Ménilmontant, mais oui madame...

Katerina Golubeva : obsèques samedi au Père-Lachaise

Les obsèques de l’actrice Katerina Golubeva, qui s’est donné la mort le 14 août dernier, auront lieu samedi 20 à 11h30 au cimetière du Père-Lachaise, indique un avis de décès publié dans le carnet de Libération jeudi 18 août.

Katerina Golubeva, 44 ans et mère de trois enfants, était la compagne de Leos Carax et vivait dans un discret passage près du métro Pyrénées, dans le 20e arrondissement.

Née à Saint-Pétersbourg en octobre 1966 dans ce qui était l’URSS, cette actrice aux yeux bleu clair et au teint diaphane avait commencé sa carrière au milieu des années 80 en Russie. Elle avait aussi joué dans les années 90 dans des films du réalisateur lituanien Sharunas Bartas, qui a été son mari, dont Trois jours (1991) et Few of us (1996).

Côté cinéma français, cette actrice discrète avait joué pour Claire Denis (J'ai pas sommeil, 1994, L'intrus, 2004), Bruno Dumont (Twentynine Palms, 2002) ou plus récemment Sandrine Dumas (L'invention des jours heureux, 2010). Ce court-métrage sur le sort de deux immigrées, l’une Russe l’autre Chinoise, présenté au 33e festival Films de femmes à Créteil, fut primé au printemps 2011 (prix du public, meilleur court-métrage français).

Aux côtés de Guillaume Depardieu, disparu en octobre 2008, Katerina Golubeva avait joué dans Pola X (sélection officielle à Cannes 1999) de Leos Carax.

«Son visage magnifique a plus d'angles qu'un peintre ne peut en rêver. […] Katerina Golubeva est vraiment la plus belle des compagnes de cinéma», avait écrit Leos Carax à son sujet en présentant deux films de Sharunas Bartas.

Cette nuit, en quittant le domicile de Katerina Golubeva, je suis passé comme presque chaque soir devant celui de Marie Trintignant, décédée subitement voici juste huit ans. Deux demeures discrètes pour deux femmes rayonnantes, parties trop tôt pour le Père-Lachaise.

F. A., photo D.R.

Sa filmographie sur l’IMDb

Mocky à l'air libre

L'association Les Canotiers organise pour la 4e année son Festival Ciné-Ménilmontant, du 8 au 12 juin 2011. Comme d’habitude en plein air, il rendra hommage cette année à Jean-Pierre Mocky, avec cinq films, projetés gratuitement.

Chaque soirée commence par un concert, gratuit également, à 20h30. Le tout au pied de l’église Notre-Dame de la Croix de Ménilmontant, dans le 20e, Place Maurice-Chevalier.
•Mercredi 08 juin:
Concert : Claudio Zaretti
Film : La grande lessive(!), avec Bourvil et Francis Blanche
• Jeudi 09 juin:
Concert : Pauline Paris
Film : A mort l'arbitre, avec Michel Serrault et Eddy Mitchell
• Vendredi 10 juin:
Concert : Elise Berthelier
Film : Un linceul n'a pas de poches, avec J-P Mocky et J-P Marielle
• Samedi 11 juin:
Concert de Julien Robinson
Film : Un drôle de paroissien, avec Bourvil et Jean Poiret
• Dimanche 12 juin:
Concert : Gino et Guigui et l'orgue de barbarie
Film : Le miraculé, avec Michel Serrault et Jean Poiret

Les rendez-vous sont fixés chaque soir Place Maurice-Chevalier, à Ménilmontant, à partir de 22h00 pour le film, 20h30 pour le concert.

Métro Ménilmontant, bus 96 (arrêt Henri-Chevreau ou Julien-Lacroix). Il est prudent de prendre une laine ou une couverture.

Médaille Grand Vermeil pour Michael Lonsdale

A quatre-vingts ans passés d'une semaine, Michael Lonsdale a reçu hier, mardi 31 mai, la Médaille Grand Vermeil de la Ville de Paris… Il sera à l'honneur du festival Paris Cinéma du 2 au 13 juillet, et jouera le recteur de la Mosquée de Paris dans les salles obscures le 28 septembre. 

Bertrand Delanoë profitait de la conférence de presse de lancement de Paris Cinéma, qui se déroulera lors de la première quinzaine de juillet, pour rendre hommage à l’un des monuments du cinéma français. Michael Lonsdale fait partie des six personnalités du 7e Art à qui une programmation spécifique sera consacrée cet été.

