Parce qu’il n’y a pas que le 29e Salon du Livre avec ses promos par-ci ou par-là et que la situation aux Antilles hier comme celle à Mayotte demain méritent que l’on se penche sur le passé colonial de la France pour comprendre la crise ultramarine, la sortie de « La République impériale… » (Fayard éd.) tombe à pic.
Au tournant du XIXe
siècle, les républicains favorables aux conquêtes coloniales ont réussi là où
leurs prédécesseurs avaient échoué. Entre 1871 et 1913, les possessions
françaises en outre-mer sont passées de moins d’un million de kilomètres carrés
à treize millions. Quant aux « indigènes », leur nombre a progressé de sept à
soixante-dix millions en 1938. Extraordinaire expansion. Elle est sans
précédent dans l’histoire du pays qui, devenu la seconde puissance impériale du
monde après la Grande-Bretagne, est confronté à des tâches multiples et
complexes. Comment diriger un empire aussi vaste ? De quels instruments
politiques, administratifs, juridiques – le droit colonial par exemple – et
scientifiques la métropole a-t-elle besoin pour remplir les missions nouvelles
qui sont les siennes désormais ? Quelles orientations – assimilation ou
association – mettre en œuvre dans les territoires de la « Plus Grande France » ?
Telles sont quelques-unes
des questions auxquelles cet ouvrage entend répondre. En effet, les conséquences
de cette construction impériale sur les institutions, la vie politique,
l’enseignement supérieur et secondaire, les sciences humaines, qui voient se
développer en leur sein des sciences dites coloniales consacrées par la
création d’une Académie ad hoc, et la littérature, mobilisée à des fins de
propagande notamment, sont nombreuses. De là le surgissement inédit d’une
véritable République impériale dotée de structures diverses, qui vivent par et
pour les colonies, et d’un espace vital impérial jugé indispensable au
développement de la métropole et à la vie de ses habitants.
Pour rendre compte de ce
processus complexe et multiforme qui a longtemps affecté l’État et la société
civile, nous avons forgé le concept d’impérialisation et eu recours à une approche
dédisciplinarisée qui fait appel à de nombreux textes philosophiques,
politiques, juridiques et littéraires.
Olivier Le Cour
Grandmaison
La République impériale -
Politique et racisme d’Etat
Fayard, 11/02/2009
Collection : Essais
Prix public France: 23,00 € TTC
Code ISBN/EAN : 9782213625157 (Hachette : 3527157)
Format : 153 x 235, 408 pages
Pour lire le chapitre II (De l’assimilation à la « politique d’association »), cliquer ici
Olivier Le Cour
Grandmaison enseigne les sciences politiques et la philosophie politique à
l’Université d’Evry-Val-d’Essonne. Il a dirigé et animé plusieurs séminaires au
Collège International de Philosophie. Il a notamment publié Les Citoyennetés en
Révolution. 1789-1794 (PUF, 1992). Avec C. Wihtol de Wenden, Les Étrangers dans
la Cité. Expériences européennes, préface de M. Rebérioux (La Découverte,
1993). Le 17 octobre 1961 : un crime d’État à Paris (collectif, La Dispute,
2001). Avec C. Gautier, Passions et sciences humaines (PUF, 2002).
Ses derniers
ouvrages parus sont : Haine(s). Philosophie et Politique, avant-propos d’E.
Balibar (PUF, 2002) et Coloniser. Exterminer. Sur la guerre et l’Etat colonial
(Fayard, 2005), traduit en arabe en 2007. Avec G. Lhuilier et J. Valluy : Le
retour des camps ? Sangatte, Lampedusa, Guantanamo (Editions Autrement, 2007).
Commentaires