Une réunion du comité a lieu ce soir
« La 35e réunion du comité de soutien "Vérité & Justice pour Lamine D." aura lieu le vendredi 2 janvier 2009 à 19h à la FASTI », dans le 20e, 58, rue des Amandiers, apprend-on sur le blogue de soutien à Lamine Dieng, ce jeune homme du quartier Ménilmontant-Amandiers, décédé en juin 2007 entre les mains de la police dans des circonstances non élucidées à ce jour. Cette réunion, pour la première fois, se déroulera dans le cadre de la campagne nationale « Police, personne ne bouge ! », lancée à l’occasion du 22e anniversaire de la disparition de Malik Oussekine.
—————
Lamine Dieng est mort, deux mois avant ses vingt-cinq ans, dans un fourgon de police, dans le 20e arrondissement, entre 4h et 4h30 du matin, le 17 juin 2007
—————
La campagne « Police, personne ne bouge ! » a été lancée le 6 décembre dernier à Paris, en présence notamment de Nordinne Iznasni, du Forum Social des Quartiers Populaires (FSQP) et du MIB, de Mohamed Mechmache, président du collectif AC Le Feu, Olivier Besancenot, porte-parole de la LCR (NPA), Mouloud Aounit, président du MRAP, Samir Baaloudj, du MIB, porte-parole de la campagne « Police, personne ne bouge ! », Ramata Dieng, sœur de notre voisin Lamine et membre du Collectif Vérité et justice pour Lamine Dieng ainsi que de membres du comité Vérité et Justice pour Abou Bakari Tandia.
Et, le 23 décembre, à la veille de Noël, avait lieu à Grasse un rassemblement devant le palais de justice, en mémoire de Abdelhakim Ajimi, un jeune Tunisien de 22 ans, mort en mai dernier, vraisemblablement étranglé par la police après avoir été menotté, d’après ces témoignages relayés par les informations locales de France 3 Méditerranée.
Voilà la famille Dieng et ses voisins plus soutenus. Faut-il s’en réjouir ou le déplorer ? Car le point commun entre ces différentes personnes est qu’elles ont perdu un être cher, un frère, un ami, un voisin, un pote. Et à chaque fois dans des circonstances plus ou moins semblables : entre les mains de la police. Si dans certains cas on peut parler de « bavure » (physique ou morale, la mort de Malik Oussekine ayant sans aucun doute valu à Jacques Chirac de se faire très largement dépasser par François Mitterrand, un an et demi plus tard, à la présidentielle de 1988), dans d’autres, on ne sait rien. Ou on ne peut pas savoir.
—————
Plusieurs rassemblements de solidarité ont eu lieu dans le quartier (ici en novembre 2007). Désormais, le cas de Lamine Dieng rejoint la campagne nationale « Police, personne ne bouge ! », en espérant que les choses bougeront plus vite, enfin
—————
Lamine Dieng, né en 1981, est décédé le 17 juin 2007, rue de la Bidassoa (20e, non loin de la place Gambetta, ni de son domicile familial), après que la police ait été appelée pour un différend entre lui et sa compagne, alors que tous deux se trouvaient dans une chambre d’hôtel. Les démarches entreprises restent toujours au même point (ou presque) : la cause de la mort est un arrêt cardiaque. Ce qui n’explique pas pourquoi six (ou huit, selon les versions) policiers se sont chargés de « maîtriser » ce solide mais calme gaillard de vingt-cinq ans. Ni pourquoi il est mort, si jeune. Encore moins pourquoi, un an plus tard, en juin 2008, le quartier des Amandiers, solidaire (solitaire aussi…) se rassemblait en souvenir de Lamine, en colère, mais dans le calme et la dignité. En juillet encore, dans ce reportage vidéo, Ramata, la grande sœur de Lamine, expliquait à La Télé libre ce qu’elle était en mesure de dire.
Seules explications : le mutisme des autorités, le sentiment d’injustice, celui d’impuissance aussi. Le regroupement dorénavant des diverses forces, des divers savoirs, des diverses tristesses, et des familles endeuillées permettra, on ose l’espérer, d’avancer. Dans cette épineuse affaire, même un libraire, le seul libraire de ce micro-quartier, a fait l’objet d’intimidations policières. Pour avoir « osé » faire un détournement des affiches de soutien qui, au lieu de mentionner « mort dans un fourgon de police » avait écrit « Ici on meurt dans un fourgon de police ». Nous étions en juin 2007 ; un nouveau président de la République, dit « de rupture », venait de s'installer à l'Elysée. Auparavant, il avait été deux fois ministre de l'Intérieur en cinq ans.
Fabien Abitbol
Commentaires