Un état des lieux dressé par « Le Parisien »
« Le Parisien / Aujourd’hui en France » publie ce lundi une double page en vue du congrès de l’UMP qui, le 14 janvier, doit voir (on commence à le savoir…) le sacre du candidat unique, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire, Nicolas Sarkozy.
Vous trouverez ci-dessous, additionné de quelques liens pour une meilleure compréhyension, une grande partie de ce sujet, à savoir :
• le sujet principal sur l'exaspération des chiraquiens,
• l’entretien avec Jean-Christophe Cambadélis, député de la 20e circonscription de Paris (19e arrondissement),
• un décryptage de l’entretien que M. Galouzeau de Villepin a accordé hier à « Canal + » (c’était la première fois qu’un Premier ministre en exercice était invité par Laurence Ferrari),
• les pronostics en cas de départ anticipé du gouvernement de M. Sarkozy pour se consacrer à sa campagne, sachant que le président de la République a demandé aux ministres de se consacrer pleinement à leur travail, que l’entourage du ministre d’Etat (son épouse en premier) souhaite qu’il reste jusqu’au bout en fonction, que M. Sarkozy lui-même dit que son départ n’est pas d’actualité et que certains de ses proches lui avaient conseillé de démissionner dès le 6 décembre, jour de la Saint-Nicolas…
Les autres sujets ont été volontairement occultés car sans lien direct avec Paris…
Pendant la Trêve des confiseurs, Y’a comme un goût, un nouveau blogue de décryptage a été lancé sur le moteur francophone Wordpress, qui recense nombre de blogues (critiques ou informatifs) déjà existants et se livre à certaines analyses.
Pendant ce temps, le président du Front national M. Le Pen rêve d’un second tour contre Mme Royal, actuellement en tournée dans l’Empire du milieu, considéré par le « Monde diplomatique » comme la nouvelle puissance commerciale. Jusqu’à présent, d’aucuns considèrent Jacques Chirac comme le meilleur commercial de France. Ce cas de figure paraît « totalement impossible » aux yeux de Jack Lang, conseiller spécial de Ségolène Royal, qui précise que « tout sera mis en œuvre pour que ce ne soit pas le cas ». Il aurait bien aimé, dit-il, inventer le concept de « bravitude ».
Ce soir, alors que M. Lang est l’invité du « Monde », de « i>Télé » et de « France Inter » à 19h30 (« Le Franc Parler », dont les meilleurs extraits seront publiés dans le quotidien du soir), Mme Alliot-Marie est sur RTL dans « Le Grand débat », comme cela est annoncé depuis le 22 décembre 2006.
Cette année, M. Galouzeau de Villepin devrait attendre le 16 janvier (soit après le Congrès de l’UMP) pour présenter ses vœux à la presse. Le logement, la précarité, la solidarité et l’entreprise, murmure-t-on dans son entourage, seront au cœur de son allocution. Soit à peu près les mêmes thèmes que lors des vœux du 10 janvier 2006.
Bonne lecture…
Fabien Abitbol
Illustration © www.antisarko.net
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Le sacre de Sarkozy exaspère les chiraquiens
A six jours de l'intronisation, dimanche porte de Versailles à Paris, du candidat unique de l' UMP, la nervosité gagne, de l'Elysée à Matignon, les rangs de ceux qui rêvent d'une alternative à Sarkozy. Et veulent croire que rien n'est joué.
A L'ARRIVÉE, le carré des ultra-chiraquiens se résignera peut-être. Mais, jusqu'au dernier moment, ils feront tout pour bloquer Nicolas Sarkozy. Vendredi, au micro de RTL, Jean-Louis Debré - dont Jacques Chirac veut faire le prochain président du Conseil constitutionnel - confie qu'il ne donnera pas sa voix au candidat Sarkozy.
Hier, devant les caméras de Canal +, Dominique de Villepin fait de même : oui, il ira dimanche, porte de Versailles à Paris, au Congrès d'investiture du candidat unique de l'UMP, mais il n'y prendra pas la parole, et se contentera de venir y déjeuner.
