Ménilmontant, quartier populaire de Paris, un soir d’août. Derrière le chœur de l’église Notre-dame-de-la-Croix, la distribution d’Août secours alimentaire (Asa)* s’achève. Les derniers bénéficiaires s’éloignent, avec des provisions pour deux jours. Les bénévoles, eux, soufflent enfin : en moins de trois heures, ils ont distribué plus de 800 colis.
Parmi eux, Annick et Christian, venus du Val-d’Oise (à plus d’une heure de transport) pour prêter main forte. Christian, qui dirige un centre d’hébergement pour handicapés, a même pris une semaine de vacances pour se consacrer à Asa. Annick, elle, le rejoint en fin de journée, après son travail de laborantine.
« C’est génial de faire ça, lancent-ils en cœur. On a l’impression d’être vraiment utiles, et pas seulement de donner de la nourriture. On parle aux gens, on les écoute. On rencontre des personnes que l’on n’aurait jamais croisées ailleurs. » Après quatre étés de bénévolat pour Asa, ils ont des « milliers » d’histoires à raconter. Des parcours douloureux, des destins cabossés, du côté des bénéficiaires mais aussi de ceux qui distribuent.
Parmi ces derniers, travailleurs handicapés, personnes condamnées à des travaux d’intérêt général ou bénévoles ordinaires… Christian évoque avec émotion tous ces chemins croisés. Ismaël, par exemple, qui avait retrouvé un peu d’estime de soi en distribuant le pain à ses côtés. Ou cette femme qui, arrivée d’Angola, est venue chercher à manger, et se bat seule pour son fils, né d’un viol… Et puis, tous ces autres, à la misère ordinaire, qui portent sur leur visage la honte et la douleur.
« Nous sommes face à des gens qui ont faim, soulignent-ils. C’est dur. » Pourtant, Annick et Christian, qui se disent catholiques mais non pratiquants, n’imaginent plus leur vie sans ce rendez-vous estival. « On aime les gens ! » répète Annick. Les enfants du couple, 22 et 26 ans, participent régulièrement aux distributions d’Asa. Ils entraînent leurs amis aussi. Et tous ont envie de revenir.
*Pour faire un don : Août secours alimentaire, 81 rue
Haxo, 75020 Paris. Tél : 01 40 31 02 02.
"Ils portent sur leur visage la honte et la douleur". C'est la société, c'est à dire nous, qui devons avoir honte !
Rédigé par : raannemari | 13/08/2009 à 09h18