Le président de la République Nicolas Sarkozy a déposé, jeudi 16 octobre, une plainte contre l'ancien directeur central des renseignements généraux (RG), Yves Bertrand, pour « atteinte à la vie privée » et « dénonciation calomnieuse ». Une enquête préliminaire devrait être ordonnée par le parquet de Paris.
Cette plainte fait suite à la publication d'extraits, dans l'édition du Point du 9 octobre, des carnets tenus par Yves Bertand, tout au long de ses années passées à la tête des RG. Il y était notamment fait mention de rumeurs visant Nicolas Sarkozy et son ancienne épouse Cécilia Sarkozy.
Y figuraient ainsi des allégations relatives « aux conditions de sa [Nicolas Sarkozy] séparation avec sa première femme sur fond d'adultère ». M. Bertrand avait également noté : « Sarko fait construire une villa à côté de Sartrouville, fait venir des entreprises de Neuilly au black ». Interviewé, M. Bertrand avait indiqué : « les destinataires de mes notes étaient le cabinet du ministre de l'intérieur, Matignon et l'Elysée ».
Dans sa plainte, rédigée par son avocat, Me Thierry Herzog, M. Sarkozy estime donc que « Yves Bertrand a laissé porter à la connaissance d'autrui des informations relatives à la vie privée, portant atteinte à celle-ci, et a également, par les écrits contenus dans ces carnets, altéré frauduleusement la vérité, avec une intention de nuire indiscutable ».
Cette plainte vise-t-elle aussi l'hebdomadaire Le Point ? « Elle est dirigée contre M. Bertrand, indique au "Monde" Me Herzog, à charge ensuite pour la justice de déterminer si la publication doit être considérée ou non comme complice du délit ».
« Pratiques inadmissibles »
L'avocat demande donc au parquet de « bien vouloir engager les poursuites qui s'imposent à l'encontre de toutes les personnes, physiques ou morales, auteurs et co-auteurs, ou complices des infractions dénoncées ».
Le président de la République avait déjà poursuivi le journaliste Airy Routier, qui avait relaté, sur le site internet du Nouvel Observateur, un prétendu SMS échangé entre Cécilia Sarkozy et M. Sarkozy. Le journaliste avait ensuite admis ne pas avoir vérifié son information, puis il avait présenté ses excuses. Du coup, M. Sarkozy avait retiré sa plainte.
« M. Sarkozy considère que ces pratiques sont inadmissibles, explique Me Herzog, leurs auteurs doivent en répondre devant la justice. Il ne s'agit pas là de brouillons, mais de rumeurs et ragots destinés à être transmis et exploités. M. Sarkozy, lorsqu'il est devenu ministre de l'intérieur, avait d'ailleurs exigé la suppression des "notes blanches" [notes sans en-têtes] et fait déplacer M. Bertrand ».
Gérard Davet, pour LeMonde.fr
⇒ Le commissaire Bertrand a la mémoire qui flanche
⇒ Les carnets noirs de la République (Le Point du 9 octobre)
⇒ L’information sur Europe 1 devrait être amenée à se développer
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