Le Premier ministre, faute d’un budget «de rigueur», a annoncé un budget «rigoureux» avec pour objectif un déficit nul en… 2016, juste bon pour la présidentielle de 2017, et pour rassurer les marchés. Avant la présidentielle de 2007, le «rêve» du candidat de l’UMP était qu’il n’y ait plus un seul SDF en France d’ici deux ans. Et la promesse de Nicolas Sarkozy était de vaincre le chômage, le ramenant à 5% en cinq ans, ce qu’il appelait dans son vocabulaire «le plein-emploi», tel Louis de Funes dans La Zizanie.
Les objectifs tendent vers le nul, vers le zéro. Les annonces sont faites, relayées. Les résultats ne sont pas au rendez-vous.
La semaine dernière, à Paris, une femme, sans domicile, a accouché dans la rue, et perdu son enfant. En un an, le Collectif des Morts de la rue a dénombré 428 morts, dont 175 depuis juin. Morts d’exclusion.
Aux familles les plus modestes, le gouvernement répond par une moindre hausse de certaines prestations familiales. Au nombre des “sacrifices”, demandés aux concitoyens, les prestations sociales seront indexées sur la croissance (et non sur un mécanisme plus complexe tenant compte de l’inflation), soit seulement 1% en 2012. C’est la deuxième fois depuis l’arrivée du tandem Sarkozy-Fillon au pouvoir qu’une telle chose se produit. En effet, en 2008, premier année de plein exercice, alors que l’inflation 2007 était estimée à 2%, la hausse des prestations n’avait été que de 1%, entraînant une question écrite d’une députée UMP du Jura, Mme Marie-Christine Dalloz.
Mais le tour de vis est encore plus vicieux: non content de raboter sur les allocations logement, la prestation d'accueil du jeune enfant, ou autre allocation parentale d'éducation, le gouvernement a eu la délicate idée de repousser de trois mois la revalorisation de ces aides. Fin octobre, en effet, à la demande du gouvernement, les députés ont voté le report de janvier à avril de cette revalorisation. Les caisses d’allocations familiales payant tout à mois échu, la prochaine échéance mensuelle avec quelques centimes ou quelques euros de plus arrivera donc sur les comptes bancaires début mai 2012, à la veille du second tour de l’élection présidentielle. Ce qui pourra paraître pour les plus naïfs comme un cadeau dont, on n’en doute pas, les médias feront l’annonce entre les deux tours. Et une économie de plus de cent millions d'euros aura été réalisée.
Le chômage, dont le candidat Sarkozy était certain de le ramener sous les 5% en cinq ans, n’a fait qu’augmenter. A 7,2% au premier trimestre 2008 (chiffres officiels), il était à 9,1% fin juin 2011, note Reuters dans cette dépêche, faisant coïncider dans un graphique chômage et élections.
En septembre 2011, malgré des sorties de Pôle emploi qui ont augmenté «de façon inhabituellement forte (+37,9%)», selon le communiqué de presse du ministère du Travail, le chômage a augmenté dans les trois premières catégories (4 175 800 inscrits France métropolitaine), sans que le nombre des chômeurs D et E ne baisse, puisqu’il est passé à 580 800 (note détaillée à télécharger ici).
On est loin des promesses du candidat Sarkozy. Ce dernier, en janvier 2010, donc élu président depuis trois ans et demi, avait encore affirmé: «Je sais que dans les semaines et les mois qui viennent, vous verrez reculer le chômage dans notre pays».
Voilà donc que, après le zéro SDF et le zéro chômage, le Premier ministre est envoyé au front pour clamer le zéro déficit. Encore un «objectif nul», et à atteindre pour 2016.
La potion est amère, et en 2012 les trois quarts des 6,9 milliards attendus sont composés d’impôts, comme le détaillé ici Florent Latrive pour Libération.
Dans le communiqué officiel du conseil des ministres de ce lundi 7 novembre, on apprend aussi qu’en 2007 le gouvernement va rogner en sus sur «700 millions d’euros supplémentaires au titre de la maîtrise des dépenses de santé». Ce alors que les sénateurs commençaient à plancher sur le financement rectificatif de la Sécurité sociale pour 2012. Du coup, les lois rectificatives vont s’additionner, relève Reuters.
