Selon la presse, 150 cadets devraient rester sur le carreau
Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, présidait ce vendredi une cérémonie de sortie de promotion de cadets de la République en Auvergne. Et, dans un bel élan, les journalistes couvrant l’événement, n’ont pas écrit qu’il serrait la vis. Cent cinquante jeunes resteront à la porte de la police, alors que certains ont déjà signé leur contrat pour commencer à bosser — comme contractuels dans un premier temps — pour 50 % du SMIC à partir du 1er octobre (au lieu du 1er septembre, date initialement prévue, avant l'annulation).
Début août, les syndicat et des candidats malheureux avaient commencé à alerter la presse régionale, montrant le courrier ministériel du 31 juillet
—————
On se souvient de ces jeunes sans affectation (mais très affectés), pourtant désireux d’entrer dans la police nationale, et qui avaient réussi au concours, assez sélectif (30 % de reçus, en général), mais ouvert à tous, dans le cadre de la mixité sociale voulue fin décembre 2004 par Nicols Sarkozy, ministre de l’Intérieur (et pas président), sur un rapport de Azouz Begag, sociologue (et pas ministre).
Ils étaient ainsi 1 050 à être laissés en plan, de source officielle. 1 090, selon le comptage d’un syndicat (40 à Marseille, 50 à Paris, mille en France). Après l’affolement de Nicolas Sarkozy (devenu président), conté dans les colonnes du Canard enchaîné,(qui précise que chacun savait ce qu’il faisait) et l’intervention plutôt médiatisée de son fidèle ami, devenu ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, l’Associated Press avait titré Hortefeux promet 900 recrutements, et rappelé dès le premier paragraphe que 1 050 jeunes avaient réussi le concours. Nous étions le 12 août au soir. Gros silence.
Le 14 août au soir, j'expliquais ici par le menu comment Brice Hortefeux avait réussi à berner journalistes et syndicats policiers. Et aussi à réduire les prévisions comptables de Michèle Alliot-Marie. Ce qui, 48h plus tard, donnait sur le site Internet de Vendredi Info (rubrique “L'essentiel sur la Toile”) Hortefeux laisse 150 jeunes en plan.
Que s’est-il passé aujourd’hui à Châtel-Guyon (Puy-de-Dôme, Auvergne) ? L’Associated Press a titré sur le détail des recrutements et, pour ce qui concerne les cadets, a rappelé qu’ils seraient 900. Et a cité le ministre disant : « Tous les cadets ayant réussi, cette année, les tests de sélection seront bien incorporés, à partir du 1er octobre prochain ». Tous ? S'ils étaient 1 050 (ou plus) et que 900 sont pris… il y a pour le moins de l'abus.
Pour Reuters, qui en tant qu’agence à dominante économique devrait savoir compter, le titre original de la dépêche est « Hortefeux maintient les recrutements policiers,dont les "cadets" ». Or, pour ce qui concerne les cadets, le premier paragraphe indique que 900 seront recrutés et le septième que les 1050 qui avaient réussi les tests « avaient reçu fin juillet un courrier de l'administration les informant que leur formation était suspendue en raison de "la situation budgétaire du programme police nationale" ». La conjugaison du verbe « maintenir » s’adapte manifestement aux déclarations ministérielles récentes, et pas aux résultats du concours. Et cent-cinquante cadets se sont évaporés sans que la rédactrice de la dépêche (ni l’éditeur) ne s’en émeuvent. Cette dépêche est reprise dans les mêmes termes par Le Point, notamment.
A l’AFP, le titre mélange tout : Cadets de la République : 600 adjoints de sécurité et 900 gardiens de la paix recrutés en 2009.
Le troisième paragraphe indique : « "600 adjoints de sécurité (ADS) seront recrutés en 2009 de même que 900 gardiens de la paix d'ici la fin de l'année", a déclaré le ministre. » Le quatrième, un poil plus savoureux, détaille : « "900 cadets seront recrutés en 2009 et tous ceux qui ont réussi cette année les tests de sélection seront incorporés à partir du 1er octobre", a-t-il ajouté. »
Il faut arriver au huitième paragraphe, qui sera coupé ou réécrit dans la plupart des journaux papier (par manque de place), pour lire « 1.050 garçons et filles âgés entre 18 et 25 ans, qui avaient réussi les tests pour entrer le 1er septembre dans les écoles de police afin de devenir cadets de la République, avaient reçu fin juillet un appel téléphonique leur annonçant l'ajournement de cette formation, suivi d'une lettre. ». Et donc comprendre (à condition d'en faire l'effort), une fois de plus, que la parole du ministre a porté… davantage que l’analyse journalistique. On en reste à la version officielle publiée le 13 août à 10h43. Dans ce cas, à quoi servait ce déplacement, et pourquoi le couvrir ?
En France, désormais, réussir à un concours administratif,
puis obtenir que le ministre fasse croire que ses services ont seuls commis une
erreur, n’est plus une sécurité. Pas même celle de devenir contractuel dans la
Police nationale.
Fabien Abitbol
è Brice Hortefeux annonce 2400 recrutements, mais… (Vidéo de Clermont première,
via La Montagne)
Reprise dans la Vigie de Rue89.com
[mode troll] ça fait toujours 150 flics en moins [/mode troll]
Rédigé par : cynoque | 22/08/2009 à 20h23
Dans le bon sens du terme, on peut certes dire que ça fera cent cinquante déçus du Sarkozysme supplémentaire, mais dans le lot, certains ont dû démissionner (comme je l'avais expliqué dans ma note du 18 août citée dans ce sujet) et par conséquent n'auront droit à rien, d'autres rendre la clé de leur appartement, etc… Ils devaient, au 1er septembre, être libres de tout engagement.
Par ailleurs, la presse, qui a fait le déplacement en Auvergne pour s'entendre dire la même chose qu'à Paris une huitaine de jours auparavant, ne joue pas son rôle.
Rédigé par : Fabien | 22/08/2009 à 20h35
Franchement, en matière de manipulation, ils sont fortiches.
J'hallucine...
Rédigé par : aliciabx | 22/08/2009 à 21h40
Nan mais en même temps c'est clair que c'est toujours les mêmes qui se retrouvent sur le carreau : les plus jeunes et les plus agés du panel des gens voulant bosser. Et ça fait des drames. Alors merci qui? merci les ztazuni? même pas! Ici c'est merci la bonne vieille france! Elle nous décevra pas car ici c'est la loi du plus riche dans les milieux dits 'riches' et la loi du plus fort dans les milieux dits 'modestes'.
Rédigé par : cynoque | 23/08/2009 à 11h17