L’Ordre des avocats du barreau de Paris s’est constitué partie civile dans le cadre de l’enquête sur l’enlèvement, en 2004, à Abidjan (Côte d’Ivoire) de Me Xavier Ghelber, avocat parisien missionné par l’Union européenne, pour les chefs d’« enlèvement et séquestration », a précisé au blogue Mmom l’intéressé, joint vendredi par téléphone. Une affaire instruite depuis fin 2004 par le juge parisien Patrick Ramaël, qui enquête également sur la disparition de notre voisin le journaliste Guy-André Kieffer, disparu le 16 avril 2004 à Abidjan dans des circonstances similaires à celles de l'enlèvement de Me Ghelber.
Il est fait état du rapport d’audit supervisé par Xavier Ghelber, au lendemain de l’élection présidentielle française, à la rubrique « Marchés » du quotidien économique Les Echos (lire ici, page 35). Mais, depuis sa mésaventure du 7 novembre 2004, l’avocat parisien avait déjà déposé plainte sans que l'affaire ne soit trop ébruitée. Les « spectateurs » attentifs du dossier Kieffer auront pu repérer un entrefilet en février 2007 dans le Nouvel obs : encore fallait-il lire jusqu'au bout. L'histoire de Me Ghelber a été davantage rendue publique en mai 2009, notamment dans France-Soir et ici-même (lire en bas).
Le Bulletin du barreau, transmis par l’intéressé, indique : « Le 7 novembre 2004, en Côte d’Ivoire, dans le cadre d’une mission d’audit juridique et institutionnel des organisations de la procédure de la filière café-cacao, demandée par la Commission Européenne, qu’il dirigeait, M. Xavier Ghelber, avocat au barreau de Paris, a été victime d’un enlèvement. Ses ravisseurs se présentaient comme des militaires qui auraient été membres des escadrons de la mort en Côté d’Ivoire. Après avoir essuyé des coups de feu, M. Ghelber a été enlevé à son hôtel. Il a été conduit sous la menace des armes au sein de la résidence du Président de la République ivoirienne où il a fait l’objet de menaces d’exécution répétées. Finalement, il a été placé sous la protection d’officiers de gendarmerie qui l’ont extrait de la résidence présidentielle, ce qui a permis son exfiltration par les forces françaises le 9 novembre… ».
La décision du barreau de se constituer partie civile est donc l’une des dernières du bâtonnat de Me Christian Charrière-Bournazel. La constitution de partie civile a été déposée mercredi auprès du juge Patrick Ramaël, et c’est Me Jean-René Farthouat, ancien Bâtonnier de Paris et ancien Président du Conseil National des Barreaux, qui est le conseil de l’Ordre des Avocats de Paris.
Au barreau de Paris, on rappelle que le juge Ramaël a saisi la CPI voici un mois d’une demande d’entraide judiciaire sur des personnalités ivoiriennes, dans le cadre de l’Affaire Kieffer. Et que le juge Ramaël est « connu pour sa ténacité et son indépendance vis-à-vis des politiques ».
Dans ce portrait à la brosse à reluire de Raymond Tchimou, procureur de la République de Abidjan Plateau (qui a en charge le volet ivoirien du dossier Kieffer), on peut lire que « l’affaire Guy-André Kieffer » fait partie des « dossiers épineux » du principal parquet de la Côte d'Ivoire. Un mois plus tôt, le président Laurent Gbagbo disait une fois de plus sur France24 qu’il n’y avait « pas de problème » entre la Côte d’Ivoire et la France. Et, dans ce numéro de Jeune Afrique, en vente jusqu’à ce jour, il rappelait qu’en 1967 un étudiant ivoirien avait disparu à Lyon sans pour autant que le Général de Gaulle ne soit inquiété.
Fabien Abitbol
Commentaires