Après un gros passage à vide et une tentative de suicide, Faudel est bien décidé à reconquérir le public. Le Petit Prince du raï enregistre à Paris un album de reprises raï avec des structures pop.
Une ruelle du côté du boulevard de Ménilmontant à Paris. Au fond, un studio d’enregistrement baigné de lumière. Avant l’arrivée de Faudel, qui y enregistre un nouvel album à sortir cet été, ces lieux étaient l’antre de M. Un Matthieu Chedid qui fut, un temps, le guitariste du même Faudel. Et, tandis que le premier n’en finit pas de triompher, le second — parfois surnommé le Petit Prince du raï — sort d’une mauvaise passe pour des raisons extramusicales.
Soit un passage à vide consécutif à son engagement ostentatoire aux côtés de Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle. Des sifflets retentissants et une autobiographie* plus tard, où il a raconté ses remises en question identitaires et sa tentative de suicide, Faudel s’est remis au travail.
Une tournée encourageante
Avec un objectif, reconquérir son public par étapes. Tout d’abord, une de ses reprises d’un classique du raï a été diffusée sur les ondes de la radio Beur FM sans préciser que Faudel en était l’interprète. Un test concluant vis-à-vis des auditeurs. Ensuite, il est parti cet été en tournée loin d’ici, en Syrie, en Jordanie, en Palestine, au Maroc, en Angleterre, en Allemagne, en chantant surtout des reprises. Un autre test encourageant. « On me demande souvent pourquoi je ne chante pas des chansons genre Salma Ya Salama de Dalida ou Chérie je t’aime, Chérie je t’adore de Bob Azzam, explique-t-il. Mais aussi des chansons du début du raï. C’est ce que j’ai décidé de faire et l’idée a plu. »
Ainsi, cet album au nom provisoire de « Radio Raï », à sortir chez Mercury/Universal, contiendra le « Bayda mon amour » de Cheb Hasni, le « Bambino » de Lili Boniche ensuite immortalisé par Dalida et le « Zina » de Raïna Raï. Ou encore une adaptation du « Jour s’est levé » de Téléphone. Le tout avec de surprenantes structures pop et l’addition d’instruments traditionnels.
« Nous voulons sortir des codes et des sentiers battus, assure le réalisateur artistique du disque, Nicolas Gauthier. Il ne faut pas oublier que le raï est avant tout de la pop. Il ne faut pas non plus oublier qu’un chanteur n’est jamais meilleur que lorsqu’il prend plaisir à chanter. » Dans un sourire retrouvé, Faudel acquiesce…
* « Itinéraire d’un enfant de cité » (Ed. Michel Lafon).
Sébastien Catroux, pour Le Parisien du 27 janvier
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