L'entente illicite, contre-productive pour lutter contre le chômage
Manpower, Adecco France, Adia et VediorBis ont été condamnées à un total de 94,4 M€ d’amendes par le Conseil de la concurrence pour pratiques anticoncurrentielle. Cette sanction, indique ce document de 64 pages, tient compte de précédentes sanctions prononcées suites à des pratiques similaires relevées dans le secteur du BPT en Isère et en Savoie à l’occasion de la préparation des Jeux olympiques d’Albertville de 1992, sous leur ancienne dénomination pour certaines.
Les ententes pour lesquelles les entreprises, viennent d’être condamnées remontent à la période allant de mars 2003 à novembre 2004. Selon le Conseil de la consurrence, les leaders mondiaux du secteur de l‘intérim « couvrent 70 % du marché français et répondent à 90 % de la demande des "grands comptes" » (les entreprises qui font appel de manière régulière et importante à l'intérim).
Des preuves ont été réunies, montrant que les entreprises en cause se coordonnaient pour « atténuer significativement la concurrence entre elles », au détriment de leurs principaux clients (Eiffage, La Poste, Alstom, EDF, Servair, Galeries Lafayette ou Alcan). « Le surcoût pour les entreprises utilisatrices et les conséquences sur l'emploi intérimaire se chiffrent à plusieurs dizaines de millions d'euros », indique la commission, qui précise que les travailleurs intérimaires « ont également souffert de la pratique en raison du renchérissement du recours à cette forme de travail ».
Par ailleurs, le Conseil a remarqué une sorte de contournement des réductions Fillon, indiquant que les entreprises en cause avaient confisqué à leur profit une partie des allègements de charges sociales en limitant leur rétrocession aux entreprises utilisatrices, ce qui, estime le conseil de la concurrence, « est particulièrement grave » et peut « être contre-productif dans un contexte de lutte contre le chômage et de priorité accordée à la croissance économique ».
Le montant total des sanctions s'élève à 94,4 millions d'euros et se répartit comme suit :
• Manpower : 42 millions d'euros (dont 28 millions pour Manpower France Holding et 14 pour Manpower France)
• Adecco France : 32,5 millions d'euros
• Adia : 1,7 millions d'euros
• VediorBis : 18,2 millions d'euros
Selon cette dépêche suisse de l’ATS, Adecco « se réserve le droit de faire recours. Une décision quant à un éventuel appel interviendra après une analyse précise du jugement du Conseil de la Concurrence ».
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