Après six ans et onze mois d'enquête, on apprend que les policiers à l'origine de la mort du jeune Lamine Dieng à Ménilmontant dans la nuit du 17 juin 2007 bénéficient d'un non-lieu.
La nouvelle est tombée ce week-end sur le groupe Facebook du Collectif Lamine Dieng: la première bavure meurtrière du quinquennat Sarkozy ne sera pas jugée. Durant près de sept ans, la famille de Lamine, sa sœur Ramata en tête, a demandé vainement la mise en examen des policiers auteurs d'un "homicide barbare commis en bande organisée". Huit policiers qui étaient encore en fonction il y a deux ans, lorsque je m'apprêtais à quitter Ménilmontant, mais aussi la France.
Lamine Dieng, qui aurait eu 26 ans en août 2007, se trouvait dans la paisible rue de la Bidassoa, à l'Hôtel Nadaud, avec sa copine, lorsque la police a été appelée. Apparemment, des voisins auraient entendu des cris, mais jamais on a pu en savoir davantage. Certains élus locaux de l'époque ont évoqué des violences conjugales, mais personne n'a jamais porté plainte.
Bref, la police s'est pointée, a menotté le grand gaillard, l'a manifestement plaqué un peu brutalement dans le fourgon de police stationné devant l'hôtel: une dizaine d'hématomes sur le visage, une vingtaine sur le reste du corps, un décès officiellement dû à un arrêt cardiaque, et la famille, vivant à trois rues de là près du local de la Fasti, prévenue 48h après le drame par l'inspection générale des services.
Après quelques marches silencieuses, un comité de soutien se créait dans le quartier. Par solidarité du voisinage, par envie de savoir ce qui avait pu se passer, et aussi parce que je siégeais depuis sept ans au conseil de quartier, je m'y étais joint.
Dès la rentrée, du reste, nous abordions ce drame en marge d'un conseil de quartier. Pour nous entendre dire -évidemment- qu'il fallait que la justice suive son cours, mais aussi qu'il s'agissait d'un différent dans un couple, de brutalités à l'endroit d'une femme, qu'il n'était pas question que des élus se mêlent de ça, etc. Bref, la mort d'un gamin du quartier ne semblait pas affecter tout le monde.
Les années se suivaient, et hélas se ressemblaient:
- une marche silencieuse chaque mois de juin, rassemblant quelques dizaines de personnes du quartier, qui partait du domicile de la famille, passait par l'avenue Gambetta, faisait une halte devant l'hôtel où Lamine avait passé ses dernières heures, remontait la rue des Pyrénées, et redescendait la rue de Ménilmontant jusqu'au carrefour;
- des violences policières, à Paris, en banlieue, ou en régions, ne finissant pas toujours par la mort d'un homme certes, mais bien souvent restant impunies.
La famille Dieng a toujours espéré qu'un jour la lumière soit faite. Mais Ramata, la sœur de Lamine, parle désormais d'une "République bananière" qui nie "notre droit à la vie" et nous prive de "notre droit à la justice".
La famille et le comité de soutien appellent, comme chaque année, à la mobilisation. Le rassemblement annuel est prévu ce 21 juin au 58 rue des Amandiers (Paris, 20e) à partir de 14h.
F. A.
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