L'Elysée avait déjà annoncé qu'il n'y aurait en ce lieu symbolique de la geste chiraquienne - puisque c'est là que fut créé le RPR, en décembre 1976 - aucun message du chef de l'Etat, et que Bernadette sécherait ce rendez-vous en forme de plébiscite. Si l'on ajoute que Michèle Alliot-Marie - peut-être plus pour très longtemps - entretient le mystère sur ses intentions, et si l'on prend en compte surtout la déferlante des leçons de gaullisme adressées par le chef de l'Etat à son ministre de l'Intérieur, le doute n'est plus permis : les chiraquiens ne supportent pas le triomphe annoncé d'un homme qui fait passer à la trappe le bilan des douze dernières années, assure vouloir « rompre » avec les pratiques élyséennes et prétend ouvrir une nouvelle ère : moins roublarde, plus vraie, plus à l'écoute des attentes des Français. Au minimum, ces chiraquiens-là réclament, s'il doit y avoir demain une présidence Sarkozy, d'y avoir leur place et, pour commencer, d'être aujourd'hui respectés.
Les trois scénarios
Dans ces conditions, peut-on imaginer une nouvelle candidature Chirac, même si 81 % des Français, selon un sondage Ifop-« Journal du dimanche », disent ne pas la souhaiter ? Trois scénarios sont possibles.
1. Chirac y va. Lui qui n'a jamais connu que la politique ne se résout pas à l'abandonner. A 74 ans, il tente donc le tout pour le tout. Persuadé que, comme en 1995, quand les sondages le donnaient archi-battu face à Edouard Balladur, il peut remonter la pente. Et faire jouer, face à de jeunes quinquas et contre Le Pen, son « expérience ».
2. Chirac se tient prêt « au cas où ». Il y a dans la chiraquie un scepticisme historique sur la capacité de Sarkozy à rassembler, et à tenir jusqu'au bout sans craquer. Aussi le guettent-ils, n'arrivant pas à croire que, cette fois, il ne fera pas « la » faute. Dans cette hypothèse, le chef de l'Etat occupe le terrain pour ne pas laisser d'espace à un Villepin qui rêve de ce scénario-là, et foncerait aussitôt. Or, pour Chirac, s'il doit y avoir un héritier, c'est Juppé.
3. Chirac passe un deal. La démarche de Sarkozy le heurte trop. Du coup, il exerce une pression maximale sur le président de l'UMP pour l'obliger à respecter sa fin de mandat, à assumer l'héritage, à tenir un discours plus gaullien et pour qu'il accepte de partager le pouvoir. Selon la réponse, Chirac s'engagera plus ou... moins. Et sinon ? Eh bien pourquoi Chirac, faute d'héritier légitime, se priverait-il de donner un discret coup de pouce à Royal ? Après tout, en 1995, contre Balladur, François Mitterrand n'avait-il pas agi ainsi à son profit ?
© Bernard Mazières et Dominique de Montvalon (Le Parisien, lundi 08 janvier 2007)
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« La guerre des trois fait rage »
JEAN-CHRISTOPHE CAMBADÉLIS, député PS de Paris
Quelle analyse faites-vous du comportement des chiraquiens en ce début d'année électorale ?
Jean-Christophe Cambadélis. La guerre des trois fait rage : Dominique de Villepin veut nuire à Nicolas Sarkozy, qui veut lui-même détruire Jacques Chirac. J'ajoute que le président veut éconduire le patron de l'UMP ! On constate, c'est un euphémisme, que Sarkozy est contesté, il n'arrive pas à rassembler.
Mais le Premier ministre est grotesque dans sa volonté de faire battre son ministre de l'Intérieur.
Nicolas Sarkozy n'arrive peut-être pas à rassembler, mais seulement au sommet de la chiraquie...
Peut-être. Mais il semble que ce sommet soit quand même une expression, certes déformée, mais bien réelle, d'une base qui s'interroge sur la capacité de Sarkozy à incarner l'orientation classique de la droite.
« Chirac pèsera peu »
Selon vous, ce ne serait pas seulement une querelle d'hommes ?
Non, sûrement pas. Je crois que Jacques Chirac fait la démonstration dans les mots, comme d'habitude, de ce que devrait être une politique gaulliste dans la mondialisation. Il prend ses distances avec la rupture libérale chère à Nicolas Sarkozy, qu'il juge non conforme aux canons du gaullisme.
L'Elysée a facilité le voyage de Ségolène Royal au Proche-Orient. Pensez-vous que le président sera tenté de la soutenir en sous-main, comme Mitterrand l'avait fait en 1995 avec Chirac ?