Par ailleurs, le même communiqué précise, toujours à l’endroit des ménages, que «les barèmes de l’impôt sur le revenu, de l’impôt de solidarité sur la fortune et des plafonds de donations, seront gelés en 2012 et 2013 au niveau de 2011, avec un impact portant essentiellement sur les contribuables les plus aisés.» De deux choses l’une: soit l’impact sera réellement sur les ménages les plus aisés, et cela signifie que les moins aisés n’auront pas gagné un euro de plus d’année en année, soit le gouvernement veut taxer tout le monde, et ainsi des ménages non imposables vont l’être à 5,5% s’ils déclarent plus de 5963€/an par personne, ou alors un célibataire à partir de 11900€/an passera d’un taux d’imposition de 5,5% à un taux de… 14%, comme le rappelle ce tableau.
Une situation d’autant plus ubuesque que, à 11900€/ans, soit 3000€ par trimestre, à très peu de choses près, sur la page test RSA de la CAF, on s’aperçoit que le salarié est… éligible au RSA pour 31€ par mois. Le gouvernement envisage donc sans ambages de maintenir une taxe sur les travailleurs pauvres, et de l'augmenter?
Quant à la hausse de TVA de 5,5% à 7%, elle devrait s’appliquer entre autres aux produits culturels (livres, abonnements aux bouquets de télévision, places de spectacle), à la restauration rapide (sandwiches à emporter, fast-food), à la restauration sur place, aux transports (titres à l’unité et abonnements), à l’hôtellerie et au camping, ainsi qu’aux travaux d’amélioration de l’habitat (liste non exhaustive), pour rapporter 1,8 milliards d’euros par an à l’Etat. Elle ne sera donc pas indolore, et manger un sandwich en regardant la télé, surtout avec un bouquin sur les genoux et une canette de soda à portée de main, coûtera plus cher en 2012…
Sans oublier la prochaine hausse du tabac. Car, après celle du 17 octobre dernier, Le Fig éco nous annonce que la prochaine devrait intervenir avant la présidentielle. Quand elle était à la Santé, Roselyne Bachelot expliquait que les chômeurs et les femmes fumaient de plus en plus: ils seront davantage taxés.
Ce plan est le deuxième depuis celui du 24 août, qui prévoyait 11 milliards d’économies et de prélèvements sur deux ans (voir sur le site gouvernemental), et à l’occasion duquel François Fillon indiquait: «Pour 2012, la prudence est encore davantage de rigueur». Les prévisions de croissance venaient d’être abaissées. Depuis, une nouvelle moindre croissance a été annoncée par le président Sarkozy.
Notons que ces séries de «mesures», des taxes donc pour l'essentiel, sont qualifiées d'«économies» dans un communiqué de la députée UMP de Meurthe-et-Moselle Valérie Rosso-Debord… qui n'a donc pas la même vision, la même clairvoyance, que son homologue du Jura, Mme Dalloz, qui en 2008 ne comprenait pas le gel des prestations familiales.
Fabien Abitbol, ill.: Kat pour Un dessin par jour (archives, plan de redressement de août 2011)
*L'impôt sur le revenu s'applique réellement à compter de 13300€/an de salaires pour un célibataire sans enfants, selon le test effectué sur le site du ministère des Finances (ici)
Devant cette avalanche d'augmentations de taxes en tout genre et avant le paiement de nos prochains impôts, je suggère respectueusement à notre très cher président de prélever quelques sous de son salaire gelé, substantiellement augmenté après son couronnement, afin d'apprendre aux Français comment vivre d'amour et d'eau fraiche. Je ne suis certainement pas la seule à chercher à faire des économies ... pour l'instant, l'amour n'est pas taxable et dans ma région l'eau est pure.
Rédigé par : Caro | 09/11/2011 à 09h17
Terrible rigueur : .http://www.europalestine.com/spip.php?article6627
Rédigé par : Anne-Marie | 09/11/2011 à 17h32
sur cette terrible rigueur, ça c'est beaucoup mieux qu'europal :
http://www.lepost.fr/article/2011/11/05/2630956_g20-a-cannes-sarkozy-depense-37000-pour-sa-suite-au-majestic-barriere.html
Rédigé par : Caro | 10/11/2011 à 21h47