« Merde, c'est pas vrai ! », s’est exclamé un député socialiste
« Le Parlement réuni en Congrès à Versailles a adopté lundi la réforme des institutions par 539 voix contre 357, soit une seule voix de plus que la majorité requise des 3/5e des suffrages exprimés », indique une dépêche de l’AFP. Nicolas Sarkozy, apprenant cette nouvelle depuis Dublin, où il passait l'après-midi pour convaincre les Irlandais de revenir sur leur vote, a estimé que « cette fois c'est la démocratie qui a gagné ». On est prié de ne pas rire à cette remarque de politique française faite, par surcroît, depuis l'étranger…
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Etat des forces en présence avant le Congrès de Versailles du 21 juillet
©AFP/Infographie
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Présentée par le président de la République comme « un moyen de renforcer les pouvoirs du Parlement », cette Réforme a vu une forte opposition de la part de la gauche (hormis le député PS calaisien Jack Lang, revenu exprès de vacances en Grèce) et de beaucoup de députés de droite, essentiellement des « villepinistes », le terme de « chiraquiens » étant semble-t-il aussi passé de mode que celui de « gaulliste » est mis à toutes les sauces.
La gauche y voyait une « présidentialisation accrue » du régime. Bernard Debré, député de Paris, avait annoncé son intention de ne pas voter la réforme. Son frère jumeau, président du Conseil constitutionnel, avait appelé les parlementaires à se déterminer « en leur âme et conscience ». Tous deux sont les fils de Michel Debré, l’un des auteurs de notre Constitution…
Pour être définitivement adopté, le texte devait être approuvé par au moins 60 % des suffrages exprimés. L’UMP et ses alliés centristes représentant en théorie 58,5 % des élus des deux chambres, ils ont tenté de convaincre les hésitants un à un. Même le président Sarkozy a mis les mains dans le cambouis. Quant à Jack Lang, qui avait rencontré le président de la République le 18 juillet, il avait annoncé son intention de voter « Oui ».
Selon un décompte établi par l'AFP en début d'après-midi, l'exécutif semblait quasiment assuré d'obtenir la majorité requise, avec le ralliement de dernière minute de plusieurs parlementaires UMP longtemps récalcitrants.
Un rejet du texte aurait constitué un revers de taille pour Nicolas Sarkozy. Les élus de « son camp », dont certains affirment avoir subi des « pressions », disent aussi redouter un régime « hyperprésidentiel » qui trahirait l'esprit de la Constitution élaborée par le général de Gaulle en 1958. Il s’agit en gros des « villepinistes ».
La Réforme permet notamment au chef de l'Etat de s'adresser au Parlement une fois par an, comme le fait le président américain. Le texte remanie largement la Constitution actuelle, dont il modifie environ la moitié des articles. Il revient sur un principe datant de 1875, qui interdit l'enceinte du Parlement au président au nom du principe de séparation des pouvoirs. Le chef de l'Etat conserve une immunité quasi-totale mais ne peut pas effectuer plus de deux mandats consécutifs.
Sur les 906 parlementaires, 905 ont voté. 896 suffrages ont été exprimés, établissant la majorité requise à 538 voix. Le camp des oui a obtenu 539 voix et celui des non, 357, ce qui fait deux vois d’écart entre les Oui et les Non, mais une seule voix pour que le Oui l’emporte. Parmi les réactions, les observateurs ont pu recueillir un « oh » de surprise, des applaudissements de certains élus ou un « Merde, c'est pas vrai ! » de la part d’un député socialiste.
A la question de savoir si « c'est la voix de Jack Lang » qui a fait la différence, Jean-François Copé (chef du groupe UMP à l’Assemblée nationale) a répondu : « J'aurais aimé que plus de socialistes votent la réforme. Je dis merci à Georges Tron (député UMP "villepiniste" tenté par le "Non" et qui s'est finalement rallié au "Oui") et pourquoi pas à Jack Lang ».
A. L., avec AFP
⇒ Le dossier d’Europe 1 avec ses sons, régulièrement mis à jour
⇒ Sarkozy obtient son feu vert à la poursuite des réformes (mises à jour fréquentes)
⇒ La dépêche AFP indique que Bernard Accoyer a voté. L’usage veut que le président de l’Assemblée nationale ne prenne pas part au vote.
beurk, beurk… suis écœurée ! faire autant de remue-ménage pour ça : c'est l'éléphant qui accouche d'une souris.
Bisounette es-animalis
Rédigé par : Bisounette | 21/07/2008 à 22h44
Entre les fils du père de la Ve République qui ne veulent pas tout retoucher, les "vrais" gaullistes qui finalement se laissent pour beaucoup acheter, le président de l'Assemblée nationale qui vote (lui qui, voici deux jours, disait que ça allait se jouer à une vingtaine de voix), Jack Lang qui ne respecte que lui-même et pas son parti, il y a de quoi en perdre son latin !
Tous les parlementaires ont voté (celui qui n'a pas voté est un UMP non pourvu, dans le Rhône, suite à une invalidation). Il aurait mathématiquement dû y avoir 170 voix d'écart…
Nicolas Sarkozy (ministre de l'Intérieur) avait interdit le racolage, et se félicite de la démocratie. Une mascarade, je trouve. Chacun son avis.
Rédigé par : Le ouaibemaître | 21/07/2008 à 23h23
on est véritablement chez Guignol, ma carte d'électeur ne sera plus utilisée, elle ne sert à rien.
Rédigé par : André974 | 22/07/2008 à 02h26
Lang le Maudit
Bienvenue en Monocratie
Rédigé par : Buzz l'éclair | 22/07/2008 à 07h10
Le détail du scrutin est ici :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/scrutins/jo9001.asp
Rédigé par : Le ouaibemaître | 22/07/2008 à 08h31
André,
ce n'est pas parce qu'un homme manipule tout le monde, y compris une partie de son camp, qu'il faut baisser les bras. n'oublie pas qu'il porte une particule et dort parfois à La Lanterne…
Rédigé par : Fabien | 22/07/2008 à 09h07
Buzz l'éclair,
si tu lis attentivement les détails du scrutin (ci-dessus), tu verras que, rien que chez les députés, dix ont voté Oui (Mme Chantal Berthelot, MM. Gérard Charasse, Paul Giacobbi, Mme Annick Girardin, MM. Joël Giraud, Jack Lang, Albert Likuvalu, Mmes Jeanny Marc, Dominique Orliac et Sylvia Pinel). On ne jette l'anathème que sur l'un d'eux.
A l'UMP, en proportion, ils ont été plus disciplinés. Et même Bernard Debré a voté Oui, ce qui n'était pas dans ses convictions.
Des manipulations, il y en a eu tout le week-end.
Rédigé par : Fabien | 22/07/2008 à 09h18