texte, mais en tenant compte des divers avis, et sans doute avec quelques modifications mineures.
Les micro-trottoirs réalisés depuis quelques jours par les deux chaines francophones d'infos en continu semblent mettre davantage en avant l'économie, le pouvoir d'achat, l'emploi et la santé que le port (ou l'interdiction) des signes religieux dans les préoccupation des personnes interrogées. Voici deux jours, Radio Canada a révélé le slogan du PLQ, qui semble plus proche des préoccupations des personnes entendues à la télé.
Le directeur général du PQ a fait savoir la semaine dernière qu'il ne souhaitait qu'un seul débat télévisé, ce qui a paru "inacceptable" aux yeux du PLQ et fait s'interroger Québec solidaire (QS, équivalent québécois du Parti de Gauche en France, qui comptait deux députés dans l'Assemblée sortante). Pour la première fois, Québec solidaire aura les moyens de financer un bus de campagne, a annoncé la députée Françoise David. Mme David reproche notamment au PQ d'avoir "un bilan digne du Parti libéral".
Le dernier sondage Léger publié avant l'annonce officielle des élections donne un petit avantage au PQ, en pourcentage. Mais le mode d'élection des 125 députés est à un tour, comme pour les élections municipales qui avaient lieu en novembre dernier. Le vote est prévu le 7 avril. Le secret était si mal gardé que le compte twitter de la principale agence de presse française a annoncé la date des élections, que la Première ministre avait omis de dire dans son allocution.
La "Commission Charbonneau" a décidé de faire relâche durant la période de campagne électorale, ce qui, selon des observateurs, enlève l'aspect tout à fait aléatoire de la campagne. Les audiences publiques étaient supposées reprendre le 10 mars, et tout était censé finir avant l'été.
Les effets de la dissolution sont expliqués dans un communiqué de l'Assemblée nationale.
Fabien Abitbol
NB: Sur twitter, le mot-clic employé depuis plusieurs jours pour le scrutin qui s'annonçait est #qc2014.
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