A l’occasion de la publication de son copieux baromètre sanitaire de 260 pages (à télécharger en pied de note), l’ONG Médecins du Monde (MdM) dénonce ce jeudi 13 octobre un «krach sanitaire» dû à la précarisation et à des situations de plus en plus complexes touchant également les déboutés du droit d’asile.
En 2010, seules 23% des femmes enceintes ont un logement stable et 8% n’ont aucun domicile, dénonce MdM. Une situation sociale «extrêmement fragile» qui «a de graves conséquences sur le suivi de leur grossesse: premier contact tardif, nombre de consultations prénatales et d’échographies insuffisant, dépistage de pathologies liées à la grossesse médiocre». Ainsi, l’association relève que dans près de 45% des consultations, les patients auraient besoin d’une prise en charge à moyen ou long terme d’au moins six mois, notamment sur l’hypertension artérielle, le diabète, les troubles psychiques, les troubles anxieux et l’asthme (lire ici).
Pour MdM, «une étape supplémentaire a été franchie en 2010/2011 dans le rejet des plus vulnérables hors du système solidaire d’accès aux soins. A la crise économique qui se traduit par une recrudescence de la pauvreté s’ajoute une réponse publique plus sécuritaire que sociale».
Depuis plusieurs années, de nombreuses mesures ont été prises sur le plan réglementaire comme législatif qui vont à l’encontre des enjeux de santé publique. Annoncés par MdM, perçus depuis plusieurs mois par les équipes sur le terrain, les effets de cette politique sont maintenant clairement visibles et dramatiques pour les personnes, dénonce l’ONG, qui indique que les consultations médicales et dentaires ont augmenté de dix pour cent en deux ans.
Une « mise en danger coupable » étayée par les statistiques de l’Insee, rappelant que quatre millions de personnes n’ont pas de complémentaire santé ou renoncent aux soins faute de complémentaire et que 30% des personnes non protégées par une complémentaire ont renoncé à des soins. La quasi-totalité des patients de MdM (98%) vit sous le seuil de pauvreté et un peu moins de 30% des patients reçus indiquent exercer une activité pour gagner leur vie. Les centres ne désemplissent pas, dans l’urgence… (lire ici).
La conséquence des politiques migratoires sécuritaires
La politique migratoire vise désormais ouvertement à dissuader les personnes précaires, les roms, les personnes en situation irrégulière de rester sur le territoire français, estime MdM, qui précise que le gouvernement met ainsi en danger leur vie «quitte à stigmatiser davantage certains groupes, et cela au plus grand mépris des enjeux de santé publique et des droits humains fondamentaux».
Depuis le discours de Grenoble, qui a rendu plus visibles les expulsions de Roms, l’association note «des ruptures de traitement pour des patients atteints de maladies chroniques telle que la tuberculose» ainsi que «l’interruption de campagnes de vaccinations contre la rougeole destinées aux enfants» alors que l’épidémie est de retour en France et en Europe.
Ce «harcèlement» entrave le travail des humanitaires, de Calais à Dunkerque en passant par Mayotte. Des arrestations ont même eu lieu à proximité des lieux de consultation et de distribution de vivres, accompagnées de la destruction du matériel de première nécessité délivré par les associations pour se protéger des intempéries et du froid.
«Pour restreindre davantage l’accès aux soins des populations sans-papiers, l’aide médicale de l’État (AME) a été remise en question dans le cadre de la loi de finances 2011», rappelle MdM dans ce sombre tableau concernant les étrangers…
«De même, le droit au séjour des étrangers malades résidant en France (Dasem - qui ne concerne que 28 000 personnes) a aussi été démantelé par la loi immigration, intégration et nationalité promulguée en juin 2011 Les étrangers malades pourront désormais être renvoyés dans leur pays d’origine, dès lors que le “traitement y est présent”, sans forcément être effectivement accessible. Peu importe que le traitement soit en quantité suffisante, qu’il soit hors de prix ou qu’aucun suivi médical ne soit possible», dénonce MdM.
Fabien Abitbol, rapport ci-contre (8,9Mo) Téléchargement MdM-Rapport131011
De la part des préfets, donc du gouvernement, c'est une forme d'assassinat ! Heureusement, certains en réchappent, pour le moment.
Rédigé par : Gotch | 13/10/2011 à 19h13
Inquiétant, et prévu. On a l'impression que ces Messieurs (il y a peu de dames) qui tiennent le monde par l'argent (virtuel, pour tout arranger) ne pensent qu'à la vitesse de leurs ordinateurs, avec un long terme qui est la semaine, et un court terme le millionnième de seconde.
Quand, malgré leurs précautions, ils se seront pris une de ces maladies qui avaient disparu, et pour lesquelles nos organismes ne sont plus préparés, on rira bien depuis nos tombes. Le malthusianisme est leur credo démographique, mais eux non plus ne sont pas exempts de contagion.
J'imagine, une fois l'espèce humaine disparue, donc les rats également qui sont nos recycleurs naturels de déchets, un escargot en pleine copulation inversée (un bon vieux 69, quoi) avec son/sa copain/copine (ils sont hermaphrodites) qui lui souffle : "Pas tout çà, c'est notre tour maintenant !"
Rédigé par : Gotch | 14/10/2011 à 12h30