L'organigramme de la « sécurité de proximité » a été rendu public
Dans le cadre de la restructuration de la police parisienne et de la mise en place, depuis le lundi 14 septembre, de la police du Grand Paris, le commandant Pascal Le Borgne (photo) a quitté le commissariat central du 20e arrondissement pour rejoindre l’équipe de la DSPAP, dirigée par M. Alain Gardère, indique PPrama, la lettre hebdomadaire du service communication de la préfecture de police de Paris (PP). Jérôme Foucaud, ancien patron du 19e, reste dans la nouvelle équipe de M. Gardère, qu'il avait intégrée depuis décembre 2008.
A
titre exceptionnel, le service communication de la PP a publié une édition de
PPrama lundi (au lieu de mercredi, jour habituel… sauf le 3 septembre, qui
était un jeudi), intégralement consacréee à la dernière réforme de la police
parisienne depuis celle de 1998. Pour lire cette édition en PDF, cliquer ici (serveur de la PP par moment indisponible, notamment de nuit). Pour
une fois, pas un fait divers, pas un « insolite », pas un chiffre
autre que… 36000, le nombre de policiers et d’agents techniques de la police du
grand Paris, sous l’autorité de Michel Gaudin. « La préfecture de
police compte ainsi désormais un total de 45 860 agents. Les effectifs des
anciennes directions départementales de sécurité publique de la petite couronne
rejoignent en effet les 19 200 policiers, 8 300 sapeurs-pompiers et
7 100 agents administratifs parisiens de la préfecture de police »,
indique la police.
Et
c’est au chapitre des « nominations » que l’on apprend celle du
commandant Le Borgne, qui quitte donc le 20e arrondissement, où il était
arrivé en juin 2007, après avoir été en poste dans les Hauts-de-Seine
notamment. Le commissaire divisionnaire Pascal (Yannick, Yves) Le Borgne avait
été fait chevalier de l’ordre national du mérite à la promotion du 15 mai 2006,
sur le compte du ministère de l’Intérieur (18 ans de services, JO du 16 mai 2006). A l’issue de la présidentielle de 2007, en juin, il prenait
le commandement du commissaiat central du 20e arrondissement, le
deuxième de Paris de par son importance, où, expliquait-il lors d’une réunion
en mairie d’arrondissement le 12 mai 2009, une baisse de la délinquance
générale de 59% avait été observée « depuis 2002 » (contre une baisse
de 52% sur Paris). « Pascal Le Borgne, précédemment commissaire
central du 20e arrondissement, devient sous-directeur des services
spécialisés », indique PPrama.
L’intérim de M. Le Borgne à la tête du commissariat central du 20e arrondissement est actuellement assuré par le commissaire principal Olivier Morges, son ancien adjoint depuis novembre 2007. Le commissaire Morges avait dirigé la mission d'audit de trois mois (entamée en décembre 2005) sur la qualité d'accueil et d'écoute dans les commissariats parisiens.
Pour avoir une idée de ce que représente le
commissariat du 20e, lire en ligne le reportage publié dans le numéro d’été de Liaisons, le magazine
de la police parisienne. Le commissariat de la rue des Gâtines a été inauguré en mars 2009 par Mme Alliot-Marie, encore à l’Intérieur, par un
discours sur les bandes. Discours d’actualité, au sens politique et national du
terme, peut-être, mais pas vraiment adapté au terrain. D’autant que les
policiers les plus anciens de l’arrondissement attendaient ces locaux de longue date.
Sécurité de
proximité : l’organigramme
L’organigramme de la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP), en version corrigée par le PPrama daté du 16 septembre donne donc, comme convenu Alain Gardère, ancien directeur de la police urbaine de proximité de la préfecture de police à la direction. Il sera épaulé par Christian Sonrier, ancien directeur départemental de la sécurité publique des Hauts-de-Seine, nommé directeur adjoint ; promu contrôleur général de la police nationale en 2003, M. Sonrier a été nommé directeur départemental de la sécurité publique des Yvelines (où il se trouvait encore en janvier 2006), avant de rejoindre les Hauts-de-Seine ; il est chevalier de la Légion d’honneur et de l’Ordre national du Mérite et est entré dans la police à l’âge de 24 ans comme commisssaire stagiaire à Grenoble (Isère).