François Mitterrand avait, après quatorze ans, toujours une écoute, une aura, un charisme, ce dont Jacques Chirac est totalement dépourvu, comme le démontrent les 70 % de Français qui ne souhaitent pas son intervention dans la campagne présidentielle. Chirac pèsera aussi peu sur celle-ci que sur son quinquennat.
© Propos recueillis par Nathalie Segaunes (Le Parisien, lundi 08 janvier 2007)
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Villepin n'exclut aucun scénario
VESTE de week-end en velours côtelé, teint hâlé au soleil de la Martinique où il a passé les fêtes de fin d'année, le Premier ministre, tout sourire, a fait hier sur Canal + une rentrée offensive. Tout le monde en a pris pour son grade. Bien sûr, il y a eu le coup de patte à Ségolène Royal et à la gauche qui n'ont, dit-il, rien fait pendant la législature Jospin pour le logement social.
Mais ce fut furtif. Dominique de Villepin, un tantinet professoral et assurant qu'il participe au débat « en toute liberté », préfère donner son avis sur le déroulement global de la campagne présidentielle. Et il n'est pas tendre, y compris pour Nicolas Sarkozy. A ses yeux, la campagne se limite jusqu'ici « à quelques vocalises, et jolies images avec de belles écharpes ». Autrement dit, le compte n'y est pas. Ni à gauche, ni à... droite. Il faut plus de « vision » et, pour sa famille politique, un candidat qui gagne en densité. Et « se métamorphose », comme l'avait réussi Jacques Chirac en 1995, devenant le candidat des Français et non pas celui d'un parti. Du coup, le 14 janvier, Villepin participera, porte de Versailles, au déjeuner du congrès d'investiture de l'UMP, mais il ne... votera pas. Motif officiel : « Le chef de l'Etat ne s'est pas encore prononcé. »
Entre deux reportages, l'un dans son bureau encombré de livres d'art et de poésie (« Cela donne de la hauteur à la politique »), l'autre dans le parc de Matignon, où il confirme avoir bien fait 100 pompes lors d'une brève pause au moment de sa très longue audition par les juges de l'affaire Clearstream, Villepin - sans jamais le citer - administre une leçon particulière et plutôt rosse de politique à Sarkozy. Il invite le ministre de l'Intérieur - auquel il a déjà trouvé un successeur place Beauvau, mais il en tait le nom - « à s'élargir », « à s'étoffer » et « à additionner au lieu de réduire ». « Si l'on veut aligner une famille politique derrière un candidat sous forme de petits pois ou de sardines dans une boîte, martèle-t-il drôlement, vous ne gagnez pas comme ça. » Et le « vous » en question s'adresse à ses amis de l'UMP.
« Les choses sérieuses se jouent entre les 30e et 40e km »
Auparavant, il avait salué ostensiblement le travail de Michèle Alliot-Marie, encensé celui de Jean-Louis Borloo, souhaitant que l'un et l'autre soient réellement pris en compte. Villepin a même tenu à révéler - pour mieux montrer que, dans son équipe, on
« bosse » et on a le souci de l'essentiel - que son ministre de la Cohésion sociale, la nuit précédente, s'était
« couché à 3 heures du matin pour trouver des solutions concrètes à tous ceux qui vivent sous des tentes » le long du canal Saint-Martin, à Paris. Dans la foulée, il invite Sarkozy à passer la surmultipliée en se souvenant qu'en 1995 Chirac avait su, lui, créer
« une coalition de volontés ». Et aussi de ténors puisque s'étaient retrouvés autour de lui Madelin, Debré, Juppé, Séguin. Des personnalités qui, à aucun moment, n'avaient eu le sentiment de
« se renier » en jetant ensemble
« tout leur poids dans la bataille ». Le message est clair, et s'adresse à Sarkozy : impossible à un candidat de l'emporter
« sur son seul nom ». Villepin sera-t-il entendu de son ministre de l'Intérieur ? On verra. Pour l'heure, il reste
« à sa place, tout à sa tâche de Premier ministre ».