Le maire de Paris s'est dit «fier et heureux» de rendre cet hommage à «une personnalité originale, unique, qui est un artiste du monde entier» et a salué le «parcours éclectique» de ce grand comédien d'origine anglaise qui a «choisi Paris».

Entre autres parce qu’il avait «attendu longtemps avant d'avoir des récompenses», Michael Lonsdale a dit en recevant sa médaille qu'il était «difficile de ne pas être ému».

Bien qu’ayant commencé en 1955 au Théâtre des Mathurins dans Pour le meilleur et le pire de Clifford Odets, au cinéma en 1956 dans C’est arrivé à Aden, de Michel Boisrond, et à la télévision en 1958 dans Le Ping Pong de Jean Prat, cet acteur à la carrière impressionnante et à la voix inégalable n’a été récompensé qu’en 2011. Avec coup sur coup deux prix pour Des Hommes et des dieux, de Xavier Beauvois : le Prix Lumière du meilleur acteur et le Globe de Cristal du meilleur acteur. Il a aussi obtenu le Prix Henri-Langlois 2011 pour l’ensemble de sa carrière et pour son interprétation dans Des Hommes et des dieux.

En sus d’une trentaine de films dans lesquels joue Michael Lonsdale, Paris Cinéma diffusera Les Hommes libres (de Ismaël Ferroukhi), qui évoque la période de la Résistance. L’acteur y interprète Kaddour Ben Ghabrit (photo ici), le recteur de la Mosquée de Paris. La sortie de ce film en salles est annoncée pour le 28 septembre prochain.

Les pass pour Paris Cinéma sont d’ores et déjà en vente au prix de 30€ y compris la torride Nuit du Cinéma, comprenant un hommage à Jean Rollin, décédé en décembre dernier. Il en coûtera 16,20€ aux étudiants ou 7,20€ pour la seule Nuit du Cinéma. Pour plus de renseignements, cliquer ici.

F. A., photo Paris Cinéma Michael Lonsdale et Jean-Pierre Mocky

A voir: La vidéo de la remise de médaille, sur 7 ici…

Les Infidèles à Ménilmontant

De jeudi à samedi, le quartier de Ménilmontant, vers la place Martin-Nadaud, voyait la circulation quelque peu perturbée. La cause: le tournage d’un film de la société de Jean Dujardin, avec les «héros» de la série Un Gars, Une Fille, entre autres… Sortie en février 2012 au cinéma, puis sur M6.

Difficile d’en apprendre beaucoup sur Les Infidèles. La page Facebook créée le 7 avril ne précise pas les lieux parisiens de tournage, mais seulement que ça devait commencer le 16 mai… alors que le Festival de Cannes n’était pas terminé.

Il fallait se promener vers la rue Sorbier ces derniers jours pour repérer des plots gênant la circulation et le stationnement, et surtout samedi pour voir plusieurs camions garés sur le côté pair (notamment à hauteur des lieux de l’incendie de la fin mars) pour comprendre qu’il se tramait quelque chose.

Jeudi 19 mai, alors que la page Facebook du film annonçait que Michel Hazanavicius, présentement à Cannes pour The Artists, allait réaliser «une des sections du film», on comprenait qu’il s’agissait d’une sorte de film à sketches. Cette date, du reste, correspondait au début des perturbations de circulation et stationnement dans ce secteur de l’arrondissement. Le flyer apposé un peu partout indiquait que le tournage, annoncé pour samedi, aurait lieu rue Ramus, rue Emile-Landrin, rue des Rondeaux, avenue du Père-Lachaise, rue Orfila, rue de la Bidassoa, rue Sorbier et… place Martin-Nadaud. C’était donc toute la zone autour de la place qui était visée.

Contactée vendredi par SMS, la régie du film n’a pas répondu.

Croisés samedi rue Sorbier, des techniciens se sont montrés peu bavards. On a vu mieux dans les tournages, de plus en plus fréquents dans le bas-Ménilmontant.

Donc flemme du ouaibemaître de passer de rue en rue, par ce samedi chaud et ensoleillé, pour tenter de faire une photo qui, sans doute, aurait été de médiocre qualité, à hauteur des regards et du non-accueil.

Il semble que Les Infidèles se tourne essentiellement à Paris et en région parisienne, mais aussi à Las Vegas, sur le ton de la comédie, et traite —on aurait pu s’en douter— de l’infidélité «du point de vue masculin».

