Les «Tunisiens de Lampedusa», qui avaient été délogés sans ménagement mercredi de l’avenue Simon-Bolivar, dans le 19e arrondissement, se sont installés samedi après-midi dans le gymnase du 100, rue de la Fontaine-au-Roi, dans le 11e arrondissement, à Belleville, lieu historique de l’immigration tunisienne à Paris.
Il était 16h55 lorsque les premiers Tunisiens et leurs soutiens ont poussé les portes du gymnase, encore ouvert ce samedi 7 mai. «Des jeunes jouaient au ping-pong et nous ont demandé de les laisser finir leur partie», explique la jeune femme qui garde l’entrée et demande à chaque personne qui approche qui elle est, et si elle «appartient à un parti politique».
Les entrées sont soigneusement “triées”, afin d’éviter tout débordement. Sur la porte, un écriteau précise notamment «pas de photos» et interdit l'entrée aux journalistes. A l’intérieur, dans la grande salle, vers 21h20, à peine une quinzaine de personnes. Certains se dégourdissent les jambes, d’autres commencent à se préparer le repas sur une table de la grande salle du gymnase.
Retravaillant une dépêche d'agence, Le Parisien (à lire ici) écrit: «une vingtaine d'entre eux, regards hagards, visages marqués par la fatigue, sont restés un moment à l'extérieur du bâtiment. Ils sont ensuite entrés dans le gymnase où, selon le porte-parole, se trouvaient “environ une cinquantaine”, d'autres personnes», soit environ 70… mais prend soin de préciser que «Les occupants en interdisaient l'accès à toute personne étrangère au mouvement». En clair, ce ne sont pas toutes les personnes “étrangères au mouvement” qui sont interdites d'accès. Le journaliste de l'agence n'est pas entré, le ouaibemaître du blogue a pu entrer.
Dehors, les soutiens sont nombreux, venus du 11e et des arrondissements voisins essentiellement. La nouvelle de l’occupation a vite circulé. Quelques têtes déjà croisées en début de semaine aux Buttes-Chaumont, à l’occasion de l’occupation de l’immeuble désaffecté de l’avenue Simon-Bolivar, et quelques autres aussi, plus disponibles qu’en semaine.
Après le centre de rétention, retour à la rue…
Parmi les Tunisiens qui préfèrent attendre dehors, ce jeune, né en 1982, libéré le jour même par la Cour d’Appel de Meaux (Seine-et-Marne). Interpellé mercredi, il faisait déjà l’objet d’un ancien arrêté de reconduite à la frontière. Mais une erreur de procédure a donné tort au préfet, selon les magistrats d’appel. Pour lui, ce n’est qu’un répit: son laissez-passer Schengen délivré en Italie et valable jusqu’en octobre 2011, ainsi que son titre de séjour italien, ont été retenus par la police, à ce qu’il explique. Et le jeune homme de montrer un récépissé (avec photo) délivré par le commissariat où il avait été placé en garde à vue mercredi —avant d’être envoyé au centre de rétention du Mesnil-Amelot—, pour prouver ses dires.
Ainsi, n'ayant pas son titre italien sur lui et étant déjà “fiché” pour un séjour en France antérieur à celui qui a mené à son interpellation mercredi sous “statut italien”, il peut à tout moment faire l'objet d'une procédure de réadmission en Italie. Comme ces centaines de jeunes dont parle El Watan du 8 mai, il ne peut pas être expulsé en Tunisie. A ses poignets, on voit encore les traces des menottes…
Au total, sur les sept Tunisiens qui étaient retenus au Mesnil-Amelot, six ont été libérés ce samedi par la justice française. Le septième attend d’être définitivement fixé sur son sort.
Comme pour l’occupation du 1er mai, la banderole demande «Ni police, ni charité. Un lieu pour s’organiser». Sauf que la mention «et des papiers pour tous» y figure cette fois (voir ici l’ancienne banderole et ci-dessus la photo de la Fontaine-au-Roi).
Dans la soirée, une vieille camionnette déglinguée arrive. Quelques bras viennent à l’aide: il faut décharger matelas et sacs de couchage. Manifestement, il y en a bien davantage que le nombre de personnes qui vont passer la nuit au gymnase. Sauf que l’on attend dans le week-end d’autres libérations des centres de rétention, et qu’il est probable que des migrants soient informés de ce nouveau point de chute.
A 22h05 commence à circuler un mail de soutien d’un responsable du Front de Libération populaire de la Tunisie (FLPT).
Des agents de sécurité de la Ville de Paris sont postés sur le trottoir d’en face. L’adjoint au maire en charge des sports, Jean Vuillermoz, a assuré qu’il n’y aurait pas d’intervention dans l’immédiat. Selon toute vraisemblance, les activités sportives de début de semaine se dérouleront ailleurs, ou n’auront pas lieu, le temps de l’évaluation des besoins… puis des négociations.
