A la veille des sept ans de la disparition, le 16 avril 2004 à Abidjan, de notre voisin le journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer (GAK), Laurent Gbagbo, président sortant de la Côte d’Ivoire, a été arrêté ce lundi 11 avril, a indiqué l’agence Reuters, citant un proche de l’ancien président, en poste à Paris.
La confusion régnait en début d’après-midi, Reuters annonçant dans un premier temps que l’arrestation avait été opérée par les forces spéciales françaises, et le ministère français des Affaires étrangères ne confirmant pas l’information donnée par M. Toussaint, le représentant de Laurent Gbagbo en Europe.
Moins d’une heure plus tard, une source diplomatique française à Paris indiquait à l’AFP: «M. Gbagbo a été arrêté par les troupes de M. Ouattara, c'est vrai, mais pas par les forces spéciales françaises, qui ne sont pas rentrées dans l'enceinte de la résidence», et confirmait que le président déchu se trouvait «entre les mains des troupes fidèles à M. Ouattara». Un porte-parole du président Alassane Ouattara, a pour sa part indiqué à Reuters depuis Abidjan que M. Gbagbo et son épouse se trouvaient à l'hôtel du Golf, le quartier général de M. Ouattara. Un résumé des événements se trouve sur le site du Télégramme de Brest.
Sur le rôle précis des forces françaises, les versions divergent.
L’ambassadeur à Paris parle de «crimes contre l’Humanité»
Selon M. Ali Coulibaly, ambassadeur de M. Alassane Ouattara en France, qui était interrogé sur i>Télé, Laurent Gbagbo «va bien». Divers médias annonçaient qu’il subissait un examen de santé. «Je pense que personne n'a porté à atteinte à son intégrité physique. Il ne fallait en aucun cas faire un cadeau royal à Laurent Gbagbo en en faisant un martyre. Il faut qu'il soit vivant et qu'il réponde des crimes contre l'Humanité qu'il a commis», a ajouté M. Coulibaly.
Simone Ehivet Gbagbo a été à plusieurs reprises citée dans le volet français de l’affaire Kieffer, et a été entendue au moins une fois par le juge parisien Patrick Ramaël, en charge du dossier de la disparition de notre voisin, le 16 avril 2004 sur le parking d’un supermarché d’Abidjan. La “présidente” n’avait pas hésité à comparer GAK à Goebbels (lire ici).
Le même juge Ramaël avait émis une demande d’entraide judiciaire auprès de la Cour pénale international de La Haye en décembre 2009, visant Laurent Gbagbo et plusieurs membres de son entourage. Ce dernier s’était montré optimiste dans un entretien à un numéro spécial de Jeune Afrique.
Joints dans l’après-midi pour le blogue, Osange Silou-Kieffer, épouse de GAK résidant dans le 20e arrondissement de Paris, et Bernard Kieffer, son frère cadet, qui vit dans la région Rhône-Alpes, se sont montrés soulagés de cette issue, qui pourrait permettre de relancer les investigations, dont la dernière étape sur le terrain, en octobre 2010, avait été ralentie par un manque de coopération des autorités ivoiriennes.
Samedi 16 avril prochain, à l’occasion des sept ans de la disparition de Guy-André Kieffer, une marche est organisée à Paris par la famille, avec le soutien de Reporters sans Frontières (RSF). Sur le thème «7 ans d’absence, 7 ans de silence, 7 ans de questions, 7 ans de mensonges», elle partira à 14h30 de la Place de la Bourse (dernier lieu de travail parisien de GAK), et se rendra en direction du Jardin du Luxembourg, son lieu de promenade préféré. Le rendez-vous est fixé à 14 heures, indique la page Facebook de l’événement. Chacun est convié, pour ne pas oublier…
Fabien Abitbol, ill. capture d’écran du site de Reuters, annonce du rassemblement de soutien organisé en souvenir de Guy-André Kieffer
A lire :
Guy-André Kieffer : six ans déjà (15 avril 2010)
Enlèvement de Me Ghelber: le barreau de Paris partie civile (8 janvier 2010)
Qui veut entendre Simone se rend à Abidjan (18 mars 2009, LeFaso)
Nicolas Sarkozy et Laurent Gbagbo ont le même conseiller (2 novembre 2008)
Simone et Laurent Gbagbo, couple explosif et tenace (AFP, Le Parisien, 11 avril)
Reprise dans la revue du Web de Mediapart le 11 avril
Quand du temps de l'apartheid ils ont arrêté Nelson Mandela ils croyaient avoir gagné.Mais ce combat ne fait que commencer.NE T'AI PAS DIT QUE SI TU CROIS SIMONE GBAGBO,LAURENT GBAGBO TU VERRAS MA GLOIRE SE MANIFESTER DANS TA VIE.CE CHANT M4EST VENU APR7S AVOIR PLEURE SUR LE SORT DU PRÉSIDENT LAURENT GBAGBO ET DU SORT DE MA PATRIE.ILS PEUVENT ARRÊTER LE PRÉSIDENT GBAGBO.ON PEUT COUPER L HERBE MAIS LA RACINE RESTE LE COMBAT CONTINU.Et c'est MR Ouattara le sanguinaire qui a tué un français à Yamoussoukro que pensez vous de cela,puisqu'il a aussi tué Kiefer.
Rédigé par : assemian | 11/04/2011 à 19h20
Maintenant que les Gbagbo ont été arrêté, j'espère pour la veuve de GAK (veuve, car il y a peu de chances de retrouver ce dernier vivant) qu'on saura enfin toute la vérité sur sa disparition.
Rédigé par : Pullo | 11/04/2011 à 21h12
On ne saura jamais qui avait gagné ces élections, (pourquoi n'y a-t-il pas eu recomptage des bulletins ?).
Va-t-on juger Gbagbo et Ouattara côte à côte pour crimes de guerre ?
Que Mr. Ouattara se méfie, dès qu'il montrera des velléités de ne plus jouer la marionnette des USA et des occidentaux il pourrait se retrouver dans la situation de Khadafi, grand ami campeur de la France il n'y a pas si longtemps.
Le seul perdant, comme toujours, ce sera la population.
Rédigé par : Anne-Marie | 12/04/2011 à 11h02
Bonjour Fabien, j'avais moi aussi pensé à la disparition au mois d'avril de GAK. 7 ans déjà! Savoir la vérité ne le fera pas revenir malheureusement.
Rédigé par : Claude | 12/04/2011 à 21h48
Merci d'être passée Claude!
Bien entendu, cela ne fera pas revenir GAK, mais depuis la dernière étape de l'enquête française, en octobre, à Abidjan, puis les élections, nous étions quelques-uns à nous faire du mouron.
Je peux te dire que j'espérais un dénouement avant le 16 avril, même si ce n'est qu'un petit pas.
Rédigé par : Ménilmuche | 12/04/2011 à 22h54