La délinquance est en baisse à Paris ces douze derniers mois, a indiqué jeudi 16 juillet la préfecture de police (PP), allant à l’encontre de la moyenne française donnée la veille par le nouveau ministre de l’Intérieur. Réunissant les préfets, Brice Hortefeux avait signalé que la délinquance générale avait « cessé de baisser ».
La brigade vététiste du 20e arrondissement, ici lors d’une opération de sécurisation le 25 mai 2009, a été mise en place début mai. Elle
compte trois demi-douzaines de policiers et est dirigée par une femme. Le
retour des hirondelles est expliqué ici
—————
La délinquance générale constatée par la police parisienne de juillet 2008 à juin 2009 est en baisse de 1,61% par rapport aux douze mois précédents. Tout mélangé, le nombre des crimes et délits est de 234 642 faits sur les douze mois écoulés, contre 238 484 de juillet 2007 à juin 2008. La PP indique une baisse de 6,13 % de la délinquance générale au cours des deux dernières années sur la capitale, « dépassant les objectifs de - 5 % fixé par le ministère de l'Intérieur ». Et contredit la hausse française du premier semestre 2009, en indiquant que la baisse parisienne « est également observée sur le cumul des six premiers mois, tant en matière de délinquance générale que de délinquance de proximité ». Voici donc la fameuse « délinquance de proximité », dont la recrudescence était signalée par TF1-LCI pour Paris ou par Libération pour Ménilmontant qui serait donc en baisse, selon la police. Pour le syndicat policier Synergie officiers (affilié à la CFE-CGC), relayé ici par Le Parisien, les fameux « braquages de proximité » étaient « en très forte hausse ».
En janvier, j’avais dans ce sujet mis en doute la teneur du sujet de Libé. Pas son contenu à proprement parler, mais le principe même qu’il y ait une recrudescence. Or, en matière de statistiques, on est bien obligé de faire confiance à la police, qui de temps à autre modifie son mode de calcul. Là, en l’occurrence, il n’a pas changé sur la période écoulée. Les dispositifs de lutte contre les vols à main armée (VMA, dans le jargon policier) mis en place dans la capitale porteraient peut-être (déjà ?) leurs premiers fruits, avec une baisse de 10,47 % de ces VMA au premier semestre 2009. A moins qu'ils aient été tout simplement inutiles, tant il est difficile de juger sur une si courte période.
« La sécurité partout et pour tous »
Sur les trois indicateurs fournis par l'Observatoire national de la délinquance (OND) sur les douze derniers mois à Paris, les atteintes aux biens sont en recul de 5,26 % (137 440 faits, contre 145 076), les escroqueries et infractions économiques et financières sont en hausse de 2,93 % (28 251 contre 27 448) et les atteintes volontaires à l'intégrité physique (violences sans vol) en hausse de 4,21 % (34 805 contre 33 400). En juin 2009 (comparativement au même mois sur l’année précédente), les affaires financières chutent de 13,42 %.
Sur l’ensemble de la France (police et gendarmerie),
« les cambriolages et les vols avec violences ont augmenté de presque 7 %
sur six mois, les violences non crapuleuses ont également augmenté d'environ
4 % », a dit mercredi aux préfets le nouveau ministre de l’Intérieur, trois
semaines après sa prise de fonctions, et à la veille de la publication affinée
des chiffres. Avant de réunir les préfets, le ministre avait accordé un entretien au Figaro, dans lequel il disait vouloir « la sécurité partout et pour tous ».
Les violences contre les personnes ont augmenté de 4,36 %,
les crapuleuses de 3,53 % et les « gratuites » de 4,63 %. Ainsi, les
cambriolages d'habitations ont crû de 10,22 % (+ 10,71 % pour les résidences
principales, + 4,92 % pour les résidences secondaires). Juin a été un très
mauvais mois (« dans le rouge », a dit Brice Hortefeux), mais le mois
de mai se terminant en fin de semaine, beaucoup de délits ont été reportés à
juin.
Renouant avec une vieille tradition instaurée par l’un de ses prédécesseurs (Nicolas Sarkozy), le nouveau ministre a prévenu qu’il convoquerait individuellement les préfets ayant obtenu de mauvais résultats. Et aussi ceux qui en obtiendraient de bons.
Fabien Abitbol
è Le
récapitulatif des faits constatés (Indice 107, France)
è Evolution de l’activité des services. Il s’agit de cinq des trente-deux pages du rapport corrigé ce jeudi par l’OND. Pour le récupérer en intégralité, cliquer ici, puis à la rubrique « Flash » télécharger le bulletin mensuel du 16 juillet 2009, version corrigée.
c'est quoi une "violence non crapuleuse" ?
Rédigé par : la blonde de service | 17/07/2009 à 00h09