Le CLEJ, mouvement juif laïque de jeunesse, qui transmet, notamment, aux enfants, l’histoire de la Shoah depuis des décennies, s’insurge contre la proposition présidentielle.
Le CLEJ, Club laïque de l’enfance Juive, est un Mouvement de jeunesse issu du BUND (Union Générale des travailleurs juifs de Russie, de Pologne et de Lituanie), mouvement ouvrier juif créé en 1897 qui disparaîtra dans la tourmente nazie. Beaucoup de militants ont été exterminés, d’autres ont survécu. Nous sommes les héritiers de ces gens-là.
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Quelques-uns des enfants d’Izieu (ici en 1943), déportés en avril 1944. Sur les 44 enfants, la seule survivante, Sabine Zlatin, est décédée en 1996.
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Nous organisons depuis de nombreuses années des colonies de vacances où la transmission de l’histoire et de la culture juive tiennent une grande place. Dans cette histoire, la Shoah occupe forcément une place particulière.
Nous nous élevons fermement contre la proposition de faire parrainer par les enfants de CM2 les 11 000 enfants juifs déportés de France et exterminés lors de l’Occupation nazie avec la complicité active du Gouvernement de Vichy.
Le clientélisme de cette proposition annoncée lors du dîner annuel du CRIF nous est particulièrement odieux. La mémoire de cette tragédie est suffisamment traumatique pour qu’elle ne se transforme pas en un poids « officiel » sur la conscience de tous les enfants d’aujourd’hui âgés de dix ans.
Comment parrainer un enfant mort, « parti en fumée », de mon âge, sans s’écrouler sous le poids de la culpabilité, « il est mort, je suis vivant », ou la rejeter violemment « je n’y suis pour rien » ?
Cette proposition révèle au mieux une incompréhension totale de la substance d’un véritable travail de mémoire, au pire une manipulation sur le mode compassionnel.
Evidemment, le devoir de mémoire et d’identification doit se faire, mais c’est aux adultes d’agir. Ainsi, la pose de plaques commémoratives dans les écoles, les collèges et les lycées à Paris est exemplaire. Cela permet aux enseignants de construire un vrai travail pédagogique.
De même, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah mène une action formidable de recherche historique, de mémoire et de pédagogie, permettant à de nombreux enseignants d’ évoquer avec leurs élèves cette atroce réalité, qui est et restera difficile à aborder et à comprendre.
Dans une société menacée par les communautarismes, l’initiative du Président se révèle contre-productive et dérape vers des rivalités mémorielles malsaines : « Pourquoi vos morts ont-ils plus de poids que les nôtres ? ». Nous pensons qu’au-delà de cela, comme d’autres tragédies vécues par d’autres peuples à d’autres périodes, la Shoah est une catastrophe qui ne concerne pas uniquement le peuple juif, mais toute l’espèce humaine.
Faire comprendre et partager cette idée-là ne se décrète pas.
Le comité du CLEJ
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⇒ Le site de Dominique Natanson contient une page pour les élèves.
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