Un employé municipal et le directeur du gymnase devraient passer la nuit sur place. Pour ce qui est du ravitaillement, il pourrait être assuré par l’association Aurore, à la demande de la Ville, dans l’attente de propositions de relogement. Des soutiens assimilent cette façon de faire à la réflexion que Yves Contassot avait faite au soir de l’expulsion de Simon-Bolivar, à lire sur son blogue.
La police, quant à elle, s’est montrée discrète. Il se dit que des CRS étaient là avant 20 heures. De 21h à 23h30, seuls quelques policiers à pied sont passés. Puis une voiture sérigraphiée, qui a ralenti. Son passage, du reste, a eu lieu peu après le départ d’un sans-papiers pour l’hôpital Tenon, dans le 20e arrondissement. Après deux mois d’errance dans les rues de Paris, trois jours dans le squat de l’avenue Simon-Bolivar, puis deux jours entre la police et un centre de rétention, il avait fait un malaise dans le gymnase. Faute d’un médecin sur place, les sapeurs-pompiers de Paris sont intervenus et ont décidé de son hospitalisation après examen médical.
Fabien Abitbol
A lire:
• La lettre de Mustapha Ben Jaâfar à Nicolas Sarkozy
• Le FTDL-France appelle les gouvernements européens à traiter dignement les immigrés tunisiens
Reprise le 8 mai à 9h09 sur La Vigie de Rue89
Décidément le Maire de Paris n'en a pas finit d'etre placé devant ses contradictions
Aujourd'hui au 104 rue d'Aubervilliers la Ville de Paris organisait une séance de lecture sur le Printemps arabe, pas mal de monde présent, et Bertrand Delanoé était attendu.
Puis, alors que les prises de parole allaient commencer, on entend des cris qui se transforment vite en slogan "des logements pour tous". Un groupe de personnes, beaucoup de femmes, se voient refuser l'accès a cette conférence publique a renfort de barrières métalliques. C'est le collectif des mal-logés, qui tombe finalement a point pour illustrer le propos de la réunion.
Le Maire, lui, n'est pas venu finalement.
Une vidéo est en ligne : http://www.dailymotion.com/video/xilzot_bertrand-delanoe-printemps-arabe-au-104-rue-d-aubervilliers_newsundefined
Rédigé par : lulu | 08/05/2011 à 23h25
Les tunisiens occupant le gymnase ont décidé hier dimanche de formaliser leurs revendications, vous trouverez leur textes là :
http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5623
Rédigé par : colporteur | 09/05/2011 à 10h25
qd on aime son pays on le quitte pas, on oeuvre pour son pays a moins que ces tunisiens fassent partir de la police politique de ben ali et se refugient ici pour eviter de se faire condamner !!!???
Rédigé par : question subsidiaire | 14/05/2011 à 20h04
@question subsidiaire,
Il y a plusieurs catégories de personnes dans ces Tunisiens.
Certains, qu'ils aient transité par Lampedusa ou qu'ils soient venus d'ailleurs, sont des proches de l'ancien régime ou avaient leur famille dedans. Ce n'est pas évident, c'est dit à demi-mot ou ressenti, car tous n'étant pas dans le même cas, chacun se méfie.
Rédigé par : Ménilmuche | 14/05/2011 à 20h43
pour eviter les doutes ils doivent quitter la France, ces gens viennent par la force dans un pays qui n'est pas le leur pour beneficier d'aides qu'il nont pas chez eux, c'est un non respect des conventions interationales, aucun boulot pour eux ici y en a deja pas pour les francais le futur va etre sombre pour la france, la guerre est a deux pas ! tout les marqueurs sont au rouge : perte de pouvoir d'achat, immigration incontrolé, delinquance, montee du FN, discredit pour le ps et l'ump sur le boulot que les ps et ump devrient faire pour le peuple, assez de blabla de discours etc des actes !!! avec le chomage,6 millions de chomer qd on compte le rsa les chomeurs et les gens qui ne sont plus ds les stats du chomage car radié, economie mondiale a zero, deficit de centaine de milliards d'euros partout, l'europe va imploser et la guerre va venir ... voila le resultat de 40a de politique ploutocrate de gauche comme de droite !
Rédigé par : question subsidiaire | 15/05/2011 à 12h03
«bénéficier d'aides»?
Si c'est du RSA qu'il s'agit, outre qu'il faut avoir plus de vingt-cinq ans (ce que beaucoup n'ont pas), il faut, comme je l'ai expliqué ici:
http://menilmontant.typepad.fr/mon_weblog/2011/05/un-sondage-sur-le-rsa-la-reponse-de-martin-hirsh.html
être titulaire «depuis au moins cinq ans d'un titre de séjour autorisant à travailler».
Donc ce n'est pas demain la veille!
Le RSA est très restrictif par rapport au RMI.
Rédigé par : Ménilmuche | 15/05/2011 à 14h36
vivement MARINE !
Rédigé par : realiste | 21/05/2011 à 16h39
pour Marine je plaisante bien sur :)
Rédigé par : realiste | 21/05/2011 à 16h58