«Paris est entouré de zones rurales». C’est ainsi que des emplois présumés fictifs au cabinet du maire de Paris Jacques Chirac (1977-1995) ont été commentés en marge de l’audience au tribunal correctionnel de Paris, où le principal prévenu est dispensé de comparaître. Florilège…
Un déplacement en Libye a servi d’alibi afin que l’ancien bras droit de l’ancien maire de Paris, Alain Juppé, aujourd’hui ministre des Affaires étrangères, ne soit pas appelé à témoigner. Ce dernier, pourtant, avait été condamné en janvier 2004 dans un volet de cette affaire, peine ramenée en appel à quatorze mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité. M. Chirac, alors réélu président de la République depuis deux ans et demi —et bénéficiant de l’immunité— était directement visé par ce jugement.
Les deux magistrats représentant le ministère public, qui remplacent leur supérieur hiérarchique Jean-Claude Marin, n’ont pas posé de question aux avocats de l’ex-maire de Paris. M. Marin, qui est devenu vendredi procureur général près la Cour de Cassation, fut haut fonctionnaire au ministère de la Justice sous le second mandat à l'Elysée de Jacques Chirac.
Le rôle personnel de Jacques Chirac semble pourtant étayé par le dossier et par plusieurs mises en cause à l'audience par Michel Roussin, son ancien directeur de cabinet. En décembre 2000, cet article du Parisien mettait en cause, autour de Michel Roussin, la classe politique dans son ensemble du PS au PR, en passant par le RPR.
En novembre 2010, le jour de l’anniversaire de Jacques Chirac, l’association Anticor avait déposé un recours contre l’accord intervenu entre la Ville de Paris et l’UMP, visant à éponger les dettes de l’ancien maire RPR de Paris contre un retrait de plainte.
Le procès Chirac s’achemine vers «une fin baroque», explique par le menu l’agence Reuters, qui indique que, faute de mettre les villes à la campagne, comme le suggérait Alphonse Allais, la Ville de Paris s'occupait des Chinois, des Corréziens, des agriculteurs ou des amis de Tahiti…
Même le nom de Nicolas Sarkozy a été évoqué à l'audience, comme annoncé ici en novembre 2009.
Tout y est passé, sauf sans doute la justice que certains Parisiens auraient pu attendre à la suite des dérives municipales au profit essentiel d'un parti et d'un clan.
Fabien Abitbol, dessin de Placide (archives)
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