Bruxelles s'apprête à rappeler à l'ordre plusieurs pays
La Commission européenne s'apprête à rappeler à l'ordre mercredi plusieurs pays, dont la France et l'Espagne, en raison du dérapage de leurs déficits publics provoqué par la crise économique, a laissé entendre lundi le commissaire aux Affaires économiques Joaquin Almunia.
« Il faut se tenir aux règles qui ont été établies pour tout le monde », a-t-il déclaré à quelques journalistes en arrivant à un débat au Parlement européen.
« Ce qu'elles disent en matière de discipline budgétaire est clair : dans le cas où les pays ont enregistré ou planifié des déficits au dessus de la barre des 3 % (du Produit intérieur brut), il faut ouvrir les procédures qui sont établies dans le traité. C'est ce dont on va discuter mercredi », a-t-il ajouté.
L'exécutif européen a prévu ce jour-là d'examiner les dernières prévisions budgétaires de plusieurs pays (Allemagne, Espagne, France, Grèce, Irlande, Malte et Pays-Bas) pour décider si des procédures de déficits excessifs doivent être ouvertes à leur encontre.
La plupart des ces pays ont déjà prévu de dépasser cette année le seuil maximal toléré de 3 % fixé par le Pacte de stabilité et de croissance européen pour le déficit. Ce qui rend inévitable le lancement d'une telle procédure.
Le gouvernement français s'attend à voir son déficit grimper à 3,2 % pour 2008 puis à 4,4 % du PIB en 2009 sous l'impact de la crise. La détérioration est encore plus spectaculaire en Irlande, qui table sur un déficit de 5,5 % en 2008, montant à 6,5 % en 2009. Dublin ne compte le ramener qu'en 2011 sous la limite autorisée, à 2,9 %.
En Espagne, les autorités s'attendent à un déficit public également très élevé, de 5,8 % cette année.
L'Allemagne, première économie européenne, pronostique tout juste 3 % cette année mais pense voir en 2010 le déficit dépasser le seuil de 4 %. La Grèce pour sa part prévoit un déficit de 3,7 % du PIB en 2009.
Seuls les Pays-Bas, dont la situation budgétaire était assez largement excédentaire avant l'aggravation de la crise mondiale en septembre 2008, semblent avoir encore une petite chance d'éviter dans l'immédiat les foudres de Bruxelles. Mais les autorités néerlandaises doivent publier une nouvelle prévision en la matière mardi.
Les rappels à l'ordre programmés de Bruxelles mercredi ne constituent pas une surprise eu égard à la dégradation des finances publiques en Europe sous le poids de la pire récession qu'ait connue le continent depuis plus de 60 ans. La grande question sera de savoir combien de temps la Commission donnera aux pays concernés pour revenir dans les clous du Pacte de stabilité.
Ces procédures s'accompagnent en effet en principe d'une feuille de route pour les Etats afin qu'ils améliorent la situation.
AFP, Bruxelles, Communauté européenne
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