Dans une tribune publiée initialement sur le site Internet du Syndicat de la Magistrature (SM), Matthieu Bonduelle, secrétaire général de ce syndicat catégoriel, dresse un constat de la politique carcérale de la France sous Sarkozy.
«Entre le 1er juin et le 1er octobre 1981, sous l’impulsion du garde des Sceaux Robert Badinter, la population carcérale avait baissé d’environ 40 %. Avec 29000 détenus, le pays avait-il alors sombré dans le chaos?», interroge-t-il en conclusion de Prisons: silence, on entasse, et devant un total de 64700 détenus… soit plus de deux fois plus qu'il y a trente ans.
Se basant sur les statistiques de la Direction de l’administration pénitentiaire, Matthieu Bonduelle indique que «37 établissements pénitentiaires ont un taux d’occupation supérieur ou égal à 150%, dont 5 au-delà de 200%» et précise que «En un an, le nombre de détenus “en surnombre” a augmenté de 14% pour atteindre 11 185 (ce qui représente 20% de l’ensemble des détenus, 32% dans les maisons d’arrêt).»
On dénombrait début juillet «367 détenus pour 180 places à Béthune (203,9%), 882 pour 588 à Villepinte (150%), 239 pour 94 à Nouméa (254,3%), 89 pour 40 à La Roche-sur-Yon (222,5%), 604 pour 371 à Gradignan (162,8%), 163 pour 90 à Auxerre (181,1%)».
Le SM fait état d’une circulaire du garde des Sceaux du mois de février, enjoignant les procureurs «de faire exécuter plus rapidement les peines d’emprisonnement», ce qui eut pour effet de «mettre en échec des projets d’aménagement de peine, pourtant utiles à la société, en adoptant soudain une lecture tatillonne voire abusive de certains textes de procédure».
Citant le Bulletin mensuel d’information de l’Institut national d’études démographiques, cette tribune rappelle que «la France présente le taux de suicide carcéral le plus élevé de l’Europe des Quinze, avec des détenus qui se suicident 5 à 6 fois plus que les hommes âgés de 15 à 59 ans» et préconise une «déflation pénale».
Prisons : silence on entasse est à lire ici.
Le décompte des suicides dans les prisons françaises se trouve là (classement par année et par établissement).
De plus, les nouvelles prisons sont rarement signe de progrès. Leur aspect déshumanisé est relevé par tous, syndicats, magistrats, avocats, journalistes et bien entendu détenus (lire les Inrocks de la semaine dernière). Bentham + Orwell...
Rédigé par : twitter.com/undessinparjour | 30/07/2011 à 19h17
75 % des pensionnaires des prisons françaises sont des immigrés sub-sahariens. Puisque vous semblez aimer tant les chiffres, les courbes, les graphiques, on pourrait comparer le nombre de ces immigrés en 1981 et aujourd'hui.
Mais il paraît que c'est interdit.
Rédigé par : Didier Goux | 30/07/2011 à 21h17
Merci Didier de me dire d'où viennent ces chiffres… si tant est qu'ils existent.
Rédigé par : Ménilmuche | 30/07/2011 à 21h34
Ce ne serait pas plutôt 75% des détenus d'origine étrangère qui seraient des immigrés sub-sahariens, ce qui n'est pas tout à fait pareil que 75% des détenus des prisons françaises.
Et, comme partout, pour un même délit, les personnes de "type étranger" doivent être condamnées plus lourdement que les autres.
http://www.cncdh.fr/IMG/pdf/04.11.18_Etude_Etrangers_incarceres.pdf
Rédigé par : Anne-Marie | 31/07/2011 à 10h56
que doit on en conclure ? que la délinquance augmente ? que les juges sont plus sévères ? ou qu'on ne construit pas assez de prisons ?
Rédigé par : miss P | 31/07/2011 à 11h44
Bonjour
Je fais un nouvel essai, mon commentaire précédent n'étant pas passé.
Des chiffres ? Il y a eu, cette année, le rapport qui pointe les discriminations en prison, duhttp://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/islam-en-prison-le-rapport-qui-pointe-les-discriminations_982039.html> contrôleur général des prisons, Jean-Marie Delarue
qui ne se base pas sur l'origine géographique ou ethnique des prisonniers, mais sur leur religion.
Une autre source ?
"Aujourd’hui, selon le sociologue Farad Khosrokavar, directeur des études à l’École des hautes études en sciences sociales, et auteur de L’Islam dans les prisons (Éd. Balland, 2004), les musulmans forment entre 50 et 80 % de la population carcérale. Or, seuls 80 aumôniers musulmans (dont 30 indemnisés) sont autorisés à visiter les prisons. " La Croix-2006
Il y a une injustice à réparer, mais militer pour la réparation de cette injustice revient à admettre que la majorité des prisonniers est de religion musulmane.
En effet, il y a dans chaque prison une aumonerie catholique, or il n'y a plus beaucoup de prisonniers catholiques, alors qu'il y a de plus en plus de prisonniers musulmans (plus de 80% en île de France, et autour de 40% en province, si j'ai bien suivi, quoique les grandes villes s'alignent à peu près sur la région parisienne, et les musulmans voudraient de vraies salles de prière, de la nourriture hallal et quelques autres aménagements.
Vous pouvez toujours leur répondre, à eux, qu'ils n'existent pas... mais ce serait faux, ils existent, et ce sont des demandes tout à fait dans le cadre de la loi, qui dit que tout détenu doit pouvoir exercer son culte en prison.
La réalité n'est pas sympa.
Rédigé par : Suzanne | 31/07/2011 à 20h43