A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre les hépatites, ce mardi 19 mai, six associations ont décidé d’ouvrir à titre provisoire une Structure d’accueil avec possibilité de Consommer à Moindre Risque des drogues psychoactives (SCMR), depuis hier, sur les hauts de Belleville, indique ce communiqué de l’association Asud, qui est basée dans le 20e arrondissement. Cette salle provisoire a été installée au 206, rue de Belleville, dans les locaux de l’association.
Le Dr Anne François, médecin dans une salle d'injection proche de Genève qui est ouverte depuis 2001 (« Première ligne »), était présente hier pour une conférence de presse. Ce mardi, la salle était ouverte aux professionnels de l’Ile-de-France. Elle n’avait pas vocation à accueillir des consommateurs.
Le principe d’une telle structure, présentement interdite par la législation française, consiste à convaincre un usager de sortir de son isolement pour pratiquer une injection devant deux intervenants (infirmiers ou éducateurs) à même de lui expliquer les risques et de lui recommander des pratiques plus sûres ou d’évoquer avec lui d'autres modes de consommation, voire un sevrage. Les SCMR visent aussi à fournir à des usagers s'injectant dans la rue ou dans des conditions de mauvaise hygiène un lieu propre et plus calme, encadré par du personnel médico-social. La drogue n'est aucunement fournie, et les intervenants n'aident pas à la prise.
Selon ces associations, il existe aujourd'hui plus de 70 salles de consommation en Europe (en incluant les dix-sept helvétiques), dont 31 aux Pays-Bas, vingt en Allemagne, et trois en Espagne, comme ici à Barcelone. Trois seraient en Afghanistan.
« Il y a urgence, des usagers de drogues sont en train de mourir, c'est l'hécatombe », s'indigne Pierre Chappart, de l’Asud, dans une dépêche AFP du 17 mai (lire la note ci-dessous). « Il faut mettre en place des mesures concrètes comme l'accompagnement à l'injection ou les salles de consommation même si elles sont tabous en France ».
Des enquêtes spécialisées indiquent que près de 60 % des usagers de drogues sont infectés par le virus de l'hépatite C (VHC), dont environ un tiers l'ignorent, contribuant ainsi à la propagation du virus, ont indiqué des responsables associatifs. L'hépatite C est une atteinte du foie. Le virus ne se transmet que par le sang mais son pouvoir de contamination est dix fois plus élevé que pour le VIH (et le VHC s’avère plus résistant).
Il existe avec le VHC de « nombreuses possibilités de contamination indirecte lors du partage de matériel de préparation, du partage des drogues ou de l'entraide entre partenaires » mais ces risques sont souvent « ignorés ou mal compris » par les usagers de drogue, souligne Médecins du Monde, qui explique également que le « petit matériel » (ou matériel de préparation) est aussi contaminant pour les drogués que les seringues (voir ici l’interview du Dr Elisabeth Avril).
A Paris, Médecins du Monde reçoit du public démuni dans le 11e arrondissement (depuis 1986), dans le 20e de très longue date, au point que les locaux, vétustes, ont quitté la rue de la Réunion pour la rue Planchat en 2003. L’ONG internationale, depuis 2007 -toujours sur Paris-, gère deux nouveaux programmes, dont un destiné exclusivement aux toxicomanes. Depuis 2006, certains programmes d’échange de seringues peuvent être financés par l’assurance maladie.
Fabien Abitbol, photo : Bernard Bertrand
è Hépatite C : des associations alertent sur l'épidémie chez les usagers de drogue (AFP, 17 mai)
è La mission France de Médecins du Monde
è La rubrique campagnes du site du ministère de la Santé n’est pas mise à jour depuis ce sujet du 11 septembre 2008
je ne connaissais pas l'existence de ce genre d'endroits.d'un côté je trouve bien que ces gens reçoivent une aide médicale, d'un autre côté j'espere que ça ne pousse pas à la consommation...
Rédigé par : rachat credit | 22/07/2009 à 10h40
Depuis le temps que 'la guerre à la drogue' est déclarée, une seule constation : Il y a de plus en plus de drogues (quantité et nouvelles droques) de plus en plus de trafiquants, et le profil du consomateur s'est élargi. Faudrait peut être regarder les choses en face : cette fameuse guerre n'a à aucun moment endigué l'essor des gang de dealers. Il est peut être temps de changer son approche me semble t il ? Mais non tels des abrutis bornés tous les gouvernements continuent cette ineptie qui coute très cher à la societe (cout pecunier, humain et social).
Rédigé par : point G | 18/08/2010 à 22h58