Au lendemain du décès d’un disc-jockey passé à tabac la nuit de la Saint-Sylvestre au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), l'émotion est vive au sein de la communauté antillaise d’Ile-de-France, selon le président de la radio Tropiques FM Claudy Siar (photo).
«Il y a beaucoup d'amertume dans la communauté, les Antillais ne comprennent pas pourquoi la police a mis tant de temps à réagir, ni pourquoi aucun membre du gouvernement ne s'est exprimé après ce drame, nous avons reçu beaucoup d'appels d'auditeurs dans ce sens», a expliqué à l'AFP Claudy Siar, président de Tropiques FM, radio la plus écoutée par la communauté d'Outre-mer. Les Antillo-Guyanais représentent plus de 500000 habitants en France métropolitaine.
«M. Hortefeux n'a fait aucune déclaration significative, il ne s'est même pas déplacé comme il aime le faire habituellement au moindre fait divers, il a même prétendu que la Saint-Sylvestre s'était passée sans incident majeur alors qu'il y a tout de même eu le meurtre d'un Antillais!», ajoute, en colère, Claudy Siar.
Pas d’incident majeur, selon le ministre de l’Intérieur, mais tout de même deux faits divers sordides en plein Paris.
Le temps d'intervention de la police dans la nuit du 31 décembre suscite également critiques et questions. Selon des témoins présents sur place, les policiers seraient arrivés plus de 20 minutes après l'appel au numéro d’urgence 17, malgré l’urgence évidente de la situation. «Certains expliquent même que les pompiers, prévenus plus tard, étaient sur place en premier», ajoute l’AFP.
Patrick Karam compte écrire à Brice Hortefeux
Le délégué interministériel à l’égalité des chances des Français d’Outre-mer, Patrick Karam, «compte écrire au ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, afin de lui demander des précisions car plusieurs problèmes sont soulevés par les témoins, qui ne comprennent pas pourquoi la police a mis autant de temps à intervenir, semblerait-il en effectif insuffisant et qu'aucune interpellation n'ait eu lieu alors, la communauté ultra-marine a besoin de réponses».
«Ce qui m'inquiète actuellement ce sont les risques de tensions qui peuvent naître de ce drame, c'est pour cette raison que j'appelle au calme mais je demande également que l'on retrouve au plus vite les agresseurs, ce serait le meilleur moyen d'apaiser la situation», a ajouté M. Karam, interrogé par l’AFP.
Quant à Claudy Siar, visiblement très remonté, il confirme que «tout le monde est très en colère», et ajoute: «Nous ne nous laisserons plus faire, nous ne voulons plus être traités comme des citoyens de seconde zone, comme des nègres, il y aura des actions et des manifestations très prochainement».
Un porte-parole de la préfecture de Seine-Saint-Denis assure à l’AFP que «la police est intervenue le plus rapidement possible en fonction des moyens disponibles sur le moment et sur le secteur».
La nuit de la Saint-Sylvestre, Claudy E., père de famille de 33 ans, de parents guadeloupéens et martiniquais, a été passé à tabac à coups de barres de fer, coups de poing américain, et de chaise, puis laissé pour mort par une dizaine d'individus d'une vingtaine d'années, selon divers témoignages. Son tort: avoir refusé l'entrée à l'un d'entre eux à une soirée privée qu'il avait organisée. Les agresseurs s'en étaient ensuite pris aux invités.
Le disc-jockey est décédé mercredi soir à l'hôpital Beaujon de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine). L'enquête est entre les mains du service départemental de police judiciaire (SDPJ) de Seine-Saint-Denis.
Ce jeudi soir, peu après 20 heures, la libre antenne était encore consacrée au drame du Blanc-Mesnil et évoquait le caractère «insultant» pour la communauté antillaise de la passivité des gouvernants. Radio en écoute ICI.
F. A., d’après AFP, photo d’archives : Claudy Siar, le 8 juin 2010 animant une soirée au Bataclan
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