A l’affiche, sont prévus notamment Jean Dujardin et Gilles Lellouche, également réalisateurs du film (photo), Mélanie Doutey, Alexandra Lamy, Géraldine Nakache… sur des scénarios de Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Stéphane Joly, Philippe Caverivière (complice de Nicolas Canteloup depuis 1993) et Nicolas Bedos.

La fiche technique de Allôciné indique une coproduction Mars Films et M6 Films, la production étant de JD Prod (la SARL bien portante de Jean Dujardin).

Sortie prévue pour le 29 février 2012. Parce que l’année 2012 sera longue… avec même un 29 février !

F. A., photo JD prod

Annie Girardot inhumée au Père-Lachaise

Les obsèques de Annie Girardot seront célébrées vendredi matin, à 10h30, en l'église Saint-Roch, indique une dépêche AFP citant l'entourage de l'actrice décédée lundi dans sa quatre-vingtième année à l’hôpital Lariboisière, dans son arrondissement de naissance.

L’inhumation aura lieu au cimetière de l’Est parisien, dit du Père-Lachaise, dans le 20e arrondissement.

Née en octobre 1931 dans le 10e arrondissement de Paris, Annie Girardot résidait depuis l'été 2009 dans une maison de retraite médicalisée parisienne, et avait dû être transférée ces jours derniers à l’hôpital.

Hier, dans l’heure qui suivit l'annonce de son décès, une page Facebook Hommage à Annie Girardot était créée, qui recueillait des commentaires d'adieu.

A la télévision, les programmes ont été chamboulés depuis hier soir, notamment sur France2 et France3. Ce mardi soir, TF1 rediffuse à 22h55 le documentaire de Nicolas Baulieu Annie Girardot, ainsi va la vie (extrait de deux minutes à visionner ici), dans lequel l’actrice évoque pour la première fois les effets de la maladie d’Alzheimer sur sa vie.

Jeudi 3 mars à 20h35, France 3 programmera La Zizanie, de Claude Zidi où elle incarnait Bernadette Baubray-Lacaze, la femme fofolle et écolo de Guillaume (interprété par Louis de Funès). Puis, en lieu et place de Ce Soir ou jamais, ce sera une émission pésentée par Mireille Dumas, avec témoignages et extraits de films.

Mardi 8 mars à… 00h15 (!), France 2 a programmé Docteur Françoise Gailland de Jean-Louis Bertucelli, pour lequel Annie Girardot avait reçu le César de la meilleure actrice.

Ce matin, à Montreuil-sous-Bois, a été officiellement inauguré l’Espace Annie Girardot, ouvert en décembre 2010, qui est le septième Clic du département (lire ici).

Gainsbourg et Joan Sfar : anecdotes et récompenses

« Gainsbourg (Vie héroïque) », de Joan Sfar, a remporté trois récompenses lors de la cérémonie des César vendredi soir, à Paris, à quelques jours du vingtième anniversaire de la mort de Serge Gainsbourg, le 2 mars 1991. Au-delà d’un clin d’œil à notre voisin Joan Sfar, dont l’atelier est situé rue d’Avron, dans le 20e arrondissement, petite revue d’anecdotes autour du film, et du souvenir de Serge Gainsbourg…

Le tournage du film commence en janvier 2009, au moment où se déroule une expo à La Villette. Initialement, il devait débuter en 2008, mais quelques points du scénario ne plaisaient pas à la famille de Serge Gainsbourg. Le tournage dure trois mois.

Le 21 mai 2010, Lucy Gordon, l’actrice qui interprète Jane Birkin est retrouvée morte dans son appartement du 10e arrondissement, la veille de son anniversaire, alors que le film est présenté à Cannes. Sept mois plus tard, on retrouve un testament.

Après cinq années de travail, un graphiste free-lance met en images le mur de la maison de la rue de Verneuil (7e arrondissement) et ses graffitis.

Sortie en salles du film de Joan Sfar le 20  janvier 2010, en DVD le 12 octobre 2010, précise Allôciné.

