Le délibéré du jugement de trois policiers pour des violences lors d'une interpellation, filmée par Ladj Ly (du collectif Kourtrajme), à Montfermeil (Seine-Saint-Denis) le 14 octobre 2008, annoncé pour ce jeudi 6 janvier, a été reporté à trois semaines, soit au 27 janvier, a indiqué Me Yassine Bouzrou, avocat de la victime, spécialisé dans les bavures policières.
Lors de l'audience en novembre, le parquet avait requis des peines de trois, six et huit mois de prison avec sursis pour ces faits qui avaient été filmés, et diffusés notamment sur le site Internet Rue89. Deux des trois policiers mis en cause sont poursuivis pour avoir commis les actes de violences («violences aggravées»), le troisième pour n’être pas intervenu («abstention volontaire d'empêcher un délit contre l'intégrité d'une personne»).
Le 14 octobre 2008, à Montfermeil, dans la Cité des Bosquets, des policiers avaient été la cible de jets de pierre et de tirs de mortier. Abdoulaye Fofana, un homme de 20 ans avait été interpellé dans son immeuble. Menotté, il avait notamment reçu des coups de crosse de matraque et la scène avait été filmée, puis diffusée sur Internet avant de se retrouver sur des médias audiovisuels, dont France2 (voir la vidéo ci-dessus) et BFMTV.
A l’audience, l’un des policiers poursuivis pour «violences aggravées» a estimé qu'il avait agi en état de légitime défense. Dénonçant «des faits inacceptables», le représentant du ministère public avait répondu qu’il n’avait «pas le sentiment» que le plaignant «représentait un danger particulier». La vidéo avait pu être diffusée à l'audience.
C’est dans le même département de Seine-Saint-Denis que, quelques jours après cette audience, sept policiers ont été condamnés à des peines de prison ferme pour avoir accusé (à tort) un homme d’avoir attenté à la vie de l’un d’eux. Le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, estimant que ce jugement pouvait «légitimement apparaître, aux yeux des forces de sécurité, comme disproportionné», s’était notamment attiré les foudres d'acteurs du monde judiciaire. Le Syndicat de la Magistrature avait parlé d’“une dérive institutionnelle exceptionnellement grave”.
F. A.
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