L'auteur présumé de l'attentat attribué à un groupe armé palestinien et qui avait fait quatre morts en octobre 1980 devant une synagogue parisienne, rue Copernic, a été arrêté au Canada, apprend-on au parquet de Paris.
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Le 3 octobre 1980, une bombe explosait rue Copernic, tuant quatre personnes et en blessant vingt. L'Allemagne avait identifié l'auteur présumé en 1999. Mais le juge Bruguière, alors en charge de l'enquête, n'avait rien fait. Lorsqu'il a quitté ses fonctions pour se lancer en politique en soutien ardent à Nicolas Sarkozy, son successeur, le juge Marc Trévidic, après avoir épluché les dossiers « en cours », a émis un mandat d'arrêt international contre l'universitaire identifié par la police allemande
Photo d'archives
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Hassan Diab, qui a la double nationalité canadienne et libanaise et enseignait la sociologie à l'université d'Ottawa, a été arrêté à 11h45, heure locale, à Gatineau, dans la province de Québec, en face d'Ottawa, précise-t-on, confirmant une information de L'Express sur son site Internet.
« Les juges français, dont Marc Trévidic, sont sur place », a-t-on précisé au parquet de Paris. Marc Trévidic, qui a pris la succession de Jean-Louis Bruguière dans cette affaire et d'autres en 2007, s'est rendu ces jours derniers aux Etats-Unis.
Il a recueilli d'autres éléments et témoignages sur le suspect, qui a séjourné dans ce pays dans le passé.
Hassan Diab, d'origine palestinienne et âgé d'une cinquantaine d'année, a été arrêté dans le cadre d'un mandat d'arrêt international délivré au début du mois par le juge Trévidic.
Il a été placé en détention et sera présenté à un magistrat canadien vendredi. Il devrait ensuite être placé sous écrou extraditionnel le temps que la justice canadienne statue sur sa remise à la France.
Dans des interviews à la presse française en 2007, il avait nié être la personne recherchée. « Je suis victime d'une nouvelle homonymie sans fondement. Mon nom de famille est très commun au Liban et dans les pays arabes », disait-il au Figaro.
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Simone Veil et Marek Halter en tête de la manifestation qui suivit l'attentat. A l’extrême gauche, on remarque Bernard-Henri Levy
Archives Sipa
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Il est soupçonné d'avoir confectionné et posé la bombe placée dans la sacoche d'une moto, peu avant la sortie de la synagogue, un vendredi, début de shabbat.
Trois Français et une Israélienne avaient été tués et vint personnes avaient été blessées.
Fichier
Cet homme, chef présumé du commando ayant perpétré l'attentat le 3 octobre 1980 a été identifié dès 1999 grâce au fichier de l'organisation dont il aurait été membre, le groupe palestinien dissident Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS, hostile à Yasser Arafat).
L'Allemagne s'est procurée ce fichier et l'a transmis à des pays amis, dont la France. Le juge Bruguière avait l'information dès 1999 mais ne s'en était pas servi, ne délivrant notamment aucune commission rogatoire internationale.
A l'époque des faits, la police avait pu établir un portrait-robot du poseur de bombe, grâce à des témoignages. Il montre un homme moustachu, d'une taille d'environ 1,70 mètre.
Les enquêteurs avaient aussi établi que c'est un homme utilisant un passeport chypriote au nom d'Alexander Panadriyu qui avait loué la moto utilisée pour l'attentat.
La justice française a ensuite obtenu de l'Italie un autre passeport utilisé par le chef du groupe FPLP-OS, identifié comme l'homme qui vit au Canada. La photo ressemble au portrait-robot.
L'attentat avait provoqué une émotion considérable en France et suscité une manifestation de protestation de plusieurs centaines de milliers de personnes à Paris le 4 octobre 1980.
L'affaire s'était aggravée d'une polémique après les commentaires du Premier ministre de l'époque, Raymond Barre, sur les lieux de l'attentat.
Il avait condamné « un attentat odieux qui voulait frapper les Juifs se trouvant dans cette synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic ».
Hassan Diab est également soupçonné d'avoir participé à l'attentat qui a visé en octobre 1980 la bourse du diamant d'Anvers, selon L'Express.
Jean-Baptiste Vey, Gérard Bon et Thierry Lévêque, pour Reuters
⇒ L’auteur de l’attentat de la rue Copernic identifié, par Jean Chichizola
⇒ Jean-Louis Bruguière, un juge d’exception, par Paul Labarique
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