Sur les trente-trois circonscriptions législatives sacrifiées sur l’autel du redécoupage électoral, « 9 sont actuellement détenues par la droite et 23 par la gauche », a indiqué Le Monde en début d’après-midi. Cette dépêche de l’AFP, tombée après 8 heures et faisant parler le secrétaire d’Etat à l’Intérieur Alain Marleix, fait état de « 18 actuellement détenues par la gauche et 15 par la majorité UMP-NC ». Trois se trouvent à Paris, de source officielle, où l'on précise que rien n'est décidé… Logique, la commission ad-oc n'est pas intégralement formée.
Parmi les circonscriptions détenues par la gauche, seize le
sont par un socialiste, une par un Verts, et une par un apparenté PCF. D’après
les indications de M. Marleix, trois circonscriptions parisiennes devraient
être supprimées, l’une détenue par un socialiste, une autre par un apparenté
PCF, une troisième par la droite. Paris compte actuellement vingt-et-une circonscriptions.
Au prorata du charcutage parisien, une extrapolation de un septième ferait disparaître plus de quatre-vingt des 577 circonscriptions françaises. « Seulement », si l'on peut dire, trente-trois d'entre-elles seront concernées. Uniquement « en France métropolitaine », précise-t-on à l'Intérieur. Normal, puisque le président Sarkozy avait pris des engagements à l'endroit des Français de l'Etranger, ainsi que d'autres vis-à-vis de l'Outre-mer, tant du temps où il se trouvait à l'Intérieur (tous ne sont pas tenus en matière électorale) que depuis qu'il occupe le Château.
A Paris, la 21e circonscription (qui englobe une grande partie du 20e arrondissement) a été créée en 1988, après la fin de la proportionnelle, qui avait vu le 20e arrondissement représenté à l’Assemblée nationale par MM. Charzat (PS) et Le Pen (FN) en 1986. Avant 1986, le député représentait essentiellement le quartier de Saint-Fargeau, appelé alors « la 30e circonscription », où se trouvent le siège de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) et la piscine des Tourelles (Georges-Vallerey), qui servit aux Jeux olympiques de 1924.
La nomination à la tête de la commission de contrôle
du découpage électoral de l'ancien ministre pompidolien des PTT Yves Guéna, devenu président du Conseil constitutionnel à la faveur de la
démission de Roland Dumas a été approuvée mercredi par les commissions des Lois de l'Assemblée et du Sénat. La
candidature de ce chiraquien pur sucre de quatre-vingt-six ans avait été
proposée par… le président Sarkozy. La commission de contrôle du redécoupage
électoral est composée de trois magistrats et trois « personnalités qualifiées » nommées par le chef de l'Etat et les présidents des deux assemblées. Le
président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer (UMP), a nommé le constitutionnaliste Dominique Chagnollaud, 53 ans, professeur de droit constitutionnel à
l'université de Paris-2 et membre du Conseil supérieur de la magistrature. Le
président du Sénat, Gérard Larcher (UMP), a proposé Bernard Castagnede, 64 ans, professeur de droit fiscal (Paris I), ancien député
européen, membre de la direction du PRG (il en est le vice-président), dont le nom a été
approuvé, mercredi également, par la commission des Lois du Sénat.
Pour le moment, seul le Conseil d'Etat a nommé son représentant, Mme Marie-Eve Aubin. Les deux autres membres doivent être désignés pour la mi-avril, de telle façon que la commission puisse se mettre au travail avant la fin du mois. La commission, créée par la réforme de la Constitution de juillet dernier, restera en fonction « au moins cinq ans ». L’ensemble de la réforme constitutionnelle vient de revenir, après examen par le Conseil d'Etat, sur le bureau du Premier ministre, et ce dossier va pouvoir avancer selon le bon vouloir présidentiel.
M. Guéna a expliqué lors de son audition vouloir « éviter de découper des cantons »… Pour Paris, au moins, ça commence très mal ! Dans le Nord et le Pas-de-Calais, ça semble très mal parti. On verra bien si ce vénérable octogénaire saura jouer au découpage… sans blesser le président.
F. A., dessin de Deligne
è Les députés ayant représenté au moins une fois Paris dans l’hémicycle, depuis 1789 (archives de l'Assemblée nationale)
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