Dimanche, au congrès de l'UMP, celui du sacre de Sarkozy, il ne prononcera aucun discours : « Pour ne pas ôter son sel, ironise-t-il, à cette réunion où sera connu le vote des militants. » Façon de laisser la porte ouverte à toutes les hypothèses, y compris - sait-on jamais ? - sa propre entrée en campagne. Car lui, le marathonien, qui a toujours, insiste-t-il, terminé ses courses, sait qu'il ne sert à rien de « gambader entre le 15 e et le 20 e kilomètre », les choses vraiment sérieuses se jouent entre le 30 e et 40 e kilomètre. C'est-à-dire dans l'ultime ligne droite. Bref, c'est peu dire que, hier sur Canal +, Villepin a trahi la considération mitigée qu'il porte au candidat Sarkozy.
© Martine Chevalet (Le Parisien, lundi 08 janvier 2007)
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Qui pour tenir la place Beauvau ?
SI Nicolas Sarkozy n'a pas encore dit quand il quittera la place Beauvau pour se consacrer à la campagne présidentielle (« Ce n'est pas d'actualité », insiste même l'un de ses proches), Dominique de Villepin a, lui, d'ores et déjà choisi quelqu'un pour le remplacer ! « J'ai un nom », a-t-il dit hier sur Canal +. Ajoutant aussitôt : « Je ne vous le donnerai pas. » Car si le Premier ministre a un nom en tête, c'est au final Jacques Chirac qui choisira l'ultime ministre de l'Intérieur de la mandature.
Plusieurs noms de membres du gouvernement, susceptibles de reprendre en main pour quelques mois ce secteur ministériel stratégique qui est chargé de l'organisation des élections, circulent dans les allées du pouvoir. Premier d'entre eux, celui de François Baroin, 41 ans, actuel ministre de l'Outre-mer. Proche de Chirac, soutenu par Matignon, il présente aussi l'avantage d'être « sarko-compatible ». Les autres pressentis sont moins « consensuels » : Brice Hortefeux, ministre délégué aux Collectivités territoriales, est celui que Sarkozy aimerait voir lui succéder, mais passe pour être trop proche du président de l'UMP pour avoir la confiance de Chirac. A l'inverse, Christian Jacob, ministre de la Fonction publique, dont le nom circule aussi, est trop clairement estampillé chiraco-villepiniste pour convenir à Sarkozy. Idem pour Henri Cuq, ministre des Relations avec le Parlement, qui plus est peu connu du grand public. En revanche, Dominique Perben, ministre de la Justice (*), rallié à Sarkozy mais bien vu de Chirac, pourrait convenir aux deux.
En clair, le nom du futur ministre de l'Intérieur en dira long sur l'état des relations Sarkozy-Chirac.
© N.S. (Le Parisien, lundi 08 janvier 2007)
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NB : M. Dominique Perben est en réalité ministre des Transports, de l’équipement et du Tourisme… Il était Garde des Sceaux, ministre de la Justice de 2002 à 2005 sous les trois gouvernements Raffarin.
Par ailleurs, un journaliste du « Monde » devait se rendre cet après-midi à Evreux (Eure), ville dont le maire est M. Michel Debré, afin de prendre la température et de publier un article pour la fin de la semaine… sans doute avant le Congrès du 14.
F.A.
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Rajout du 10 janvier : A la lecture des grilles prévisionnelles de télévision de ce jour (celles que l'on appelle "J -15" et qui servent à la confection de la plupart des hebdos de télévision) on découvre que, le lundi 29 janvier, France 3 proposera une grande émission sur le thème : « Quelles valeurs pour la France ? ». Cette émission doit être présentée par Jean-Michel Blier, de France-Info et France Europe Express, dont on sait le rôle qu'il a tenu dans la préparation du référendum du 29 mai 2005 et... Marie Drucker, qui a fait savoir le 13 décembre qu'elle arrêtait provisoirement la présentation du « Soir 3 » du fait de sa relation avec un « homme public » ! Le lendemain d'ailleurs, le ministre de l'Outre-mer François Baroin déposait plainte pour atteinte à la vie privée (et non au droit à l'image, ce qui est surprenant pour un personnage qui a fait à la fois des études de journalisme et des études de droit)… Marie Drucker est également pressentie pour continuer ce type d'émissions (sur les thèmes de campagne) en février et en mars sur France 3… Selon le dossier de presse, il s'agit de partir du cœur des préoccupations des Français pour aller chercher les réponses auprès des politiques.
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