En juillet 2010, inauguration du Jardin Serge-Gainsbourg à Paris. Il est… Porte des Lilas, dans le 19e arrondissement. Jane et Charlotte sont de la partie. La veille au soir, Charlotte Gainsbourg enregistrait, en petit comité, une émission de radio, et trouvait «normal» qu'un jardin soit dédié à son père. Ayant assisté à l'enregistrement, mais pas écouté l'émission, je ne sais pas si cette partie a été diffusée…

Le 25 février 2011, lors de la 36e cérémonie des César, à Paris, Roman Polanski remet à Joan Sfar le César du meilleur premier film. «Recevoir un Cesar de Polanski, c'est pas rien», déclare-t-il en salle de presse quelques instants plus tard, fredonnant La Noyée (de Gainsbourg) et indiquant: «Ce prix va me servir pour mon deuxième film qui sera un dessin animé». Retour aux sources, donc, pour l'auteur du Chat du rabbin. En toute logique, Gainsbourg (vie héroïque) reçoit le César du meilleur son. Eric Elmosnino, l’acteur principal, remporte en fin de soirée le César du meilleur acteur (palmarès sur le site de Ouest-France).

La scène de l’enregistrement de Aux Armes etc… (supposée se passer en Jamaïque) est tournée aux Studio Ferber, dans le 20e arrondissement, à deux pas du boulevard Mortier, du Régiment du Train, et de la DGSE. Des studios qui, en moins de quarante ans d’existence, ont vu passer Nougaro ou Baschung, mais aussi, dans le monde des vivants, Charlotte Gainsbourg, Vanessa Paradis, Jean-Louis Aubert ou Philippe Katerine. La plaquette des lieux de tournage du film, éditée par la mission cinéma de la Ville de Paris, est à télécharger ici (8,9Mo).

Depuis sa création le 30 septembre 2010 une caricature de votre ouaibemaître par Cabu, en hommage à Gainsbourg, illustre la bannière personnalisée du blogue 7 Ici que ça se passe.

Fabien Abitbol, vidéo entretien avec Joan Sfar : mairie de Paris

Les Trois glorieuses : Darrieux, Morgan, Presle

110 films pour l’une, 70 films pour une autre, 100 films pour la troisième. Trois actrices françaises, trois glorieuses, qui ont entamé leur carrière au plus tard à l’âge de quinze ans. Deux d’entre-elles ont partagé le même mari («pas en même temps», précisent-elles). Danielle, Michèle et Micheline sont réunies ce soir sur France5 le temps d’un documentaire.

Danielle Darrieux (DD), Michèle Morgan (MM, 90 ans et… toujours “de beaux yeux”) et Micheline Presle (Micheline Chassage, la Parisienne exilée aux USA, future mère de la réalisatrice Tonie Marshall): toutes trois, pendant des décennies, ont traversé les plus belles années du cinéma français sans jamais cesser de se croiser sur les écrans et les plateaux, dans les salles et dans les souvenirs des cinéphiles.

Leurs trajectoires cinématographiques comme leurs destinées privées s'entremêlent.

Danielle Darrieux est déjà connue lorsque, en 1935, sur le tournage de Mademoiselle Mozart, elle croise une jeune figurante du nom de scène de Michèle Morgan (elle s’appelle Simone Roussel). Deux ans plus tard, en 1937, Gribouille la propulse à son tour sur le devant de la scène. Puis en 1939, Micheline Presle fait des débuts remarqués dans Jeunes Filles en détresse, de Pabst.

Ce documentaire suit les fils de leurs vies, rappelle que Michèle et Micheline ont eu «un mari en commun», Bill Marshall (décédé en 2005). Il relate aussi l'histoire de cette improbable (impossible?) rencontre, et est ponctué d'images d'archives, de déclarations et d'interventions de chacune des trois comédiennes, qui ont «une classe inouïe», comme dit à juste titre l’auteur du documentaire.

Des extraits de films permettent aussi de retrouver d’autres “monstres”, parmi lesquels Gabin. Toutes trois ont tourné aussi avec Gérard Philipe ou Jean Marais…

Un beau focus sur ces actrices sans égal qui, des années trente aux années cinquante, ont régné sur le cinéma français, et continuent encore de travailler, à l’écran, sur les planches, ou en prêtant leur voix, sauf Michèle Morgan, qui a quelque peu décroché en 1975. Mais Danielle Darrieux, à qui La Cinémathèque a consacré une rétrospective en janvier 2009, est montée sur les planches l’an passé, avec La Maison du lac, et Micheline Presle a été vue dans Thelma, Louise et Chantal. Michèle Morgan n’aura fait «que» 70 films, car «A 55 ans, elle a eu l’intelligence de comprendre qu’il y aurait de moins en moins de rôles pour elle». Un peu comme, dans le monde de la chanson, Renée Lebas, décédée en décembre 2009, qui se retira en 1963, s’estimant «trop vieille» pour chanter l’amour.