Quatre directeurs territoriaux
viennent les rejoindre au sein de cette nouvelle direction : pour Paris, Philippe Caron, ancien sous-directeur de la police territoriale de la DPUP,
contrôleur général de la police nationale (M. Caron faisait partie des
responsables discutant de la mise en place de la nouvelle police avec les
syndicats, comme ici le SNOP ou là Synergie) ; pour les Hauts-de-Seine, le contrôleur général Eric
Draillard, ancien directeur départemental de la sécurité publique du
Val-de-Marne depuis le 22 avril 2008 (M. Draillard était commissaire
principal à Versailles… en 1999) ; pour la Seine-Saint-Denis, Philippe Prunier,
ancien sous directeur des ressources humaines à la DPUP (dont le nom avait été évoqué dès le 18 août) ; pour le Val-de-Marne, Jean-Yves Oses,
ancien directeur départemental adjoint du Val-de-Marne ; commissaire à 25
ans (1980), M. Oses a travaillé dans le Pas-de-Calais, en Moselle, dans l’Oise,
et à divers postes de la région parisienne, où il est devenu, en septembre
2002, le n°2 de la police seine-et-marnaise. Toujours à la DSPAP, Pascal Le
Borgne, précédemment commissaire central du 20e arrondissement, devient
sous-directeur des services spécialisés et Serge Rivayrand, ancien chef du
troisième secteur de la DPUP, est nommé sous-directeur de la police régionale
des transports. M. Rivayrand est l’auteur de « L'action de la police
nationale dans la lutte contre les violences urbaines » (Comprendre les violences urbaines, Regards sur l’actualité, mars 2006, La
Documentation française) Pour sa part, Jérôme Foucaud, précédemment chef
d'état-major et sous-directeur des services spécialisés de la DPUP, devient
chef d'état-major de l’agglomération parisienne. M. Foucaud était le patron de
la police du 19e arrondissement, jusqu’au 7 décembre 2008. Depuis le
28 janvier 2009, il y a été remplacé par le commissaire divisionnaire Frédéric
Cheyre, venu du 15e arrondissement.
La direction de sécurité de
proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP) fait partie des nouvelles directions de la police
d’agglomération, qui sont au nombre de cinq. La volonté du président Sarkozy de
créer cette police du Grand Paris, alors que la PP était déjà considérée comme
un « Etat dans l’Etat », remonte officiellement aux émeutes de
novembre 2005. On ne peut que constater que, pour la DSPAP, la plus grosse
unité, celle dite de la « sécurité de proximité », qui remplace (ou regoupe) la
PUP parisienne et les directions départementales de la sécurité publique des
trois départements de la petite couronne, ont été choisis quatre personnages au
profil particulièrement intéressant : Alain Gardère, repéré par Claude
Guéant (actuel secrétaire général de la présidence de la République) lorsque
tous deux étaient en poste en Bretagne voici sept ans, Serge Rivayrand, qui a travaillé sur
les violences urbaines, Pascal Le Borgne, qui a dirigé deux ans le commissariat
du 20e, et Jérôme Foucaut, qui a dirigé celui du 19e jusqu’aux règlements de comptes qui ont mené à la mort de Djamel dans les affrontements entre les bandes des cités de
Curial-Cambrai et de Riquet.
La DSPAP a été créée pour permettre à des unités
d'intervenir en renfort à tout moment et en tout point de Paris et de la petite
couronne en cas d'événement grave, et notamment de violences urbaines. Deux
« grandes unités projetables » ont été sont créées : une compagnie de
sécurisation et une brigade anti-criminalité de nuit, qui disposent d'antennes
en petite couronne. La DSPAP a également pour vocation « d'assurer une
présence policière quotidienne optimale sur l'ensemble de l'agglomération
parisienne ». En matière de sécurisation, et notamment depuis mai dernier,
les opérations de police se sont multipliées, comme ici. Sur le secteur Ménilmontant-Amandiers, par exemple, il y en a eu au
moins cinq en comptant celle du 25 mai, impliquant des hommes de tous les
services, depuis la brigade VTT du 20e jusqu’aux policiers
spécialisés du service technique et scientifique de la PP.
« Assurer à tous une
protection égale contre les cambriolages » fait aussi partie des missions premières de la DSPAP. Sur les huit premiers mois de 2009, les cambriolages ont baissé à
Paris de 6,83% selon la police, et les atteintes aux biens de 1,24%. En
Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne, les atteintes aux biens ont diminué
sur cette même période respectivement de 2,57% et 0,96%. En revanche, dans les
Hauts-de-Seine, elles ont augmenté de 2,62%. Les chiffres des Hauts-de-Seine,
dans leur évolution, sont les plus mauvais (voir la page 10 de ce document).
Pour ce qui concerne la
sécurité, thème ô combien fréquent dans les discours nationaux, la dernière
enquête de l’Institut d’aménagement et d’urbaniste d’Ile-de-France (Victimation et sentiment d’insécurité en Ile-de-France : le point en
2009), publiée cet été, indique que « 12,6% des enquêtés placent la
délinquance en tête des priorités assignées au gouvernement contre 39,2% en
2001 ». Les discours nationaux de nos politiques semblent fort éloignés
des préoccupations des Franciliens, davantage inquiétés par l’insécurité
« sociale » : 40,9% estiment que l’Etat doit lutter
prioritairement contre le chômage…
Fabien Abitbol, photo d’archives FA (DR)
è Le Paris du 20e, Printemps 2009 (n°48) cliquer ici, puis sélectionner « Printemps 2009 », à télécharger, où
se trouve un sujet sur les correspondants de nuit dans le 20e arrondissement
è Les directions, leurs effectifs (l’agglomération parisienne en chiffres et
carte sur le site de la PP)
è Un rapport décortique les phénomènes de bandes (février 2009), Hortefeux maintient les restrictions (août 2009)
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