Le fait du co-prince d’Andorre
L’ancien préfet du Var, Jean-Charles Marchiani, pourrait être libéré après le 15 ou le 20 janvier, a indiqué ce midi le site Internet du Figaro. Nicolas Sarkozy a gracié vingt-sept détenus au comportement irréprochable, comme Omar Raddad en 1996 par Jacques Chirac. Pourtant, durant sa campagne électorale, il avait affirmé son désir d’en finir avec cette possibilité dont même les jeunes militants UMP des Yvelines semblent ironiser dans ce billet, en faisant le total des mois passés en détention.
Son avocat, Me Trémolet de Villers (qui fut aussi celui de Paul Touvier) a transmis ce mercredi la demande de liberté conditionnelle de son client qui, selon ce communiqué de l’Elysée, a fait « acte de bravoure ou de courage ». Au total, vingt-sept détenus ont fait l’objet d’une grâce présidentielle, dont cinq pouvant sortir immédiatement. Bien que figurant dans la Constitution (y compris depuis le vote de la réforme des institutions en juillet) l’une des promesses du candidat Sarkozy, en 2006, était de ne pas utiliser le droit de grâce « parce que ça choque » et que « ce n'est pas parce qu'on est élu au suffrage universel qu'on doit amnistier tel ou tel ».
Jean-Charles Marchiani, ancien agent du Sdece (l’avant DGSE du boulevard Mortier) après avoir milité au mouvement d’extrême droite Jeune Nation (du temps de son soutien à une certaine Hongrie), avait été rattrapé par les affaires en 2004, alors qu’il était député européen (après avoir été secrétaire général de la zone de défense de Paris), est âgé de soixante-cinq ans. Proche de Charles Pasqua, il fait présentement partie des quarante deux prévenus de l’« Angolagate ».
Sa Légion d’Honneur lui a été retirée en mai, à effet rétroactif au 19 mars, une semaine avant qu’il ne se rende au quartier VIP de la prison de la Santé pour y purger ses deux peines devenues définitives (trois ans et un an). En octobre, alors que la confusion de ses deux peines avait été prononcée et que s’ouvrait le procès des ventes d’armes en Angola, il avait déclaré être « libérable le 19 octobre » et percevoir une retraite de 8 000 € mensuels.
Les six mois de remise de peine accordés à M. Marchiani ne plaisent pas à tout le monde et depuis hier diverses rumeurs circulent, dont une sur José Bové, démentie par l’intéressé, qui dit n’avoir rien demandé. La liste des vingt-sept noms ne sera jamais publiée au Journal officiel, comme c’est de mise pour chaque grâce individuelle. Reste à savoir pourquoi ce nom a filtré si vite (même si on pouvait en être certain depuis plus de dix jours, avec une nouvelle intervention) et à attendre de voir si l’Elysée donnera les autres noms.
Fabien Abitbol, photo : Le Figaro
Cette liste des vingt-sept noms est, il me semble, connue de la presse.
Dans un JT (C + ou télé publique), une liste floutée a été montrée. Seul le nom de Jean-Charles Marchiani était visible en dernière position.
Toujours selon le même JT, ce nom n'avait pas été proposé par le ministère de la Justice et aurait été ajouté par "Le Prince".
Rédigé par : Bernard | 25/12/2008 à 18h06
Comme indiqué ici, Bernard :
http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F780.xhtml
la liste n'est pas rendue publique (au JO), ce qui ne signifie pas qu'il n'y a pas de fuites, intentionnelles ou pas.
Dans l'affaire dite de Tarnac, par exemple, le rapport de police daté du 15 novembre (à l'issue des quatre jours de garde à vue) a été largement diffusé, et nous sommes plusieurs milliers à en avoir une copie.
Pour ce qui concerne spécifiquement le cas de M. Marchiani, il ne correspondait en effet pas aux critères demandés par le président de la République, d'où la bafouille élyséenne, qui n'est pas d'usage non plus, sur le "en prison ou avant"… ce qui ne veut pas dire, soit dit en passant, qu'il est le seul dans le lot !
Rédigé par : Fabien | 25/12/2008 à 18h12