Tendres portraits croisés de trois actrices aujourd'hui âgées de 88 ans pour Micheline Presle, 90 ans pour Michèle Morgan et 93 ans Danielle Darrieux, les stars d’avant-guerre. De trois actrices qui, à l’instauration de la ligne de démarcation, se sont installées à Cannes. Toutes trois ont tenté une carrière à Hollywood, mais sans grand succès, les studios voulant les cantonner dans des rôles de françaises.

Pendant 80 minutes, les interviews récentes —qui montrent à quel point les trois comédiennes demeurent pimpantes, alertes, lucides aussi sur les hauts et les bas de leurs carrières— se mêlent à d'innombrables photos et images d'archives.

A voir, avec plaisir.

F. A.

Les Trois glorieuses

Réalisation: Henry-Jean Servat, sur une idée de Henry-Jean Servat et Pierrick Becquet, d’après le livre de Henry-Jean Servat - Production Cinétévé, avec France Télévisions et l’INA

Durée: 1h23, diffusion le dimanche 26 décembre à 20h35 sur France5 numérique, rediffusions annoncées le jeudi 30 décembre 2010 à 15h55 et le samedi 8 janvier 2011 à 23h00.

Documentaire en accès libre jusqu’au dimanche 2 janvier 2011 à 20h36 sur le site de France Télévisions.

• Le mardi 28 décembre, à 15h50, France5 rediffusera Les artistes français pendant l’Occupation

Mort de Jean Rollin, cinéaste de nulle part

Fascination, avec Brigitte Lahaie, à voir sur Ciné FX

Le réalisateur, producteur et scénariste Jean Rollin, spécialisé dans le film d’horreur et de vampires à caractère érotico-gore, est mort mercredi 15 décembre, à l’âge de soixante-douze ans, «entouré par ses amis», indique son fils Serge à Fangoria. Parmi ses films fréquemment diffusés à la télévision, Fascination, dont le rôle a été écrit pour Brigitte Lahaie, passe en ce moment sur Ciné FX.

Dans un entretien à Nanarland, Jean Rollin expliquait avoir commencé à assouvir sa passion pour le cinéma au… service cinématographique des armées. De son vrai nom Jean Michel Rollin Roth Le Gentil, il signait parfois Michel Gentil ou… Jean-Pierre Sammut des films de série B (ou Z), dont quelques-uns tout de même jouissaient de la présence de personnages connus à l’époque, comme Brigitte Lahaie, qui arrivait alors du cinéma porno.

Brigitte Lahaie  tourna avec Jean Rollin Les Raisins de la mort, Fascination (écrit spécialement pour elle), La Nuit des traquées ou Les Echappées. C’est du reste durant le tournage de ces quatre films pour Jean Rollin qu’elle allait apparaître dans I… comme Icare, de Henri Verneuil.

Vingt ans plus tard, Jean Rollin allait prendre Magalie Madison (à l’époque connue pour la série Premiers Baisers de TF1) pour jouer la folle dans La Fiancée de Dracula.

Car Rollin, c'était ça. Avec des bouts de ficelle, passer de la star du X à la midinette de TF1, avec des scénarios à la limite de l'indigence, il en était capable. Et trouvait son public. Certes, comme Mocky, Rollin n'était pas un roi de l'audimètre, mais un réalisateur endurant, qui poursuivait le mythe de la femme vampire «comme pour désengorger la mort et se gausser des épouvantes engendrées», écrit ce jeudi Franca Maï sur e-torpedo.

Le premier long métrage de Jean Rollin était sorti en plein Mai-68, rappelait Arte l’été 2007 dans un numéro d’Echappées culturelles. C’était Le Viol du vampire, avec des femmes nues dedans, à la demande du producteur, et Jean Rollin racontait à Arte: «Ca a été un scandale affreux. Les gens hurlaient dans la salle. Ils jetaient des objets sur l’écran. Les caissières me disaient; “ne restez pas là, il y a des gens qui vous cherchent pour vous casser la gueule". Enfin, c’était terrible. Et moi j’étais tout jeune. Je n’avais pas trente ans et j’étais très très naïf quand j’étais jeune. Je le suis toujours, paraît-il. Mais enfin, j’étais très naïf et je n’arrivais pas comprendre pourquoi les gens se mettaient en colère. J’étais accusé de tout. Il y a des comédiens qui ont refusé de tourner avec moi, de très jeunes comédiens parce qu’on leur avait dit que les comédiens qui tournaient avec moi se trouvaient très rapidement dans un bordel quelque part dans un pays exotique.»

