La préfecture de police dément que des riverains aient été fichés
La préfecture de police de Paris (PP) a précisé mercredi que la direction des Renseignements généraux avait pris « officiellement contact » avec les riverains de la rue d’Enghien, là où se trouve le siège de campagne du ministre-candidat Nicolas Sarkozy, ce que des riverains n’apprécient guère… au point d’avoir créé un blogue intitulé « rentre chez toi ».
Les précisions de la PP ont été rendues publiques sous la forme d’un communiqué de presse indiquant d’emblée que « Les candidats déclarés à l’élection présidentielle font l’objet de mesures générales de protection de nature à permettre le déroulement normal de leur campagne électorale ». Difficile d’en attendre moins de la part d’un service dépendant directement du ministère de l’Intérieur, puisque c’est ce ministère qui, à Paris, s’occupe exclusivement de la police… (qu’il s’agisse de circulation ou de contrôle d’identité…). Le communiqué précise également qu’« aucune inscription dans un fichier de police » n'avait été faite à cette occasion.
Des renseigements… généreux !
Le site du « Nouvel obs » avait titré « Quand les RG fichent les voisins du QG de Nicolas Sarkozy » et affirmé qu'une « cellule des Renseignements généraux » avait fiché « les riverains du siège de campagne du candidat UMP ».
Selon le communiqué de la préfecture de police de Paris, le siège de campagne de Nicolas Sarkozy du 10e arrondissement de Paris, « a fait l'objet de vérifications d'environnement et de mesures de protection diligentées d'initiative par le préfet de police et réalisées par ses différents services », pour éviter « la présence de personnes qui pourraient utiliser leur immeuble comme base d'actions agressives ». Il est vrai que, tous les matins, à 8h30, de nombreux ministres se rendent rue d'Enghien (délaissant ainsi leurs fonctions le temps, auu moins, d'un petit-déjeuner/debriefing, et parfois même Cécilia Sarkozy s'y fait escorter pour être des leurs (elle partage un bureau avec deux des conseillers de son époux au beau milieu des mille mètres carrés de ces vastes bureaux où - paraît-il - seul le président de l'UMP a son bureau privé pour y régner seul, avec quelques photos de famille)…
Pourtant, le site de l’Obs publie une copie de ce document (dont un extrait est ci-dessus), que certains bloggueurs de « Rentre chez toi » affirment ne pas avoir reçu… à l’instar de celui-ci, qui habite dans l’immeuble du siège de campagne de Nicolas Sarkozy. Cet après-midi, sur Europe 1, une auditrice habitant en face du 18 affirmait avoir reçu plusieurs appels puis la visite de plusieurs policiers (présentant leur carte professionnelle) qui ont regardé par les fenêtres et pris des photos depuis chez elle… Un autre utilisateur du blogue, qui habite sur le trottoir du QG de campagne, publie ICI le texte affiché dans le hall de son immeuble…
Ce matin, toujours sur Europe 1 (il s’était fait inviter par son ami Jean-Pierre Elkabbach à 8h20, avant de se rendre à la convocation l'invitation de Nicolas Hulot pour y signer son "pacte"), Nicolas Sarkozy avait qualifié de « calomnie » les propos du « Canard enchaîné » paru le mardi après-midi. L’hebdomadaire satirique avait titré en manchette sur l’enquête autour du couple Royal-Hollande, poussant certains « responsables socialistes » à demander au président de la République la démission du ministre d’Etat. Il faut croire que, pour l’instant, bien qu’il ait reproché à M. Sarkozy de vouloir emmener à Londres Mme Alliot-Marie, M. Chirac n’en a cure, puisque, à l’occasion des trente ans du Centre Georges-Pompidou, il a réclamé « davantage de culture dans la campagne »… Passer des Arts premiers (pardon : du “ musée du Quai Branly ”, puisque c'est sa dénomination officielle) aux Arts contemporains demande, il est vrai, une certaine ambivalence.
Et ce soir, c’est François Bayrou, le président de l’UDF, qui a dénoncé sur RTL une « République des fiches ». Le candidat de l'UDF « pense depuis longtemps » que Nicolas Sarkozy n'aurait pas dû cumuler les fonctions de candidat et ministre de l'Intérieur.
On « apprend tous les jours de nouvelles pratiques où l'on fiche, où l'on enquête sur les gens », a dénoncé le candidat UDF sur RTL, décidément de plus en plus remonté contre le gouvernement, de plus en plus « rebelle », comme le caricaturent les Guignols de l'Info de Canal + . C'est « une manière de les tenir, et moi je déteste cette République des fiches », a-t-il ajouté avant de se rendre au 20h de France 2 pour souligner qu’il pensait « depuis longtemps que Nicolas Sarkozy n'aurait pas dû être à la fois candidat à la présidence de la République et ministre de l'Intérieur, parce que le ministre de l'Intérieur, c'est celui qui est chargé d'organiser les élections dans notre pays »…
Sur RTL il avait aussi souligné que le ministre de l'Intérieur « a avec lui les services de l'Etat, la police, les Renseignements généraux et la DST, c'est-à-dire services secrets et services de l'Etat ». Nicolas Sarkozy « utilise les moyens de l'Etat dans le cadre de sa campagne électorale (...) Quel genre d'Etat on aurait s'il était élu ? », s'est demandé à juste titre M. Bayrou, dans la mesure où Nicolas Sarkozy avait annoncé qu'il ne quitterait ses fonctions que deux semaines avant le 1er tour du scrutin…
André Léger
(Illustrations : site du Canard enchaîné, site de Canal +, D.R.)
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