Les «Tunisiens de Lampedusa», qui squattent depuis le 1er mai un ancien immeuble d’une direction technique de la Ville de Paris, dans le 19e arrondissement, face aux Buttes-Chaumont, étaient mardi soir dans l’attente de meilleures propositions, ou d’une expulsion.
“Ni police, ni charité : un lieu pour s’organiser”. La banderole, mardi 2 mai, avait le mérite d’être claire. Les migrants qui avaient envahi le 51 avenue Simon-Bolivar cherchaient surtout un point de chute.
Mais les propositions qui leur sont remontées de la Ville, selon une élue du 20e rencontrée sur place, étaient minces: une cinquantaine de lits, dont trente uniquement pour la soirée, et à différents endroits, ainsi qu’une salle de réunion d’une capacité de 80 places. Ils étaient une centaine ce matin, et —indique une militante venue les soutenir— deux petits groupes sont venus, l’un de Couronnes, l’autre d’un jardin de l’arrondissement. Sans grande surprise, la proposition est refusée par les occupants après de longues discussions, entièrement en arabe, selon l’un des participants.
Les «Tunisiens de Lampedusa» ont préféré rester groupés, au risque d’une évacuation par la force. L’immeuble étant mal sécurisé, selon un membre du Collectif Jeudi Noir qui l’a occupé voici une quinzaine de jours, l’évacuation par la force est possible à toute heure. Aussi, à l’annonce de leur décision, les migrants demandaient-ils aux personnes venues aux nouvelles de rester si possible auprès d’eux en début de nuit et au petit matin… voire de dormir sur place.
Les policiers, eux, avaient quitté les lieux dès 19h30, ce qui ne voulait pas dire qu’ils ne reviendraient pas…
Le ravitaillement s’organisait, en nourriture comme en petits objets insolites que l’on pouvait voir remonter par des ficelles jusqu’aux fenêtres. Quelques matelas de mousse bien usagés parvenaient jusqu’à la porte d’entrée.
Les soutiens s’organisaient aussi, afin de savoir qui serait là, et quand. Et l’on apercevait, sur le trottoir d’en face, une caméra de BFM-TV, venue faire quelques plans.
Maintenant commence le plus long : l’incertitude.
F. A.