Après Le Viol du vampire sortiront La Vampire nue (1969), Le Frisson des vampires (1970), puis Requiem pour un vampire (1971). Sans plus de succès.

La plupart des films du “pape des vampires” et de l’érotisme gore, disponibles en DVD, repassent occasionnellement sur le câble et le satellite (entre autres Ciné FX ou Ciné Frisson). Sur Ciné FX, Fascination est annoncé vendredi 17 décembre à 23h55, par exemple. L'occasion de voir (ou revoir) Franca Maï et Brigitte Lahaie (casting complet ici).

Sur  le compte Dailymotion de Claude Girard, on trouve diverses vidéos, dont les documentaires Jean Rollin et les femmes et Jean Rollin cinéaste de nulle part. Le livre Moteur Coupez ! - Mémoires d'un cinéaste singulier est paru en novembre 2008 chez E-Dite (32€ TTC France).

Tourné en 2009, le dernier Rollin, Le Masque de la méduse (avec Sabine Lenoël et Marlène Delcambre), n’est pas encore sorti en salles; il a fait l’objet de scènes additionnelles après sa projection en avant-première, fin 2009, à la Cinémathèque de Toulouse.

F.A., photo tirée du site de Jean Rollin (en anglais): Le cinéaste, avec Brigitte Lahaie

Julien Guiomar rejoint Bernard Musson

Acteur dans 64 films et au théâtre, amoureux du 11e arrondissement de Paris où il a longtemps résidé, Julien Guiomar est mort dans la nuit dimanche à lundi en Dordogne à l’âge de 82 ans.

S’il était surtout connu pour ses rôles comiques, comme L’Aile ou la Cuisse (de Zidi), ou Les Ripoux, du même Zidi, ce Finistérien (de Morlaix) avait débuté au TNP de Jean Vilar, sur du Brecht et du Shakespeare. Se produisant en France comme dans les pays de l'Est, il avait notamment interprété Quatre-vingt-treize, une pièce mise en scène par Alain Boudet, diffusée également à la télévision. En 1976, il se donnait à Wolinski pour Le roi des cons.

Julien Guiomar a incarné divers rôles faisant appel à son physique imposant et à sa voix de ténor. Rarement vedette, jamais vraiment second rôle, il était efficace dans les emplois de salaud. Sa carrière cinématographique ne débuta que sur le tard, en 1963, avec Le Chevalier de Maison-Rouge (de Claude Barma), puis Toutes folles de lui (de Norbert Carbonnaux) et ainsi de suite… Allio, Broca,  Vergez, sans grand succès. Les «vrais» débuts au cinéma sont sans doute à mettre au crédit de l’année 1969, où il joue à la fois un curé espagnol chez Bunuel (La Voie lactée, où il croisera Bernard Musson, décédé le 29 octobre dernier) et un colonel grec chez Costa-Gavras (Z).

Avec la reconnaissance du public viendront quelques films populaires à grand succès comme La Moutarde me monte au nez et d’autres films plus lourds, comme Décembre (de Mohamed Lakhdar-Hamina).

En quittant sa Bretagne natale pour suivre ses études à Paris, Julien Guiomar avait envisagé un court moment de devenir dentiste comme son père. Il est fort vraisemblable que personne ici bas ne lui reproche d’avoir bifurqué vers le cours de Pierre Renoir, puis à l'école de la rue Blanche, puis au cours de René Simon, pour y apprendre un tout autre métier, celui d’acteur de théâtre.

Les obsèques de Julien Guiomar se dérouleront jeudi en Dordogne.

F. A., photo DR

Simone Valère, figure du cinéma d'après-guerre, est morte

L'actrice Simone Valère, figure du cinéma d’après-guerre et du charme parisien, est décédée à l’âge de 87 ans ce jeudi 11 novembre à la maison de retraite de Roinville-sous-Dourdan (Essonne) à l'âge de 87 ans, de mort naturelle. Née au Faubourg du Temple d'une mère catholique et d'un père communiste, son nom restera associé à celui de Jean Desailly, qu'elle allait épouser après quarante-huit ans de vie commune.

