Atiq Rahimi, l'écrivain franco-afghan lauréat du prix Goncourt 2008, demande à la France de ne pas expulser d'Afghans et de leur accorder asile et éducation comme elle le fit pour lui, dans un message transmis par le Réseau éducation sans frontières (RESF).
Le romancier plaide pour ses compatriotes alors que des associations ont assuré que les 54 Afghans arrêtés la semaine dernière dans la région de Calais (Pas-de-Calais), au cours de deux opérations policières ciblées, et détenus au centre de rétention de Coquelles (Pas-de-Calais), allaient être prochainement renvoyés vers l'Afghanistan par un « charter » franco-britannique.
« La présence en France de ces 54 jeunes Afghans témoigne de la situation que connaît actuellement l'Afghanistan », écrit-il. « Les renvoyer dans leur pays, c'est les condamner à un avenir incertain, c'est prendre le risque de les laisser aux mains des fondamentalistes qui détournent le désespoir de cette jeunesse à des fins religieuses extrémistes ».
« Pour combattre l'obscurantisme, les armes à notre disposition sont multiples, mais la plus sûre et la plus efficace est l'éducation », poursuit le lauréat du Goncourt, qui a dû s'exiler au Pakistan en 1984 avant de demander l'asile en France.
Face à la montée des protestations et après plusieurs manifestations, lundi et mardi, le ministère de l'Immigration a assuré que les autorités britanniques avaient proposé à la France de « participer » à l'organisation d'un vol de « retours groupés d'Afghans » dans leur pays, mais n'avoir pris aucune décision.
Les militants associatifs assurent, eux, sur la foi des documents de retour, que des Afghans retenus en Grande-Bretagne au centre d'Oakington doivent être emmenés en France, à Lille, où ils prendront un charter de la compagnie Hamburg United Airlines en direction de Kaboul, avec une escale à Baku.
Plusieurs associations, dont la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et Amnesty International, ont souligné les risques encourus par ces Afghans en cas d'expulsion vers un pays déchiré par la guerre. La LDH a assuré que, parmi les derniers Afghans reconduits à Kaboul par l'Australie, « certains ont été mutilés puis décapités ».
Julie Cloris, pour LeParisien.fr
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