Née Simone Gondolf le 2 août 1923 à Paris (selon sa fiche sur l’IMDb), Simone Valère avait participé avec Jean Desailly, son partenaire à la ville comme à la scène jusqu'à sa mort en juin 2008 (à 88 ans), au renouveau théâtral de l'après-guerre, avec Jean-Louis Barrault. On parlait des Valère-Desailly comme on louait les Renaud-Barrault. La rencontre de Jean Desailly (alors marié à la comédienne Nicole Desailly) et Simone Valère avait eu lieu sur le tournage du film Le Voyageur de la Toussaint, de Louis Daquin (d’après Simenon), sorti sur les écrans français durant l’Occupation, en 1943. Simone Valère et Jean Desailly formaient aux côtés de Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault (tous deux disparus en 1994), le couple le plus célèbre du théâtre français.

Dès 1946, Simone Valère et Jean Desailly avaient rejoint la compagnie que les Renaud-Barrault venaient de fonder. Ils ont interprété dans le monde entier des adaptations aussi diverses que Comme il vous plaira, Hamlet, Le Soulier de satin, Le Mariage de Figaro, La Cerisaie ou La Vie parisienne, rappelle une notice nécrologique diffusée en début d’après-midi par l’AFP, et ont notamment participé à une triomphale tournée des Renault-Barrault au Brésil en 1965.

Depuis ses débuts à l'écran en 1941 dans Annette et la dame blonde, Simone Valère a tenu des rôles de premier plan dans une quinzaine de films, dont Manon (1948, H-G Clouzot), La Beauté du diable (1949, René Clair), ou L'assassinat de Trotsky (1972, Joseph Losey). Son dernier film pour le grand écran allait être sous la direction de Claude d’Anna, en 1989, Equipe de Nuit (avec Michel Duchaussoy, Bernard Fresson et Jean Desailly).

Après l'éclatement de la Compagnie Renaud-Barrault au lendemain de Mai- 68, le couple Valère-Desailly avait pris la direction du Théâtre Hébertot (1973-76) puis celle du Théâtre Edouard VII, avant de s'installer en 1980 au Théâtre de la Madeleine, qu’ils allaient quitter en 2002, après y avoir fêté, en 2001, leurs soixante ans de théâtre en jouant La Maison du lac de Ernest Thompson (voir ici la présentation de France3, durée 2 min 50). Ensemble, ils avaient joué 450 fois L'Amour fou ou la Première surprise, de André Roussin.

A la télévision, Simone Valère avait prêté sa voix à un documentaire de Frédéric Mitterrand, La Délivrance de Tolstoï (2003, diffusé ces jours-ci sur Arte et qui sera présenté en mars 2011 à Montréal). Outre des apparitions ou des seconds rôles dans de nombreux téléfilms, elle avait joué dans Maigret et la dame d’Etretat, adaptation du roman Maigret et la Vieille dame (avec Jean Richard et Marc Chapiteau), épisode 44 de la série, diffusé pour la première fois à la télévision française en 1979.

Simone Valère et Jean Desailly ne s'étaient mariés qu'en 1998, après quarante-huit ans de vie commune. «Grâce à Dieu, nous n'avons jamais connu le chômage. Voilà pourquoi nous avons vécu dans le péché», s'amusaient-ils à dire.

Ballotée dans son enfance depuis le Faubourg du Temple où elle était née jusqu’à la Nation où son père vint la récupérer dans un pensionnat des sœurs de Saint-Vincent de Paul, la jeune Simone (quatre ans sur la photo) se rendait occasionnellement dans sa jeunesse à des meetings communistes à Arnouville-les-Gonesse (Val-d’Oise), entraînée par «le clan paternel». Son père, rappelle l’Encinémathèque, écrivait dans Le Libertaire. C’est sur les conseils de Henri Marais (frère de Jean Marais) que, pour jouer la pièce Mademoiselle Bourrat, elle prendra comme nom de scène celui de la localité où se situe l’intrigue, Valeyres, en Suisse, qu’elle simplifiera en Valère.

F. A., avec AP, AFP et l’Encinémathèque

Mise à jour du samedi 13 novembre – 22h30

Les obsèques de Simone Valère auront lieu vendredi 19 novembre à 14h00 à Vert-le-Petit (Essonne) a indiqué samedi sa famille. C’est là que repose Jean Desailly.

La levée du corps aura lieu à 13h30, au funérarium de Ballancourt-sur-Essonne.